Paul Rose : le gars qui avait horreur du « je »

2013/03/15 | Par Robin Philpot

Ô qu’il va nous manquer, Paul Rose! Bien sûr, on ne le voyait pas partout, on ne l’entendait pas, on ne le voyait pas à Radio-Canada, à TVA, dans la grosse Presse et sur les ondes d’autres radios poubelles. Il ne décorait pas les scènes où le babillage tient lieu de commentaire politique, où des chroniqueurs et commentateurs chevronnés au gros salaire ânonnent à longueur de journée.

Par contre, on savait que lui, il était là, et qu’il serait là, toujours solide comme le roc des Laurentides ou le Rocher Percé; on savait que, lui, il ne changerait pas, qu’il garderait le cap jusqu’à la fin. Et c’est ce qu’il a fait.

Paul Rose détestait les feux de la rampe; et il n’était pas impressionné par ceux qui y baignaient sans mérite. Ce qui comptait pour lui, c’était de savoir comment le travailleur, la chômeuse, l’assistée sociale vivaient, comment les politiques toujours si peu intéressantes pouvaient aider à répondre aux besoins du peuple.

À chaque décennie depuis octobre 1970, Paul Rose, comme nous tous, devait subir les émissions qui tournaient en boucle, toujours aussi vides les uns que les autres; mais qui ne posaient jamais la vraie question sur les « Québécois violents », non pas ceux du FLQ, mais ceux de la violence de l’État canadien, en commençant par Pierre-Elliott Trudeau et ses complices, Marc Lalonde, Gérard Pelletier et autres Jean Marchand. Paul Rose, lui, voulait parler des Mesures de guerre, « cette affaire qu’on ne connaissait même pas en 1970 », disait-il. Il voulait qu’on parle des centaines d’arrestations et de détentions arbitraires d’hommes et de femmes totalement innocents, des dizaines de milliers de perquisitions, des vols d’hélicoptères visant l’intimidation maximale.

Les grands médias n’aiment pas les Paul Rose de ce monde, parce que les gens comme lui refusent carrément de jouer leur jeu, qui consiste à pavoiser sa personne et ses connaissances infinies. Or, contrairement au modèle recherché par ces médias, Paul Rose avait horreur du « je ». L’important, c’était le peuple, la collectivité, les gens qu’il défendait.

En ce sens, il était un modèle et nous sommes des milliers aujourd’hui qui pleurons sa disparition. Le Québec a besoins de davantage de Paul Rose.

L’histoire lui donnera raison!


Robin Philpot