Libre-échange Canada-Europe : ATTAC-Québec répond à Mulcair

2013/04/10 | Par Attac-Québec

À quelques jours du Congrès du Nouveau parti démocratique (NPD), qui aura lieu à Montréal du 12 au 14 avril, et où l’Accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne (AÉCG) devrait faire l’objet de débats et possiblement d’une résolution adoptée par le parti, nous commentons brièvement la lettre (voir le texte plus bas) que le NPD a envoyée aux personnes ayant écrit récemment à leur député au sujet de l’AÉCG, à notre invitation.

Le fait que cette lettre soit bilingue montre bien que des citoyenNEs ailleurs au Canada ont également interpellé le NPD à ce sujet. Le message se veut rassurant et met en valeur la combativité du parti dans ce dossier ainsi que son action, nous l’apprécions et y comptons.


L’Union européenne (UE), une économie dynamique ayant des normes élevées ?

Par contre, il reste préoccupant que le NPD se dise « …convaincu que l’Union européenne est le type d’économie dynamique aux normes élevées avec laquelle le Canada doive approfondir ses relations ».

Voici quelques exemples de ce que la Commission européenne (pas exactement un think tank de gauche) en dit elle-même :

La zone euro restera en récession en 2013
La Commission européenne a dressé vendredi un sombre tableau de l’économie de la zone euro, qui restera en récession en 2013 avec des pays multipliant les dérapages budgétaires, à commencer par la France, et une explosion du chômage.


Emploi et situation sociale dans l’Union européenne : la crise sociale s’aggrave
Les conclusions de la dernière Revue trimestrielle de la Commission européenne sur l’emploi et la situation sociale au quatrième trimestre 2012 restent préoccupantes : l’emploi a régressé partout et le chômage n’a cessé d’augmenter, tandis que la situation financière des ménages est restée précaire.


Le nombre de chômeurs dépasse les 19 millions en zone euro
« Le chômage a atteint un record absolu dans la zone euro en février, avec plus de 19 millions de personnes touchées et un taux à 12 %, et tout indique que ce record sera à nouveau battu au cours de l’année, tant la situation économique est dégradée dans l’Union monétaire. » « Et le chômage des jeunes de moins de 25 ans, à 23,9 % dans la zone euro, continue d’atteindre des sommets en Grèce (58,4 % en décembre 2012) et en Espagne (55,7 %). »


Qu’en est-il des « normes élevées » de l’Union européenne ?

Quand bien même l’UE serait une économie dynamique actuellement et tout en reconnaissant qu’elle occupe une position de chef de file dans un certain nombre de domaines où ses normes sont élevées (l’environnement par exemple), toute une autre facette de ses politiques reste malheureusement méconnue, voire niée.

Cela lui permet d’avancer en quelque sorte masquée auprès de partenaires commerciaux qui auraient avantage à mieux connaître les principes et valeurs néolibérales qui la guident et cela depuis des décennies.

En effet, quelle « norme élevée » y a-t-il à œuvrer avez zèle au démantèlement des services publics qui ont fait la réputation de plusieurs pays d’Europe ? Quelle norme élevée y a-t-il à cultiver le secret dans les négociations commerciales d’une façon encore plus anti-démocratique que ce qu’on observe au Canada, ce qui n’est pas peu dire ?

Frédéric Viale explique la situation réelle – et non mythique – de l’UE dans cet article publié dans la revue électronique québécoise Vie économique (vol. 2, no 3), « L’Union européenne, grande fossoyeuse des services publics ». Aussi, cet article du 20 juin 2012 dans le Courrier international explique que la Commission européenne comme la majorité des pays membres de l’UE ont torpillé une directive visant plus de transparence.

Concluons avec une suggestion cinéma : The Brussels Business. Qui dirige l’Union européenne ? Ce documentaire révèle les puissants lobbies qui font qu’un accord comme l’AÉCG et d’autres à l’horizon comme l’Accord plurilatéral sur le commerce des services ne se situent pas dans une logique qui permette qu’ils soient dans l’intérêt public.

Prenons-en bonne note. Nous invitons nos membres et sympathisants à poursuivre le dialogue avec leur député du NPD en lui faisant part de ces commentaires et questionnements.


La réponse du NPD à la lettre concernant l’AÉCG

Je vous remercie de votre plus récent courriel concernant l’Accord commercial Canada-UE.

Sachez que le NPD travaille fort à communiquer et protéger les intérêts des Canadiens ordinaires dans les négociations de l’Accord commercial Canada-UE. Vous pouvez compter sur notre équipe pour tenir responsable le gouvernement s’il ratifie un accord qui est injuste, ou qui menace nos programmes sociaux, nos normes de travail, nos droits de la personne et notre environnement.

Même si les conservateurs négocient l’Accord commercial Canada-UE dans le secret et dans le mépris de la démocratie, comme à leur habitude, nous continuons de demander que les intérêts de nos aînés, de nos agriculteurs, de nos collectivités locales soient défendus à la table de négociation.

Un récent échange entre le premier ministre Stephen Harper et les porte-parole du NPD, Don Davies, Malcolm Allen, et Ruth Ellen Brosseau lors de la période de questions, met en évidence notre engagement continu envers la défense de ces intérêts. Vous pouvez voir la transcription de leur échange avec le premier ministre en Chambre en cliquant ici.

Nous déplorons que le gouvernement conservateur ait une approche en matière de commerce profondément idéologique. Ils essayent constamment de se servir de nouveaux accords commerciaux pour faire passer le type de politiques de droite que vous avez évoqué dans votre message.

Ils ne s’en tireront pas aussi facilement. À l’automne dernier, nous avons maintenu la pression sur le gouvernement lorsqu’ils ont essayé de faire passer l’APIE entre le Canada et la Chine sans que l’accord soit étudié, débattu ou voté. Nous notons, avec une certaine satisfaction, qu’ils semblent avoir changé d’avis par rapport à la ratification de cet accord-là.

Même si nous avons de sérieuses préoccupations concernant la capacité des conservateurs à négocier un accord acceptable, nous sommes convaincus que l’Union européenne est le type d’économie dynamique aux normes élevées avec laquelle le Canada doive approfondir ses relations. Nous savons que pour bâtir la société juste et prospère à laquelle nous aspirons, il est important d’accroître nos exportations à valeur ajoutée et de diversifier nos relations commerciales.

Toutefois, nous ne sommes pas d’accord avec l’approche idéologique des conservateurs. Nous savons qu’en ce qui concerne les accords commerciaux, les détails sont importants. Par conséquent, nous continuerons de suivre les négociations de près, de soulever nos préoccupations et d’examiner attentivement tout accord final de manière exhaustive afin de déterminer s’il sert les meilleurs intérêts du Canada. Les préoccupations dont vous m’avez fait part feront partie de cette analyse. Je vous remercie de les avoir soulevées.

Merci encore d’avoir exprimé votre point de vue sur cette importante question.

Salutations cordiales,

Thomas Mulcair, député (Outremont)
Chef de l’Opposition officielle
Nouveau Parti démocratique du Canada