Quelle retraite pour moi, ma famille et mes proches!

2013/04/19 | Par Sylvain Martin

Le rapport tant attendu sur les régimes de retraite au Québec, le fameux « Rapport d’Amours », a enfin été déposé.

Les recommandations qui ont fait les manchettes jusqu’à maintenant sont :

- La création d’une rente longévité qui serait versée à partir de 75 ans à tous les Québécois en fonction des montants qu’ils y auront cotisé.

- Le comité met de l’avant une période de négociation de trois ans pour suspendre ou modifier certains droits acquis dans nos régimes à prestations déterminées comme l’indexation de la rente et, en cas d’échec, l’employeur pourra agir unilatéralement à certaines conditions strictes.

- L’appui à la mise en place du régime volontaire d’épargne-retraite (RVER).



Syndicats et patrons : deux points de vue

Au cours des prochaines semaines, nous aurons droit à toutes sortes d’analyses et de recommandations à propos des régimes de retraite des Québécois.

Les centrales syndicales s’entendent sur la nécessité d’améliorer la couverture des régimes publics afin d’assurer une retraite décente aux travailleurs du Québec.

Elles s’opposent à la tendance patronale à vouloir transformer les régimes à prestations déterminées en régimes à cotisations déterminées et elles favorisent la négociation, au cas par cas, pour les régimes en difficulté. Chaque régime ayant ses particularités, une solution unique n’existe pas.

Les associations patronales analysent toutes les propositions en fonction de ce qu’elles vont leur coûter. Autrement dit, si les travailleurs paient, ça va! Si les entreprises sont invitées à contribuer, le discours sur la « perte de compétitivité » et la « complexité administrative » est déjà prêt.


Un air connu

Nos pseudo analystes politiques vont se transformer, pour l’occasion, en actuaires et en économistes aguerris et nous relayer le discours patronal, déjà bien rôdé, sur la retraite. On connaît la chanson! Elle va comme suit.

Pourquoi, nous, pauvres contribuables, devrions-nous payer une retraite dorée aux membres de la fonction publique fédérale, provinciale et municipale, alors que nous ne pouvons nous offrir ce luxe!

On aura alors droit à la ronde des gros chiffres, sans aucune mise en perspective. Puis, dans le refrain final, ils feront chœur avec le patronat pour nous convaincre que demander aux patrons de mettre la main dans leur poche est synonyme de catastrophe assurée pour nos emplois!


La tentation de niveler par le bas

Pour ma part, je ne ferai pas l’analyse détaillée des 21 recommandations du rapport d’Amours. Plusieurs experts s’en chargeront.

Je pense qu’il faut saluer un constat juste de l’état de nos régimes de retraite, des recommandations favorables aux régimes à prestations déterminées, prônant la négociation plutôt que les décisions unilatérales et un consensus sur la nécessité de s’occuper de nos retraites.

Malgré cela, je n’élimine pas la possibilité que le gouvernement cède aux pressions de la droite. Ce n’est pas le rapport D’Amours qui va empêcher cette dernière de remettre en question les régimes à prestations déterminées et les régimes de retraite de la fonction publique.

Niveler par le bas est une voie de facilité qu’empruntent trop facilement, ces années-ci, nos gouvernements.


Des solutions pour nous et nos familles

Nous devrons combattre les raisonnements en silos de certains, en les invitant à regarder autour d’eux. Après tout, quand nous parlons des régimes de retraite et des retraités, c’est de nous et de nos familles dont il est question! Ça implique que les solutions mises de l’avant par le gouvernement devront être des solutions pour nos besoins et ceux de nos familles!

Dans cette perspective, il n'est pas question de ne plus négocier de régime à prestations déterminées dans le secteur privé ou tenir pour acquis que les concessions demandées par nos employeurs sont justifiées. Il faut toujours avoir frais en mémoire l’étude du CTC qui démontre que nos patrons sont assis sur une cagnotte de 575 milliards $, qu’ils laissent dormir!

Finalement, la question qu’il faut se poser et qui devrait guider notre réflexion collective est la suivante : quel genre de retraite est-ce que je désire pour moi, ma famille et mes proches? Une retraite dans la pauvreté, dans l’incertitude des aléas des marchés boursiers ou une retraite décente qui va nous permettre de continuer à être actifs et de contribuer à la société, comme individu à part entière?

Pour ma part, il m’apparaît clair qu’un régime public financé par les travailleurs et les employeurs est le véhicule de retraite le plus sécuritaire et le plus accessible que nous puissions nous offrir.

Photo: Jacques Nadeau - Ledevoir.com