L’aut’revue de presse – 8 février 2013

2013/02/08 | Par Pierre Dubuc

Bravo à Martine Ouellet !

Le PQ annule la construction de six mini-barrages! On se serait attendu que la nouvelle soit saluée par tous les groupes qui s’opposent depuis des années à ces projets coûteux, pour produire de l’électricité dont nous n’avons pas besoin, qui saccagent sans raison des rivières, et qui ouvrent une brèche dans le monopole étatique que doit continuer d’être Hydro-Québec.

Mais non! Syndicats, groupes environnementalistes, Québec solidaire et tutti quanti passent sous silence la nouvelle et crient au scandale à cause du maintien du petit barrage à Val-Jalbert. Même la CAQ dénonce le projet de Val-Jalbert! C’est tout dire!

Dans le grand tintamarre sur les petits barrages, le PQ se retrouve sous les feux croisés ennemis des promoteurs des petits barrages et du Parti libéral et, d’autre part, amis (?) des opposants au projet de Val-Jalbert.

C’est la conséquence inévitable d’une politique de demi-mesures, d’une politique qui ne s’assume pas jusqu’au bout.

On nous dit que, contrairement aux autres projets, le petit barrage à Val-Jalbert a passé toutes les étapes d’approbation sous les libéraux.

Mais on ne peut s’empêcher de penser, comme le souligne la Fondation Rivières, que son acceptation est une récompense politique à Bernard Généreux – dont la municipalité a des intérêts dans le projet – pour avoir été candidat sous la bannière péquiste lors des dernières élections.

Mais, à la place du gouvernement, quand je vois la réaction outrée du même Généreux, à titre de président de la Fédération québécoise des municipalités, je n’hésiterais pas une seule seconde à reconsidérer le projet de Val-Jalbert.

Il doit bien y avoir quelque part un document qui a été malencontreusement égaré et qui, ô surprise, nous apprend, maintenant qu’on l’a retrouvé, qu’il y a de telles failles dans le projet Val-Jalbert que ça nécessite une réouverture du dossier.

En attendant, au risque d’être le seul, je dis bravo à Martine Ouellet pour avoir débranché six mini-barrages.

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Rajoy, Charest et l’argent de la brique

Le premier ministre Charest doit apprécier que les Québécois réagissent différemment des Espagnols face à la corruption.

Des milliers d’Espagnols manifestent ces jours-ci pour demander la démission du premier ministre Mariano Rajoy parce qu’il a touché un « salaire au noir » de 30 000 $ au cours des dernières années.

« L’argent de la brique », comme on l’appelle en Espagne, venait du milieu de la construction, contrôlé par la mafia.

Au Québec, le premier ministre Charest a touché pendant des années, en plus de son salaire de premier ministre, un « salaire au noir » de 50 000 $ du Parti libéral.

La Commission Charbonneau et des révélations des journalistes nous ont appris que la caisse du Parti Libéral était également alimentée par « l’argent de la brique », l’argent de la mafia.

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Line Beauchamp, les votes ethniques et l’argent

Ainsi donc Line Beauchamp, qui reconnaît avoir voté Oui au référendum de 1995, aurait fait faux bond aux souverainistes à cause des propos de M. Parizeau sur les votes ethniques. Voilà du moins ce qu’elle confie à Denise Bombardier dans sa larmoyante entrevue publiée dans le Journal de Montréal du 2 février sous le titre « L’Écorchée du printemps érable ».

Certains s’étonneront de la fragilité de ses convictions souverainistes. D’autres, moins naïfs, dateront sa conversion au fédéralisme de sa rencontre avec celui qui deviendra son conjoint : Pierre Bibeau, un des principaux organisateurs du Parti Libéral.

