La ministre Maltais à TLPM : « Nous, ce qu’on dit, c’est que la ministre ment

2013/03/12 | Par Maude Messier

Amélie Châteauneuf, porte-parole de Front commun des personnes assistées sociale du Québec (FCPASQ), était catégorique au lendemain du passage de la ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Mme Agnès Maltais, à l’émission Tout le monde en parle dimanche soir.

Au terme d’une semaine tumultueuse, la ministre tentait de faire le point sur les coupures qui seront apportées à l’aide sociale. Plutôt que de calmer le jeu, ses propos ont plutôt enflammé les groupes de défense des droits des personnes assistées sociales.

Jointe par l’aut’journal, Amélie Châteauneuf estime que les personnes assistées sociales auraient dû avoir leur droit de parole à l’émission pour répondre à la ministre. « Ils l’ont bien fait avec les carrés rouges et verts. Mon numéro de téléphone circule partout au Québec depuis une semaine, je ne suis pas difficile à rejoindre. »

La ministre Maltais a expliqué que la prestation additionnelle de 129 $ pour contraintes à l’emploi actuellement accordée notamment aux bénéficiaires de 55 à 58 ans ainsi qu’aux jeunes familles ayant un enfant en bas âge ne serait non pas coupée, mais remplacée par une bonification de 195 $ jumelée à un programme d’employabilité, pour permettre à ces gens de trouver un emploi. La ministre a même affirmé qu’ils en seraient « plus riches ».

Amélie Châteauneuf s’insurge contre ces propos qu’elle juge trompeurs. « Elle remplace un programme d’aide sociale par un programme d’employabilité. Ce n’est pas du tout la même chose. Le premier garantit le droit universel à l’aide sociale, une aide de dernier recours. Le programme d’employabilité est déterminé dans le temps, basé sur des critères et n’offre aucun droit de recours en cas de refus. »

La porte-parole insiste sur le fait que la ministre ment à la population. « Les détails des coupures sont très claires, mais en ce qui concerne le programme d’employabilité, la ministre est floue. On n’a pas de détails. Elle dit qu’elle n’échappera personne, mais ça aussi c’est faux. On lui a donné des exemples, mais elle n’avait rien à répondre. »

Qu’adviendra-t-il d’une personne qui, par exemple, pour des raisons de santé qui ne sont pas reconnues comme une contrainte sévère à l’emploi, n’arrive pas à compléter son parcours de formation? Ou encore de quelqu’un qui ne trouve pas d’emploi quand prend fin le programme? « Tous ces éléments-là sont flous. C’est pourtant essentiel. »

À TLMEP, Mme Maltais a insisté sur le fait qu’il y aurait des suivis individuels. « Comment compte-elle faire le suivi des 13 500 personnes ou familles touchées? »

Le FCPASQ ne se positionne pas contre un meilleur arrimage entre les prestataires d’aide sociale et les besoins de main-d’œuvre, mais soutient qu’il est possible d’offrir un programme d’aide à l’emploi personnalisé sans couper dans les prestations des plus démunis de la société.

« Ce qui ne fonctionne pas, ce sont les coupures. Ce qui peut fonctionner, ce sont les formations, en autant qu’elles soient qualifiantes. Si tu n’as pas de qualifications, tu peux bien refaire ton cv vingt fois, ça ne changera rien. Mais on a peu de détails sur la mise en place des programmes aussi. »

Si le projet de la ministre est mal reçu par de nombreux groupes sociaux, dont le Collectif pour un Québec sans pauvreté qui dénonce ce « pari insensé et indécent », c’est surtout l’attitude de la ministre qui dérange. Le FCPASQ lui reproche de tromper la population quant aux coupures qu’elle s’apprête à faire.

« On pense qu’elle ment sur tout. Ces gens vont être pénalisés, il y a des gens qui vont tomber entre deux chaises. Mais aussi, la ministre ment lorsqu’elle affirme devant tout le Québec qu’elle n’a pas eu la chance de nous rencontrer. Elle a rencontré un groupe de défense des personnes assistées sociales le lundi 25 février et j’ai parlé à son attaché politique ce même lundi. » Ces changements ont été publiés dans la Gazette officielle du Québec le 27 février dernier.

Le FCPASQ entend intensifier ses activités au cours des prochaines semaines pour mettre de la pression sur la ministre afin qu’elle retire son projet. Des manifestations sont prévues le 13 mars à Montréal, à Québec et à Sherbrooke.