Anglais intensif : Réplique à une réplique

2013/03/13 | Par Frédéric Lacroix et Charles Castonguay

Dans Le Devoir du vendredi 1er mars, Pascal Genest-Richard donne la réplique à notre texte paru le 27 février (Enseignement de la langue seconde - Anglais intensif : la fuite en avant continue).

Le titre « Gare aux visions obscurantistes » ainsi que la teneur de ses propos illustrent à merveille –probablement inconsciemment – la thèse centrale de notre texte : la fuite en avant semble être la seule posture admise en ce qui concerne l’enseignement de l’anglais langue seconde.

Exiger une réflexion collective, voire des études scientifiques avant de totalement chambouler le cursus de l’école primaire? « Obscurantisme! » clame M. Genest-Richard qui se dit « apeuré » par notre texte. Celui-ci remet même en question la « légitimité de nos propos »! Voilà qui va très loin… Selon lui, les opposants à l’anglais intensif devraient-ils bénéficier de la liberté d’expression en ce pays?

Il n’agit pas de « bouter l’anglais » hors de l’école française. Il s'agit d'optimiser l'enseignement de l'anglais en tenant compte des autres objectifs pédagogiques et en tenant compte du fait que nos écoles accueillent maintenant de grandes quantités d’élèves dont le français n’est pas la langue maternelle et qui doivent se mettre à l’étude simultanée de deux langues étrangères dès la première année du primaire.

Rappelons que les études scientifiques indiquent que l’apprentissage plus tardif d’une langue seconde donne de meilleurs résultats que l’apprentissage précoce.  En mettant l’anglais intensif au primaire, non seulement on vient potentiellement mettre en danger les matières de base, mais on nuit aussi paradoxalement à l’apprentissage de l’anglais comparativement à une période d’anglais intensif qui aurait lieu au secondaire, par exemple. 

Il s’agit aussi de rappeler que la « langue seconde » comme on le dit pudiquement, c’est toujours uniquement l’anglais et que la « liberté de choix » de la langue seconde n’existe pas au Québec.  Une contrainte dont semble fort bien s’accommoder M. Genest-Richard.

Rappelons que le pourcentage de bilinguisme anglais-français des francophones de 20 à 34 ans est maintenant de 79% à Montréal. Avons-nous vraiment un problème collectif de connaissance de l’anglais? Il semble bien que non.

Rappelons par contre que le pourcentage de bilingues français-espagnol tourne autour d’un misérable 2% au Québec. Avons-nous plutôt un problème collectif de connaissance d’autres langues secondes que l’anglais au Québec? Il semble bien que oui.