Brèves syndicales

2013/03/01 | Par Maude Messier

Assurance-emploi : changement de ton chez les syndicats

Ottawa – Au lendemain de la rencontre entre la ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Agnès Maltais, et sa vis-à-vis fédérale, Diane Finley, la CSN et la FTQ ont dénoncé vivement le mépris du gouvernement conservateur à l’égard des chômeurs et des travailleurs.

Ce jeudi, les deux centrales syndicales, « en mode mobilisation générale », mettaient en garde le gouvernement conservateur.

« Nous annoncerons très bientôt le détail de ce que nous envisageons comme moyens d'action mais une chose est claire : s'il faut faire plus de bruit pour que le gouvernement conservateur nous entende, eh bien il sera servi !», de déclarer le vice-président de la CSN, Jean Lacharité.

Les centrales syndicales accompagnaient à Ottawa la ministre Maltais pour réclamer l’annulation de la réforme et la tenue d’une véritable consultation. Rappelons que la CSN et la TQ ont déjà réclamé une commission itinérante.

L’insensibilité et l’incompréhension du gouvernement conservateur choquent les organisations syndicales, mais pas autant que les propos tenus par différents députés et ministres conservateurs minimisant les conséquences de la réforme pour les travailleurs.

Une réforme imposée sans aucune consultation ni étude d’impact alors que le gouvernement ne verse pas un sou dans la caisse d’assurance-emploi depuis 1990. Le régime est financé exclusivement des cotisations des travailleurs et des employeurs.

«C'est comme si la ministre Finley se bouchait complètement les yeux et les oreilles afin de passer outre aux conséquences terribles de la réforme de l'assurance-emploi sur les travailleurs et travailleuses du Québec (…). Franchement, on nous dirait que les conservateurs prennent leur revanche contre les populations qui ont le moins voté pour eux qu'on ne serait pas étonné… », a affirmé Daniel Boyer, secrétaire général de la FTQ, en marge de la rencontre de mercredi.

La CSN et la FTQ ont présenté une pétition de près de 25 000 signatures en appui à l’annulation de la réforme, auxquelles s’ajoutent environ 10 000 cartes postales adressées à Stephen Harper. La pétition sera éventuellement déposée à la Chambre des communes par le NPD.

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La FIQ boycotte Proaction au Saguenay-Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord

Dolbeau-Mistassini – « Considérant qu'il s'agit là d'un dédoublement de leurs tâches, nos membres refusent de collaborer et de remplir les documents demandés par Proaction. Le temps utilisé pour remplir ces statistiques n'est pas utilisé pour donner des soins à la population », a fait savoir la présidente du Syndicat des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires (SPSICR) du CSSS Maria-Chapdelaine, Mme Paradis.

Elle souligne l’aberration d’un tel investissement (525 000$) pour les services d’une firme privée externe alors que la direction fait des plans de compression dans le CSSS et impose des fusions de centres d'activités.

D’autant plus que Proaction s’est fait montré la porte du CSSS de Chicoutimi alors que la réorganisation du travail qu’elle y a imposée n'a donné aucun résultat concluant, si ce n’est que l’alourdissement de la tâche des infirmières et la qualité des soins et des services, selon la présidente du SPSIC du CSSS de Chicoutimi, Martine Côté.

Différents projets d’optimisation réalisés par Proaction dans différents établissements du réseau de la santé suscitent actuellement la grogne tant auprès des différents intervenants en santé que des organisations syndicales et des travailleurs.

La FIQ a déjà interpellé l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec quant à l'outil de planification stratégique de la performance au soutien à domicile développé par Proaction, prétendant qu’il contrevient à plusieurs articles des différents codes de déontologie.  

La FIQ précise qu’elle ne s’oppose pas aux projets d'amélioration de la performance, mais plaide pour qu’ils se réalisent « de concert avec tous les acteurs concernés, dont les syndicats, pour obtenir une réelle démarche d'amélioration de la qualité des soins ».


