Brèves syndicales

2013/02/15 | Par Maude Messier

Assurance-emploi : mentez ou vous serez pénalisés

Montréal – Vous bénéficiez de prestations d’assurance-emploi en raison d’une mise à pied temporaire et vous avez l’intention de reprendre cet emploi quand vous serez rappelé par votre ancien employeur? Ne le dites surtout pas en entrevue lors de votre recherche d’emploi, Service Canada pourrait couper vos prestations pour votre « négligence de profiter d’une occasion d’emploi ».

Dans le Guide de la détermination de l’admissibilité (lien), sur le site Internet de Service Canada, il est clairement indiqué que « même si c’est par souci d’honnêteté qu’une personne décide de révéler ses intentions futures, il n’en demeure pas moins qu’il y a refus d’emploi. »

Dans les directives adressées à ses employés, Service Canada précise qu’il y a refus d’emploi si un prestataire informe l’employeur « du fait qu’il n’est disponible que pour une courte période, soit à cause d’un départ éventuel de la région, d’une grossesse, d’un rappel éventuel à l’emploi précédent ou à une occupation qu’il préfère, soit en attendant de trouver mieux. »

Autrement dit, mieux vaut mentir, ou omettre de dire, c’est selon.

Dans un communiqué publié jeudi, la présidente de la CSQ, Louise Chabot, se disait « renversée » par les informations disponibles sur le site Internet de l’organisme.

« Comme si ce n'était pas assez odieux que le gouvernement Harper soit parti en guerre contre les travailleurs et les chômeurs en réduisant leur accès à l'assurance-emploi, Service Canada les incite maintenant à mentir aux employeurs s'ils veulent éviter de se retrouver dans une situation de refus d'emploi qui les disqualifierait comme prestataires. »

Elle s’insurge aussi du fait que Service Canada envoie les mêmes directives concernant les femmes enceintes.

Une travailleuse qui n’est pas embauchée parce qu’elle a informé l’employeur de sa situation risque techniquement d'être accusée de refus d'emploi et privée d'assurance-emploi.

« À cause de cette réforme aux odeurs d'inquisition, les travailleuses enceintes à la recherche d'un emploi vont devoir tout faire pour cacher leur grossesse à un futur employeur au risque d'être accusées de refus d'emploi. Ça n'a absolument aucun sens. À croire que le gouvernement de Stephen Harper veut nous ramener aux années cinquante ou bien au Moyen-Âge. »

Service Canada va même plus loin en affirmant que même si une personne ne s’est pas vue offrir ni recommander un emploi comme tel, mais qu’elle connaissait l’existence d’une possibilité d’emploi, « on peut considérer que le fait de ne pas poser les gestes raisonnables pour obtenir un emploi équivaut à ne pas avoir profité d’une occasion d’obtenir un emploi convenable ».

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Conflit terminé chez Acier Leroux

Boucherville – Les 94 syndiqués d'Acier Leroux (FIM-CSN), à Boucherville, ont entamé un retour graduel au travail ce lundi après avoir entériné, à 92%, une entente de principe conclue la semaine dernière.

Rappelons qu’ils sont sans contrat de travail depuis le 1er avril dernier et qu’un lock-out a été décrété par l’employeur le 10 septembre 2012. Les négociations entre les parties ont repris le 17 janvier dernier.

La Fédération de l’industrie manufacturière-CSN dénonçait, plus tôt cet automne, le fait que l’entreprise puisse poursuivre ses activités sans entrave grâce à la sous-traitance, déséquilibrant ainsi le rapport de force entre employeur et employés, élément pourtant essentiel dans un processus de négociation. Une situation qui révélait, une fois encore, les lacunes des dispositions de la Loi anti-briseurs de grèves.

Alors que le président de la FIM, Alain Lampron, confiait à l’aut’journal en octobre dernier que le lock-out était survenu au moment où les offres salariales n'avaient pas encore été abordées dans la négociation, l’entente négociée comporte des hausses salariales de 2% à 2,75% d’ici 2017.

Le syndicat fait valoir que des gains considérables ont aussi été faits sur la question de la sous-traitance, des assurances collectives, de la protection de l’accréditation syndicale et de la santé et sécurité du travail.

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Campagne mondiale pour les droits syndicaux au Mexique

Mexique – Dans le cadre d’une campagne mondiale d’action et de solidarité syndicale pour les travailleurs du Mexique (lien), des organisations syndicales internationales réclament la réintégration d’une centaine de travailleurs mexicains mis à pied chez PKC, un fabricant de pièces automobiles finlandais, ainsi que des élections syndicales libres.

En décembre dernier, une centaine de travailleurs ont été licenciés en raison de leur implication dans une campagne en faveur de l’élection d’un syndicat libre et indépendant. Les travailleurs, sympathisants de la National Union of Mine and Metalworkers, syndicat également connu sous l’appellation Los Mineros, se battent actuellement pour leur réintégration au travail et le droit d’être représentés par un syndicat élu démocratiquement dans l’usine de Ciudad Acuña, au Mexique.

