Oui à des maternelles temps plein dès 4 ans en milieu défavorisé!

2013/02/25 | Par Yolande Brunelle

L’auteure est chargée de cours à L'UQAM, a été directrice de l'école Saint-Zotique (2007-2012) et éducatrice en garderie (1974-1980)

Récemment, la vice-présidente de l'Association québécoise des centres de la petite enfance, Mme Hélène Gosselin, dénonçait «la précipitation» du gouvernement et «les risques liés à l'implantation des maternelles quatre ans», en milieu défavorisé. Quel risque y aurait-il à bonifier ce service complémentaire déjà existant à demi-temps dans certains milieux défavorisés?

Il ressort malheureusement un intérêt corporatiste dans la déclaration de Mme Gosselin. Le service de maternelle quatre ans à temps plein dans les milieux défavorisés doit être vu comme un complément à celui offert par le réseau des CPE, non comme un compétiteur.



Rappel historique

En 1998, quand Madame Marois a créé les CPE, elle savait que cela répondait à un besoin des enfants et des parents. Ces derniers avaient le choix d'y envoyer leur enfant. Aujourd'hui, le réseau peine à suffire à la demande.

La même année, un moratoire était imposé pour stopper le développement des maternelles quatre ans à demi-temps dans les milieux défavorisés, croyant que les tout-petits de ces milieux allaient fréquenter les CPE.

Toutefois, pour toutes sortes de raisons, force est de constater que très peu de ces enfants fréquentent les CPE.



Projet pilote

En 2009, l'équipe de notre école a mis en place un projet pilote de maternelle 4 ans à temps plein avec un curriculum enrichi, car nous avions constaté que plusieurs de nos élèves n'étaient pas prêts pour l'école.

Nous offrions déjà un service de maternelle à demi-temps, mais cela n'était pas suffisant pour répondre aux besoins grandissants de nos tout-petits.

Parallèlement à notre démarche, une enquête de la Direction de la santé publique démontrait la vulnérabilité de plus de 45% de nos élèves dans au moins un domaine de la maturité scolaire.

Nous avons mis deux ans à monter ce projet avec une équipe de chercheurs chevronnée de l'UQAM pour offrir un service de qualité aux élèves. De plus, pour soutenir l'enseignant dans ses fonctions, nous avons conservé le poste de l'éducatrice du service de garde pour former une équipe pédagogique solide.

J'encourage donc fortement la ministre de l'Éducation à poursuivre l'implantation des maternelles 4 ans temps plein avec curriculum enrichi pour que nos tout-petits dans ces milieux profitent d'une mesure favorable à leur développement. D'ailleurs, le Conseil supérieur de l'éducation, dans son avis publié en 2012, propose des mesures en ce sens.