renversement du pipeline 9 d’Enbridge

2013/03/27 | Par L’aut’journal 

Des groupes environnementaux des États-Unis, de l’Ontario et du Québec dénoncent le mandat limité de l’Office national de l’énergie (ONÉ) et le manque de transparence de la compagnie Enbridge dans le projet d'inversement de son pipeline numéro 9.

Les groupes ont communiqué le 21 mars dernier à l'ONÉ leurs réserves au sujet de la liste des enjeux qui seront débattus devant elle sur ce projet. L'ONÉ est l'organisme fédéral responsable de voir à la protection du public et de l'environnement en matière d'énergie et tiendra des audiences sur le projet en 2013.

La production du pétrole des sables bitumineux émet trois à quatre fois de plus de GES que la production de pétrole conventionnel ce qui en fait la plus importante source de croissance des émissions de GES au Canada et l'un des projets les plus émetteurs de GES au monde.

Le projet déposé par Enbridge implique le passage des sables bitumineux au Québec par un pipeline qui se rend à Montréal en passant par de nombreuses autres zones densément peuplées.

« Il ne s'agit pas simplement de renverser le flux du pétrole entre Montréal et Sarnia, Enbridge veut augmenter la capacité quotidienne et y faire circuler un pétrole lourd dans un pipeline vieux d'au moins 40 ans. Cela comporte des risques environnementaux importants en cas d'un déversement », explique Steven Guilbeault, directeur principal d'Équiterre. Les citoyens et les communautés ont besoin de connaître les risques réels reliés à la sécurité des pipelines, poursuit-il.

Rappelons qu'Enbridge est responsable du plus important déversement pétrolier en sol nord-américain lorsqu'un de leurs pipelines, transportant des sables bitumineux, a déversé plus de 3,7 millions de litres de pétrole dans la rivière Kalamazoo au Michigan en 2010. La facture de cette catastrophe s'élève à près d’un milliard de dollars  et Enbridge conteste présentement les montants qu'on lui demande de payer. 

Plusieurs indices démontrent que le projet fait partie d'un plus important projet, anciennement appelé Trailbreaker, qui vise à acheminer des sables bitumineux jusqu'en Nouvelle-Angleterre. On doit savoir ce qu’il adviendrait du pétrole une fois arrivé à Montréal.

« L’inversion du sens du flux dans l’oléoduc d’Enbridge signifie potentiellement pour le Québec d’augmenter considérablement l’ampleur des émissions atmosphériques des raffineries d’ici qui recevront ce pétrole lourd, avec tout ce que ça implique en termes de pollution et de problèmes de santé publique. On ne peut pas passer à côté de ces questions », estime André Bélisle, président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique.

« Le pétrole des sables bitumineux est l’un des pétroles les plus sales au monde. L’Office national de l’énergie ne peut se mettre la tête dans le sable et doit évaluer les impacts liés à l’augmentation de la production de ce pétrole sale incluant les émissions de gaz à effet de serre qui y sont liées », affirme Patrick Bonin, responsable de la campagne climat-énergie à Greenpeace Canada.

L'Office national de l'énergie invite les citoyens et organisations à s'inscrire en tant qu'intervenant à cette audience d'ici le 11 avril 2013. Ce statut permet de faire valoir son point de vue sur le projet. Toutes les informations sont disponibles sur le site de l'ONÉ.

Les groupes de l’Ontario et du Québec sont : Équiterre, Environmental Defence, Justice climatique Montréal, Sierra Club du Canada – chapitre du Québec, Greenpeace Canada - Montréal et l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique.