Paul Rose et l’expérience du FLQ

2013/03/22 | Par Pierre Dubuc

En octobre 1987, Paul Rose accordait une longue entrevue à l’aut’journal au cours de laquelle il revenait sur l’expérience du FLQ. Nous en reproduisons des extraits :

« Pour Paul Rose, il est impossible de comprendre le FLQ sans le resituer dans le contexte des années ’60 et ’70 et des particularités de la société québécoise. ‘‘ Nous faisions alors face à un problème majeur au Québec. On n’avait pas d’expérience de formation politique vraiment progressistes, ayant une longue tradition de lutte’’. Selon Paul Rose, cette absence a conduit les militants de l’époque à tenter différentes expériences dont celle d’un mouvement clandestin comme le FLQ.

Mais le RIN ne se voulait-il pas cette organisation politique? Pour Paul Rose, c’était une tentative mais, ajoute-t-il, ‘‘ il n’y avait pas vraiment d’intégration de l’aspect émancipation sociale dans le programme du RIN. Il y avait des éléments, mais de programme intégré.’’

(…)

Le FLQ avait lié ces deux aspects dans son célèbre manifeste lu sur les ondes de Radio-Canada et l’impact considérable qu’il avait eu sur la population avait incité le gouvernement à changer de tactique et à recourir à la répression avec la Loi des mesures de guerre.

Paul Rose reconnaît que si le FLQ avait réuni les deux aspects de notre oppression au plan du discours, ce ne l’était pas au point de vue organisationnel. ‘‘ Le FLQ était une organisation clandestine avec les limites de tout mouvement clandestin. Il faut se remettre dans le contexte de l’époque. Le FLQ était un mouvement clandestin et non un mouvement de lutte armée. Le but du FLQ n’était pas de prendre le pouvoir, mais d’accentuer ou d’accélérer des luttes déjà existantes de partis comme le RIN ou d’autres mouvements politiques, parce que ceux-ci étaient dans un cul-de-sac.

‘‘ Le FLQ visait aussi une conscientisation large de la population et a utilisé les moyens qui étaient les siens parce que les voies démocratiques étaient bloquées. Les manifestations étaient interdites, la police perquisitionnait les groupes populaires, au plan électoral, il y avait eu le coup de la Brink’s’’.

Il n’y a pas trente-six solutions, selon Paul Rose. Ce qui manquait à l’époque fait toujours défaut. Un parti populaire, capable de lier lutte d’émancipation sociale à lutte de libération nationale, un parti, non pas créé artificiellement, mais enraciné dans les luttes, un parti capable de transmettre notre expérience historique de lutte. ‘‘ Le temps est venu, conclut Paul Rose, d’œuvrer dans tous les coins du Québec à la création d’un tel parti politique. Sinon, nos enfants ou les enfants de nos enfants risquent d’être amenés à repasser par où nous sommes passés…’’ »

L’aut’journal, no. 57, octobre 1987