Le républicanisme comme gouvernement responsable

2013/03/20 | Par Julien Beauregard

Dans une allocution prononcée en 2001, le premier ministre Bernard Landry était, entre autres choses, redevable aux Patriotes qui ont revendiqué l’obtention du gouvernement responsable.

Lorsque le gouvernement du Québec, dirigé par le premier ministre Jean Charest, émettait un communiqué pour souligner, lors de la Journée nationale des patriotes, l’apport des Patriotes à l’obtention d’un gouvernement responsable, il y avait de quoi s’étonner.

On était en droit de croire que l’obtention du gouvernement responsable pouvait faire consensus entre Québécois de différentes allégeances politiques.

Toutefois, selon Yvan Lamonde et Jonathan Livernois, cette lecture de l’histoire est fondée sur une méprise fondamentale qu’ils démontrent dans le livre Papineau : erreur sur la personne qu’ils ont fait paraître en septembre 2012 chez Boréal.

«Papineau n’évoque pas ni ne réclame un gouvernement responsable de type britannique dans lequel le chef du parti qui fait élire le plus de députés est invité par le souverain à diriger le pays et à nommer les ministres de son cabinet», disent les auteurs.

Papineau cherchait plutôt une réforme radicale du modèle de gouvernance du Bas-Canada en s’inspirant de l’expérience républicaine américaine.

Lamonde et Livernois remontent le cours de l’histoire pour confronter des auteurs qui se sont appropriés Papineau afin de travestir son discours. Le travail de distorsion se serait amorcé avec Lord Durham et aurait perduré avec Jacques Parizeau dans son essai La souveraineté du Québec.

Les auteurs n’épargnent personne tant leur désir de réhabilitation est profond. En plus de Durham et Parizeau, ils s’en prennent à Lionel Groulx, André Pratte, John Saul et Jocelyn Létourneau qu’ils accusent d’avoir travesti la pensée politique de Papineau.

De plus, ils confrontent cette pensée à celle d’anciens collaborateurs comme Wolfred Nelson qui ont siégé avec lui au Parlement du Canada-Uni, parfois dans le contentement.

Chose certaine, Papineau le républicain n’a jamais échappé à ses idéaux bien qu’il ait compris avec le temps qu’il ne reverrait pas un autre momentum révolutionnaire de son vivant. Cela ne l’a pas empêché de pousser jusqu’au bout sa réflexion.

Dans la conclusion du livre, Lamonde et Livernois encouragent sans le dire les souverainistes à ne pas travestir le passé pour servir des intérêts contextuels. Ils plaident pour une réinscription de la pensée politique actuelle dans le giron républicain du Patriote :

«Aujourd’hui, nous croyons qu’une véritable conscience démocratique et historique devrait pouvoir, d’entrée de jeu dédramatiser la défaite ou l’échec, dans la mesure où elle permet de voir les événements et les hommes dans une dynamique de longue fidélité à des principes républicains et démocratiques.»