Félicitations au ministre Stéphane Bergeron

2013/02/25 | Par Pierre Jasmin

Monsieur le Ministre,                               

Le 4 novembre dernier, les Artistes pour la Paix vous avaient écrit pour vous demander « d'instituer une enquête spécifique sur les actions policières lors du printemps érable puis une commission qui aurait pour but de circonscrire le mandat de nos forces policières, afin de s'assurer qu'elles restent en toute circonstance des agents de la paix ».

Vous avez répondu rapidement à cette deuxième demande avec l’annonce de la création d’un organisme formé de civils (principalement des policiers à la retraite) pour enquêter sur de futures violences policières et nous vous savons gré de ce premier pas.


Retour sur les événements

Neuf mois exactement après l’imposition scandaleuse par le gouvernement précédent d’une loi spéciale (loi 12, d’abord appelée projet de loi 78) qui a enlevé ou limité fortement certains droits fondamentaux comme celui de manifester, Les Artistes pour la Paix avaient d’abord été heureux de voir cette loi abrogée dès septembre par votre gouvernement.

Notre lettre du 4 novembre exprimait notre indignation « devant le triste comportement du matricule 728, non dénoncé avant qu'il ne se trouve diffusé, prouvant hélas l'existence de préjugés de type sociétal au sein de la police; rappelons ses mots: toutes des rats, des gratteux de guitares, toutes des osties de carrés rouges, toutes des artistes, astie, en tous cas des mangeux de marde (sic).

Sans, à titre d'artistes, les prendre personnels, nous y voyons des preuves éloquentes (le mot est peut-être mal choisi) de dérapages, que l'esprit de corps policier tolère [1], alors que le rôle de la police consiste à respecter et à faire respecter la justice et la décence les plus élémentaires, loin de tout préjugé ».

Nous espérons ardemment, et comptons vous le rappeler, que l’emprisonnement aujourd’hui de cette personne soit un signal, au-delà de ce dérapage individuel regrettable, d’un examen de conscience qui s’étendra à tout le corps policier.


Confirmation aujourd’hui de la création d’un registre québécois d’armes à feu

Devant l'insensibilité gouvernementale fédérale, les Artistes pour la Paix avaient écrit une lettre le 15 février 2012 (voir annexe), en sympathie avec l’action de nos amies Heidi Rathjen de Polysesouvient et Wendy Cukier de la Coalition pour le contrôle des armes à feu, pour inciter les sénateurs canadiens à désavouer le sabotage du registre des armes à feu par le parti conservateur.

Je les enjoignais d’imiter plutôt leurs illustres prédécesseurs, le conservateur feu Gérald Beaudoin et le libéral Jean-Louis Roux, tous deux membres des Artistes pour la Paix et responsables de l’adoption par le Sénat de la loi C-68 du ministre Allan Rock instituant le registre des armes à feu fédéral. J’avais en outre reçu à cette occasion un des vingt diplômes d’honneur comme parrain de cette loi.

Nous sommes enchantés aujourd’hui de constater que votre engagement applaudi par tous les partis de l’Assemblée Nationale suit les pas de cette loi honteusement attaquée par les Conservateurs, alors qu’elle fait l’admiration du président Barack Obama, et que vous avez instauré dorénavant une institution québécoise dont nous pourrons nous enorgueillir collectivement.

Car cette loi peut amener le Québec à se distinguer du Canada et à mener la lutte internationale aux côtés d’Oxfam et d’Amnistie internationale contre le commerce illicite des armes, particulièrement en Afrique, en suivant les recommandations de la Commission de gouvernance globale menée avec tant de brio par Gro Brundtland et Nelson Mandela au début du millénaire.

Veuillez agréer, monsieur le ministre, l'expression de notre solidarité et de notre reconnaissance,

Pierre Jasmin
Vice-président des Artistes pour la Paix

1Il serait intéressant de voir si on pourrait appliquer ici l'idée de notre première ministre d'instituer une protection judiciaire pour les « dénonciateurs » à qui l'expression « whistleblowers » donne meilleure image.