Dans l’entrevue accordée à Denise Bombardier, elle relate ainsi sa rencontre avec Pierre Bibeau en 1997. « J’ai 34 ans et je suis naïve. Il est alors PDG de la Régie des installations olympiques, mais je ne suis pas consciente de la place qu’il occupe au PLQ. »

Faudrait quand même pas nous prendre pour des valises. À cette époque, Line Beauchamp est tour à tour directrice générale de la station de radio CIBL-FM (1991-1993), membre du Réseau des gens d'affaires de l'Est (1993-1998) et membre des conseils d'administration du Cégep de Maisonneuve (1995-1998) et de la Régie des installations olympiques (RIO) (1996-1998).

Bibeau travaillait pour le PLQ depuis les années 1970. Il a présidé la Commission jeunesse du parti. En 1985, il été conseiller spécial de Robert Bourassa à son cabinet. À la fin des années 1980, il a défrayé la manchette lorsque l’opposition péquiste l’a accusé d’être au cœur d’un système de favoritisme dans l’octroi des contrats d’Hydro-Québec à la Baie James.

À la tête de la RIO, il a été accusé en 1992 d’avoir changé les règles d’attribution des contrats, ce qui a eu pour effet de favoriser des entreprises qui n’étaient pas établies à Montréal, comme SM, propriété de son ami Bernard Poulin.

Peut-on sérieusement croire que celle, qui était, entre autres, à l’époque directrice de CIBL, ne connaissait pas ces faits ?!

Dans le cadre des travaux de la Commission Charbonneau, il a été révélé que Line Beauchamp a participé avec son conjoint Pierre Bibeau à un déjeuner de financement organisé par deux vice-présidents de Genivar, où se retrouvaient, parmi les 15 à 20 invités, Domenico Arcuri, membre reconnu de la mafia, Lino Zambito et Paolo Catania.

Et voilà-tu pas que Denise Bombardier nous dit que Line Beauchamp est « avant tout une femme de principes », « entrée en politique pour servir », qu’elle a été « trompée professionnellement par son conjoint », qu’elle a été « trahie par les étudiants » qui ont « abusé de sa bonne foi » et qu’elle « éclate en pleurs » parce qu’une « partie de l’opinion refuse aux fédéralistes le droit d’aimer le Québec »!

On croirait un remake de son entrevue avec Céline Dion!

Monsieur Parizeau avait raison. Nous avons perdu en 1995 à cause de l’argent. Et nous continuons à perdre à cause de l’argent. Car, contrairement au dicton populaire, l’argent a une odeur, surtout lorsqu’elle est associée au pouvoir. Une odeur si forte et tenace que la vaporisation de pushh-pushh de naïveté dans l’air n’arrive pas à dissiper.

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Le retour du p’tit Gibus

Dans son entrevue à Denise Bombardier au Journal de Montréal, Line Beauchamp laisse échapper un « Si j’avais su… ».

Une référence au célèbre « Si j’avais su, j’aurais pas venu » du P’tit Gibus dans le film La guerre des boutons d’Yves Robert (1962).

Dans une entrevue au Devoir (21 janvier 2013), le ministre de la Culture Maka Kotto a utilisé la même expression pour exprimer son « peu de marge de manoeuvre pour rêver, ce qui lui fait presque regretter son rôle de ministre par les temps qui courent », rapporte la journaliste.

Pour en rester aux références cinématographiques, ces déclarations font penser aux propos du hockeyeur Bernard « Boom-Boom » Geoffrion dans le film Un jeu si simple de Gilles Groulx (1964).

Expliquant à la caméra que ce n’était pas la forme et l’enthousiasme à chaque partie, le Boomer déclare dans son style coloré : « J’peux toujours ben pas m’mettre dans l’centre d’la glace moi, pis dire : ‘‘bon ben l`à…’’ y’a 14 000 personnes à souère ‘‘…escusez-moi à souère, ça m’tente pas d’jouer’’. Là, eux autres, y vont se l’ver pis y vont dire : ‘‘ben reste chez vous’’. »

C’est aussi ce qu’on a envie de dire…

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Début : 17:29 - Fin : 17:39