Les Salades d’Or 2012 – Les champions de la désinformation (2ème partie)

2013/02/14 | Par Martin Lachapelle

Salade d’Or catégorie Obscurantisme

Nominations

A. L’attentat terroriste contre Pauline Marois et le PQ (collectif)

B Le français recule (Gesca)

C L’indépendance (Québecor)

A : L’attentat terroriste contre Pauline Marois et le PQ (prix collectif)

Après un printemps érable au cours duquel les hystériques grands médias sensationnalistes auront amplifié les débordements causés par une infime minorité de mauvais manifestants, c’est vraiment tristement ironique de constater que la presse fut beaucoup moins criarde pour commenter l’acte le plus violent de l’année, soit l’attentat TERRORISTE du Métropolis. Circulez, il n’y a rien à voir…

Sauf pour Astral, à qui le tueur présumé Richard Bain (finalement jugé apte à subir son procès) a accordé une entrevue, Live from prison ! Interview dans laquelle celui que l’ensemble des médias auront traité de fou et non de terroriste en aura juste assez dit pour qu’on remette en question « l’acte de folie » spontané, car ce dernier prône le plus sérieusement du monde, comme plusieurs politiciens fédéralistes purs et durs apparemment sains d’esprit, la partition du Québec au lendemain d’une victoire démocratique du OUI…

On ne peut également pas dire que les médias ont vivement remis en question le fait que le meurtrier et pyromane présumé, pourtant armé comme Rambo, n’a pas été accusé « d’incitation à craindre le terrorisme », contrairement aux terribles émeutiers du métro munis de… « pétards à fumée » !

Or, je n’ose même pas imaginer la réaction des médias d’ici et du Canada anglais si un carré rouge péquiste avait osé commettre l’irréparable et l’injustifiable en débarquant au party de la famille libérale pour interrompre Jean Charest avec son arsenal…

Sujet tabou. C’est que les très réactionnaires faiseurs d’opinion anti-péquistes francophones contribuent eux-mêmes à créer de l’animosité et de l’intolérance à l’encontre du projet d’indépendance et de toute tentative d’affirmation ou de protection à caractère nationaliste. La langue, la laïcité, l’identité et l’immigration, apparemment toutes des préoccupations alarmistes ou passéistes. Pour ne pas dire un autre terme moins flatteur en « iste »…

Certes moins agressifs et offensants que les médias du ROC, mais tout aussi fanatiques et déterminés à brainwasher leur public respectif avec une propagande à sens unique, faut croire que les apôtres zélés de Team Canada / section Québec ont préféré se garder une petite gêne plutôt que de critiquer vertement leurs coéquipiers…

Précision : personne ne prétend que le contrôle des médias aux mains de riches et fanatiques fédéralistes est directement responsable du geste posé par le meurtrier. Mais de là à disculper totalement le rôle de la presse anti-péquiste et anti-indépendantiste quant à l’influence négative causée par son acharnement hystérique et partisan, comme l’a fait Yves Boisvert, avec « Commentaires assassins », publié le 8 septembre 2012, dans La Presse, ce serait aussi bête que d’affirmer que la publicité n’a aucune incidence sur notre vie et notre façon de consommer. (Lien)

Et le comble, c’est que Boisvert a justement prouvé le contraire de ce qu’il prétend, en y allant lui-même d’un commentaire partisan très déplacé.

J’arrive pas encore à croire qu’il a eu le culot de faire une petite critique tellement évidente contre un article du National Post ayant injustement associé (encore une fois) un chef péquiste au nazisme (bravo Yves !), tout en déplorant, en même temps, les prétendus « pathétiques gadgets identitaires » du PQ dans la même foutue phrase…

« Qu'un historien réputé associe Pauline Marois au nazisme est franchement dégueulasse et profondément malhonnête - même si je trouve pathétiques les gadgets identitaires du PQ »

MINABLE. Point.

Aussi minable que la phrase : « Je pense que l’assassin du Métropolis a posé le geste le plus minable de l’année, même si Yves Boisvert ne donne pas sa place non plus et s’y connaît en tartufferie lorsqu’il s’agit de commenter l’actualité en faisant des commentaires partisans aussi minables que déplacés ».

Si une femme passe à un cheveu de se faire violer, est-ce que Boisvert va déclarer : « Qu’un homme ait tenté de la violer parce qu’il la voyait comme une pute est dégueulasse, même si je trouve pathétiques les vêtements de traînée qu’elle portait » ? Ben non, voyons.

C’est quand même un peu ce qu’il a fait. Et je ne suis pas certain que ce genre de commentaire teinté de préjugés à l’encontre du PQ est de nature à enrayer l’intolérance que Boisvert prétend justement dénoncer… Bref, dans les circonstances, mettons qu’il aurait pu mettre en veilleuse son acharnement systématique le temps d’une chronique.


B : Le français recule (nomination Gesca)

Gesca nie le recul du français au même titre que d’autres négationnistes nient le réchauffement climatique. La défense du français et de l’identité québécoise agacera toujours Gesca et les libéraux car les anglophones forment la principale clientèle électorale de la famille libérale. C’est connu. Et ça ne changera pas. Suite au premier débat à la chefferie du PLQ, Michel David, avec « Faux débat », publié dans Le Devoir du 15 janvier dernier, a d’ailleurs affirmé avec raison :

« L’unanimité avec laquelle les 3 candidats se sont félicité de la (prétendue) bonne santé du français à Montréal, pour mieux rejeter tout renforcement de la Charte de la langue française et faire l’apologie du bilinguisme, avait quelque chose de surréaliste… Il est troublant de constater que le fait de s’inquiéter pour le français est un handicap pour un aspirant à la direction du PLQ » (Lien)

En 2008, Québecor (Noé Murchison) a réalisé une enquête pour vérifier l’état du français dans les commerces de Montréal. Gesca avait aussitôt rejeté les conclusions jugées alarmistes, en citant plutôt une simili étude fantôme de l’OQLF encore non publiée visant alors à présenter un portrait embelli de la situation !

