Le «marketing» anglomane de la Commission scolaire des Phares à Rimouski

2013/02/20 | Par Alain Dion

L’auteur est père de trois enfants fréquentant l’école primaire à Rimouski

Le 18 février dernier, la Commission scolaire des Phares à Rimouski invitait les parents de tous les élèves du primaire à une rencontre d’information concernant le programme d’enseignement intensif de l’anglais en 6e année.

Une cinquantaine de parents se sont donc présentés à l’école Paul-Hubert, afin de connaître – c’est ce que nous espérions du moins – les modalités d’implantation et les objectifs de ce programme particulièrement controversé.

Après une brève allocution de la directrice des services éducatifs de la Commission scolaire, qui avait pourtant pris soin de souligner que cette rencontre était avant tout un exercice d’information sans parti pris, l’assemblée publique s’est rapidement transformée en une véritable activité de propagande en faveur de l’enseignement intensif de l’anglais.

S’appuyant sur des «études sérieuses et épaisses comme ça» (sic), la conseillère pédagogique chargée de présenter objectivement les modalités de ce projet, se lançait dans un véritable plaidoyer en faveur du programme d’anglais intensif, ne ménageant aucune épithète pour louanger ce nouvel eldorado pédagogique.

À en croire cette dame, l’apprentissage intensif de l’anglais était un gage de réussite, de valorisation personnelle, de confiance en soi, et surtout garant d’une «meilleure maîtrise du français» (re-sic). C’est à se demander pourquoi nous n’implantons pas ce programme dès la maternelle !

Nous sommes toutes et tous d’accords que la maîtrise d’une deuxième, voire d’une troisième langue est un atout pour toutes et tous dans notre univers mondialisé. Mais faire le choix de mettre en place une telle mesure universelle sans en mesurer spécifiquement les impacts pédagogiques et sociaux relève de l’aveuglement idéologique.

Lors de son allocution, la conférencière a d’ailleurs pris un soin minutieux de ne pas aborder les problèmes liés aux élèves en difficulté, aux écoles composant avec des classes mixtes (5e et 6e) ou encore à la réalité régionale de décrochage scolaire.

Je suis sorti personnellement très amer de cette soi-disant rencontre d’information. Si la Commission scolaire des Phares mettait autant d’énergie à défendre et à valoriser l’enseignement de la langue française auprès de nos jeunes et de leurs parents, nous pourrions alors véritablement espérer un jour voir les écoles de la région bâtir des projets éducatifs où l’on célébrerait la beauté, la richesse et les avantages de maîtriser notre langue nationale, plutôt que de sombrer dans cette anglomanie désespérante.

Nous pourrions peut-être, à ce moment, souscrire à l’idée d’offrir l’enseignement intensif d’une véritable langue seconde à nos enfants.