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« Grande noirceur » chez Postes Canada

Montréal – Négociations conflictuelles, retour au travail forcé par une loi spéciale, adoption résignée d’une convention collective négociée sans aucune marge de manœuvre, l’ambiance de travail n’est pas « jojo » chez Postes Canada.

La section locale de Montréal du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes parle même d’une « grande noirceur ».

L’implantation de la transformation postale, les pressions sur la productivité et le manque d’effectif génèrent des problématiques qui enveniment le quotidien des travailleurs : temps supplémentaire forcé, des journées de travail jusqu’à 12 heures et livraison de courrier à la noirceur, sans compter les abolitions de postes de jour remplacés par des postes de nuit.

Les travailleurs dénoncent aussi la fermeture de plusieurs comptoirs postaux (50% au Québec), lesquels sont remplacés par des franchises privées n’offrant pas la même qualité de service à la population – ni les mêmes conditions de travail aux employés.

À l’initiative des travailleurs, le STTP Montréal convie ses membres et la population à un grand rassemblement familial ce samedi soir. La manifestation devrait se déplacer en soirée pour une veillée à la chandelle à la Place des Festivals, profitant des activités du festival Montréal en Lumière.

Le président du STTP Montréal, Alain Duguay, indique que trois députés néo-démocrates ont déjà confirmé leur participation à l’événement : Alexandre Boulerice, Isabelle Morin et Paulina Alaya.


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A.B.I. à Bécancour : c’est réglé

Bécancour – Réunis en assemblée jeudi et vendredi derniers, les travailleurs de l'aluminerie A.B.I. à Bécancour ont accepté le rapport de conciliation dans une proportion de 77,8 % pour les membres de l'accréditation opération et entretien (873 membres), de 66,7 % pour l'accréditation bureau et technique (50 membres) et 78,9 % pour l'accréditation du laboratoire environnement (21 membres).

« Ce n'est pas le scénario idéal. Nos membres étaient prêts à poursuivre la bataille, mais nous avons choisi de recommander l'adoption du rapport de conciliation. Nous avions la conviction qu'un conflit ne nous aurait pas permis d'obtenir un meilleur contrat dans les circonstances. C'était un compromis inévitable pour qu'il y ait un règlement », explique le président de la section locale 9700 des Métallos, Clément Masse.

Le contrat de cinq ans prévoit notamment des hausses salariales totales de 13 % et des améliorations au régime d'assurance santé.

A.B.I. souhaitant dégager des gains de productivité de 8% par des changements dans l’organisation du travail, il devra, en contrepartie, intégrer au salaire la prime d'implication et bonifier légèrement les hausses salariales.

Un comité sera mis sur pied pour discuter de diverses avenues de modification du régime de retraite.

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Cols bleus et cols blancs de Candiac : Tout est bien qui finit bien

Candiac – Contexte économique favorable, climat de négociation serein : les 51 cols bleus et 43 cols blancs de la ville de Candiac viennent tout juste de « moderniser » leur convention collective respective, avec des résultats intéressants.

Les deux groupes d'employés ont négocié une allocation santé de 200$ applicable au remboursement d'activités sportives. Les deux syndicats estiment qu’il s’agit d’une mesure positive pour tous, à la fois en termes de mieux-être et de productivité.

Deux jours de congé familiaux ou d'aidants naturels ont aussi été ajoutés et pourront être utilisés par demi-journées.

De plus, les employés surnuméraires pourront bénéficier de différents congés, à condition d’avoir travaillé plus de 1 040 heures par année sur une période de trois ans.

Les conventions, qui couvriront la période 2012-2018, prévoient des hausses salariales annuelles de 2,75 % jusqu’en 2015. Les salaires pour les trois dernières années seront négociés ultérieurement.