PKC refuse de reconnaître et de négocier avec Los Mineros. Soutenu par plusieurs travailleurs de l’usine, Los Mineros a approché PKC pour négocier un contrat de travail en 2011. L’employeur a alors affirmé avoir déjà signé un contrat avec un autre syndicat trois mois plus tôt, le CTM. Les travailleurs de l’usine n’auraient jamais entendu parler de ce syndicat ni d’un tel contrat auparavant selon IndustriALL Global Union.

L’organisation internationale affirme que le CTM est un syndicat financé par la compagnie et que les « contrats de protection » sont pratiques courantes au Mexique pour bloquer la syndicalisation démocratique des ouvriers.

En octobre 2012, Los Mineros a perdu une élection pour déterminer la représentation syndicale à l’usine de Ciudad Acuña par peu de votes, principalement en raison de menaces et d’intimidation à l’endroit des travailleurs. S’en est suivi le congédiement des militants syndicaux.

Les travailleurs réclament notamment une hausse des salaires qui se situent en moyenne à 55 $ par semaine actuellement, de meilleures conditions de santé et de sécurité du travail et la fin du traitement arbitraire et du harcèlement.

En partenariat avec Labourstar (lien), IndustriALL appelle les syndicalistes de partout dans le monde à envoyer un message de protestation à PKC.

IndustriALL Global Union représente 50 millions de travailleurs des secteurs miniers, de l'énergie et de la manufacture dans 140 pays.

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La FIQ cible les problèmes de gestion

Montréal – La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec profitait cette semaine de l’étude des crédits budgétaires pour enfoncer le clou sur la question de la mauvaise gestion des deniers publics en santé.

« C’est un exercice fastidieux, l’étude des crédits, mais il y a des choses importantes qui sont ressorties. La première : la fin des PPP annoncée par le ministre Hébert », de déclarer, la présidente de la FIQ, Régine Laurent en entrevue à l’aut’journal.

Partenariats publics-privés, main-d’œuvre indépendante, respect des ententes de services et contrats couteux à des firmes externes. Voici quelques-unes des cibles de la FIQ en regard à la saine gestion des deniers publics.

Mme Laurent s’interroge à savoir pourquoi beaucoup de groupes de médecine familiale (GMF) n’ouvrent pas leurs portes les soirs et les fins de semaines, tel quel le prévoit pourtant leur contrat de service.

« C’est le ministre lui-même qui disait que plus de 40% des GMF ne respectent pas les contrats de service. Certains reçoivent de 400 000 $ à 500 000 $ par an, c’est de l’argent public ça. Qui décide de ce que c’est que l’accessibilité aux soins? Qui surveille? Qui est imputable? Le monde pense que parce que c’est le réseau de la santé, il n’y a pas de problèmes de gestion, mais c’est faux. »

Elle ajoute que les contrats octroyés à coût de millions de dollars à des firmes privées externes, comme Proaction (lien), doivent faire l’objet d’une étude sérieuse. « Il y a beaucoup de cadres dans le réseau et, actuellement, on sous-traite le travail des cadres à grands frais. »

Du côté de la main-d’œuvre indépendante, Régine Laurent soutient que si des établissements font des efforts pour atteindre la cible de réduction de 40% du personnel d’agences privées sur cinq ans, c’est loin d’être le cas partout.

« Il y a des régions où il n’y en avait pas avant et où on en voit maintenant. Ce qu’on constate, c’est que personne n’est imputable des mesures qui doivent être appliquées. »

Mme Laurent soutient que le ministre de la Santé est bien informé de l’intention de la FIQ de s’attaquer à ces problèmes. « Nos membres nous parlent de ce qui se passe sur le terrain. Nous, on veut mettre les lumières rouges sur ces dossiers-là. On a des constats et on les documente. »

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Pour renipper la CAQ, quoi de mieux qu’une bonne dose d’antisyndicalisme

Trois-Rivières – Dans la foulée de la création de la CAQ, on a peu entendu parler du Réseau Liberté-Québec (RLQ) au cours des derniers mois.

Alors voilà que les derniers sondages confirment la baisse de popularité de la CAQ, ne lui accordant que 20% des intentions de votes (lien).

Qu’à cela ne tienne, le RLQ annonce son 4e « rendez-vous » le 3 mars prochain à Trois-Rivières sous le thème « Réplique à la gauche radicale ». L’événement sera jumelé à un coquetel de financement.

À cette occasion, Éric Duhaime prononcera une conférence en lien avec son champ d’expertise : « Libérez-nous des syndicats ». Également au programme : « Pourquoi les femmes ont-elles peur de la droite? », avec Sophie Durocher, Lise Ravary et Brigitte Pellerin.

Pour la programmation complète de l’événement : ici.