En 2012, le déni était toujours à la mode chez Gesca, comme le démontre le jovialiste André Pratte qui, dans une autre vie, aurait eu fière allure en tant que musicien sur le pont du Titanic en train de couler. Ou encore en tant que capitaine « po-positif » au sein d’une équipe de perdants qui recule constamment au classement. (Lien)

Voir le texte de Charles Castonguay pour une interprétation plus juste de la situation linguistique et du dernier recensement délibérément bâclé par le gouvernement fédéral. (Lien)


C : Le projet d’indépendance du Québec (nomination Québecor)

Évidemment, cette nomination aurait aussi pu être accordée à l’ensemble des grands médias partisans du camp du NON qui ne sont certainement pas moins aveuglément fédéralistes que droitistes et anti-carrés rouges. On pense bien sûr à Gesca, LA machine à propagande libérale et fédéraliste de la section québécoise de Team Canada.

Alors pourquoi Québecor ? Parce que, sans une Télé-Québec présente en information, dans cet univers médiatique déréglementé et dépourvu de règles de neutralité ou d’équilibre dans la présentation des différents courants d’opinion, Québecor, dont le grand patron est tout de même « nationaliste », m’apparaît comme la seule solution pour contrebalancer le déficit démocratique causé par le contrôle quasi exclusif des tribunes privées au profit du camp du NON. D’autant plus que, l’information étant un champ de compétence fédérale, la seule entité publique qu’est Radio-Canada, ennemie jurée de TVA, a la feuille d’érable estampée dans le front et converge avec le compétiteur Gesca…

Bizz, de Loco Locass, qui connaît Pierre-Karl Péladeau, a d’ailleurs mentionné, lors de son dernier passage à Tout le monde en parle avec Batlam et Shafiik, qu’il lui déjà suggéré d’utiliser son empire pour faire contrepoids à Gesca. Espérons que le « nationaliste » PKP comprendra qu’il a le pouvoir de changer les choses avant que la fenêtre d’opportunité pour faire l’indépendance ne se referme à jamais.

(Exemple, maintenant qu’on sait que Québecor encaissera, avec le nouveau Colisée, une partie de nos impôts provinciaux, ce serait bien une chronique Où vont vos impôts… fédéraux, pour déboulonner le mythe que le Québec se ferait vivre par l’Alberta et le reste du Canada…)

En attendant, la présence de quelques plumes souverainistes surtout reconnues pour leur allégeance droitiste, comme les Facal et Bock-Côté, ne suffit pas. Surtout quand le vacarme trop souvent insolent et incohérent causé par le chroniqueur vedette du Journal suffit pour enterrer tout le reste et discréditer l’image de l’empire en entier.

Martineau, le gars qui prétend être indépendantiste, même si ça fait plus de 15 ans qu’on attend qu’il en parle positivement. Tel que le disait René Boulanger dans un texte intitulé « Alain Dubuc, Richard Martineau : même combat », archivé sur Vigile et publié dans l’aut’journal, en 1997 ( !) :

« Camarade Martineau… pourras-tu te rendre compte un jour que tu ne fais rien avancer en tapant toujours sur le mouvement indépendantiste ? » (Lien)

Lisez l’article et l’ensemble de ses chroniques des 15 dernières années et vous verrez que le pseudo indépendantiste Richard Martineau est toujours aussi contreproductif pour la cause et n’a donc malheureusement pas changé. Ou plutôt si : Martineau est devenu réactionnaire et n’a plus rien du social-démocrate qu’il a déjà été. Et il se contredit en multipliant les pertes de contrôle et les dégâts sur le tapis…

Prenons un exemple parmi tant d’autres, aux dernière élections, il a rédigé un texte adressé à son collègue Facal dans lequel il a réitéré être tellement indépendantiste… qu’il n’allait pas voter péquiste ! C’est que Martineau est d’abord et avant tout droitiste et rabâche lui aussi, en bon caquiste, l’éternel mythe absurde sur la priorité que l’on doit mettre à la sacro-sainte économie et les finances publiques avant de parler de souveraineté… (Lien)/

Or, Martineau, en 2010, dans « Mon problème avec la droite », a pourtant dit le contraire en reprochant au Réseau Liberté Québec de vouloir remiser l’axe fédéraliste-souverainiste :

« Un État à un cerveau multi-tâches et peut marcher et mâcher de la gomme en même temps…C’est bien beau, l’économie, mais on ne peut analyser tous les aspects d’une société sous la seule loupe de la logique comptable » (Lien)

Selon la logique de cette chronique de Martineau, un gouvernement québécois devrait donc pouvoir travailler à faire du Québec un pays souverain tout en gouvernant en même temps en bon gestionnaire pour le bien commun d’une majorité de citoyens. En terminant, vous me préviendrez quand les USA feront un retour en arrière pour redevenir une simple colonie de l’Angleterre…

(Demain : 3ème partie - Salade d’Or : Remise de 5 prix dans les catégories Conflit d’intérêts, Dérapage, Lynchage, sans oublier les prestigieux titres de Vendeur et Vendeuse de salades de l’année


À lire :
Les Salades d’Or 2012 – Les champions de la désinformation (1ère partie)
Les Salades d’Or 2012 – Les champions de la désinformation (2ème partie)
Les Salades d’Or 2012 – Les champions de la désinformation (3ème partie)