Les cols bleus ont entériné à 63% mardi leur nouvelle entente et les cols blancs ont signé officiellement leur nouveau contrat de travail. Rappelons que les cols blancs avaient déjà entériné une entente à 97 % en décembre dernier.

La conseillère du Syndicat canadien de la fonction public (SCFP-FTQ) au dossier, Maire-Claude Lessard, indique que le contexte général de Candiac a favorisé la négociation. « (…) c'est une ville en expansion qui offre de plus en plus de services publics. Tant pour les cols blancs que pour les cols bleus, les négociations se sont déroulées efficacement et dans un climat d'ouverture mutuelle. »


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Grève de la faim : Walmart et H&M sont invectivés

Cambodge – Après avoir campé pendant deux mois devant leur usine fermée, les travailleurs d’une usine de fabrication de vêtements au Cambodge ont entamé une grève de la faim le 27 février dernier, réclamant les salaires qui leur sont dus.

Kingsland Garment Co., Ltd, un fournisseur de Walmart et de H&M, a annoncé à ses employés en septembre dernier une fermeture temporaire prévue pour le mois de janvier. Selon ce que rapporte Labor Notes, les travailleurs ont cessé d’être payés en décembre. Ils ont alors appris que l’entreprise avait fait faillite et que le propriétaire avait quitté le pays.

Puisque leur « syndicat », une organisation contrôlée par l’employeur, ne voulait pas s’engager dans une lutte, les travailleurs ont décidé de manifester devant l’usine fermée pour réclamer les 200 000 $ qui leur sont dus collectivement.

Toujours selon Labor Notes, dans la nuit du 3 janvier, des employés de l’entreprise ont été vus sur place, tentant de sortir les machines à coudre de l’usine. Depuis, les travailleurs assurent une présence constante en établissant un camp pour empêcher la sortie de la machinerie.

Walmart et H&M déclinent toute responsabilité envers ces travailleurs, alléguant avoir ont rompu les liens commerciaux avec Kingsland Garment Co., Ltd, sans dette restante.

Les travailleurs tiennent tout de même les multinationales responsables de leur sort. La multiplication des sous-contractants est une pratique courante qui permet aux entreprises de se déresponsabiliser envers les travailleurs au bas de la chaîne.

Aux États-Unis, les employés de plusieurs entrepôts de Walmart, également opérés par des sous-traitants, s’organisent pour améliorer leurs conditions de travail et les mesures de sécurité, notamment en Californie, New Jersey et Illinois. Ils plaident en faveur d’une chaîne de solidarité entre tous les travailleurs de fournisseurs de Walmart, que ce soit aux États-Unis, au Mexique, Bangladesh ou au Cambodge.

Pour plus de détails : ici.


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Charge fiscale des Québécois: du mythe à la réalité

Montréal – L’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) a publié ce jeudi une note économique qui révèle que le Québec a un taux d'imposition parmi les plus bas, lorsque comparé à des économies comparables.

Ainsi, au moins 50% des contribuables québécois sont imposés au même niveau ou à un niveau inférieur qu'aux États-Unis ou au Canada.

Par exemple, pour un couple avec deux enfants dont le revenu annuel est de 43 710$, le taux d'imposition de ce couple est de 0% au Québec, alors qu’il s’élève à 9% et 10% si on le transpose respectivement aux États-Unis et au Canada.

Une personne seule ayant un revenu de 29 285$ sera imposée à 17% au Québec comparativement à 18% au Canada et 19% au États-Unis.

Les taux d’imposition ont été comparés selon la méthodologie de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Les chercheurs ont comparé le Québec à 12 pays : le G7, les pays scandinaves et l'Australie.

Les chercheurs notent également la croissance des inégalités, une constante que le régime fiscal québécois n’arrive pas à freiner. Les 20% les plus riches de la population ont vu leurs revenus croître de 16% au cours des trente dernières années alors que les revenus des 80% restant de la population stagnent.

Pour consulter la note : ici.