Assurance-emploi ou l’emploi à tout prix ?

2013/04/09 | Par Jean-Simon Carrier

L’auteur est enseignant au secondaire à St-Hyacinthe

Le 4 avril avait lieu un événement au Cabaret La Tulipe à Montréal. Il était organisé par la Coalition québécoise contre la réforme de l’assurance-emploi. Cette soirée faisait partie du plan d’action de la Coalition devant aboutir à la manifestation du 27 avril à Montréal. Dans mon cas, je n’ai jamais eu besoin de l’assurance-emploi et je ne crois pas en avoir besoin dans les prochaines années. Par contre, les changements apportés feront mal dans les Maritimes et dans l’Est québécois mais aussi aux travailleurs précaires.

Il y a quelques années, j’ai eu la chance de passé un mois dans les Maritimes. Je me suis rendu compte, à ce moment, à quel point l’économie de cette région est fragile. Les habitants du Cap-Breton ou de Terre-Neuve ont beaucoup de difficultés à trouver une job. Évidemment, pendant la saison touristique, il y a plus de possibilités mais sans entreprise structurante ou programme particulier, ils se retrouvent sans emploi l’hiver venu.

J’ai fait le même constat en allant aux Iles-de-la-Madeleine cet été. Les Madelinots s’efforcent pendant la période touristique de travailler le plus possible. Je discutais avec un portier de la salle de spectacle des Pas Perdus. En plus de ce travail, il faisait de la livraison pour la micro-brasserie À l’abri de la Tempête et obtenait certains contrats de rénovation. Donc, il cumulait, l’été dernier, trois emplois. Si vous avez remarqué, la salle de spectacle et la livraison sont directement en lien avec le tourisme. Que peut-il faire l’hiver ? Prendre l’avion pour aller à Gaspé ? Et même là, pourrait-il trouver un emploi ?

Dans un autre registre, un enseignant à statut précaire bénéficie de l’assurance-emploi pendant l’été. Si ce travailleur a la malchance de ne débuter un contrat qu’en novembre, il peut devenir un prestataire fréquent et là, la réforme le touche directement. À l’émission Désautels, sur la radio de Radio-Canada, la ministre des ressources humaines et du développement des compétences du Canada a laissé entendre qu’il serait mieux pour un enseignant de travailler dans un restaurant à temps plein que de travailler dans une école à temps partiel!

Le gouvernement du Canada (lire le Parti conservateur) nous a fait parvenir une lettre expliquant qu’il n’attaque pas les salariés. Évidemment, il omet certaines choses dans ce dépliant. Par exemple, un travailleur devra peut-être faire jusqu’à 200 km dans la même journée pour travailler. Avec le prix de l’essence, certaines personnes pourraient s’appauvrir dramatiquement. Mais le gouvernement affirme qu’il ne force personne à déménager ! En plus, l’impact ne se fait pas sentir seulement chez les travailleurs. L’association des enseignants francophones du Nouveau-Brunswick affirme que la réforme nuit au rendement d’élèves qui ont des parents faisant face à cette-dernière.

La soirée du 4 avril a été extrêmement intéressante. Nous nous sommes rendu compte collectivement qu’il faut affirmer haut et fort : « Chez nous, c’est non au saccage de l’assurance-emploi ». Il faut se rappeler que ce n’est pas le travailleur qui est saisonnier, c’est l’économie de certaines régions qui l’est. Cette réforme est une autre aberration d’un gouvernement maladroit voire carrément incompétent. Donc, soyons nombreux à la manifestation nationale du 27 avril à Montréal pour le lui rappeler.