QS et les alliances : Une décision très décevante

2013/05/24 | Par Guy Roy

Lorsque notre camarade et co-porte parole, Guy Roy, est revenu du congrès de Québec solidaire, tenu du 3 au 5 mai dernier, il était assez déçu.  Cela se comprend.   Aucun des choix retenus, à la fin des discussions portant sur l'opportunité ou non de faire des alliances avec les autres partis souverainistes, et autour desquels le congrès devait trancher, n'était vraiment  bon.

En bout de ligne, la résolution la moins pire, si on peut s'exprimer ainsi, et qui fermait la porte à tout projet d'entente, d'ici aux prochaines élections -- l'autre affirmant plutôt que toute alliance était mauvaise par principe, sans égard même à l'état des lieux et indépendamment des modalités --, fut retenue.  Ce n'en était pas moins très frustrant
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Par Guy Roy,
Co-porte parole du PCQ

Le mouvement indépendantiste n’est pas né avec Québec solidaire. Il a des racines historiques profondes dans la nation québécoise. Au fil des ans, des milliers, sinon des centaines de milliers de Québécoises et de Québécois y ont consacré leur vie, faite de sacrifices et d’humiliations par les forces fédéralistes. Ils et elles l’ont fait avec courage devant le mépris ouvert et affiché des uns et des autres dans le camp fédéraliste.

Le mouvement indépendantiste, toutes tendances confondues continue, encore aujourd'hui, à recueillir l’adhésion de plus de 40 % de la population et cela prendrait juste un peu plus d'efforts pour faire remonter cela dans les 50%, pour ensuite même dépasser les niveaux de 1995.  Il serait en même temps prétentieux de penser que Québec solidaire pourra y arriver tout seul.  Sans entente, ni alliance avec d'autres.  Ce serait aussi prétentieux que ceux et celles qui disent que le PQ pourrait y arriver aussi tout seul.

Certains diront sans doute qu'on exagère, mais le refus des uns et des autres de même d'essayer, une fois encore, de conclure de telles ententes, ne pourra que rendre plus difficile le combat du Québec pour sa propre émancipation.

Pour ma part, je continuerai à dire que le travail, avec tous les indépendantistes, est non seulement possible, mais aussi essentiel à tout effort pour redonner une impulsion à tout ce mouvement qui avait et a encore l’objectif de nous sortir du Canada et de briser les liens avec un pays de type impérialiste.

L’urgence de le faire a une fois encore échappé aux militants et militantes de Québec solidaire. Soit.  J'en suis évidemment fort déçu, mais je n’ai pas pour autant de ressentiment. Je suis juste attristé et bien obligé de conclure que cela prendra forcément encore plus d'efforts et de temps.  D'autant que pendant ce temps, on a plutôt tendance à reculer de plus en plus comme société, au Québec.

Voici exposé devant vous certaines de mes expériences récentes qui me confirment l'importance plus que jamais de continuer à travailler dans le sens d'une plus grande unité au sein du mouvement souverainiste.

Au cours de la dernière campagne électorale dans Lévis, là où j'habite -- c'était donc il y a moins d'un an --, les militant-e-s autour de la candidate de Québec solidaire, Valérie Guilloteau, ont rencontré le président du syndicat des Chantiers Davie pour enquêter sur ce que nous pouvions défendre en lien avec tout le dossier de l’industrie maritime le long du fleuve Saint-Laurent.

Il s'agit, faut-il le rappeler, d'une industrie que le fédéral a complètement abandonnée en lui refusant l’obtention de contrats qui lui auraient permis de maintenir des emplois décents dans toute notre région.

Nous avons écouté avec attention ce que M. Brulotte avait à nous dire. À la fin de l’entrevue, sans que nous ayons abordé nous-mêmes la question, M. Brulotte nous a fait part de son inquiétude sur la division des forces souverainistes.

Il nous a dit, entre autres choses, que l’indépendance aiderait beaucoup à assurer la pérennité des Chantiers et des emplois qu’il génère, mais qu'il faudrait en même temps que les souverainistes soient plus unis.

Récemment également, je fus engagé dans une autre expérience de solidarité portant cette fois sur le sort des vendeuses et vendeurs de chez Zellers. Target, qui est en train de s’installer au Québec, demande à ces travailleur-euse-s de renoncer aux avantages qu’elles-ils avaient acquises chez Zellers pour revenir au travail chez Target.

Tout ça est illégal, au sens des normes minimales du travail au Québec. Une pétition demandant à Target de respecter les lois du Québec fut déposée à l’Assemblée nationale par Amir Khadir.

Nous avons aussi tenu une conférence de presse à l’Assemblée Nationale, demandant aux Libéraux (c'était avant que ceux-ci perdent finalement le pouvoir le 4 septembre dernier) d'au moins faire respecter les lois du travail au Québec. 

Avec cette pétition, il fut facile d'aller me présenter à une assemblée des responsables du PQ, dans Chaudière Appalaches, pour leur demander leur appui.  Daniel Breton faisait partie des invité et je voulais aussi l'entendre. L’exécutif local du PQ m’autorisa à faire signer notre pétition. Bien sûr, il y a eu des questions sur la division du vote, mais l’accueil fut cordial et les discussions pondérées.

Je me souviens également de ce qui se passa lors des dernières élections fédérales.  Je fais partie du Bloc Québécois.  Tous étaient heureux de ma collaboration à la tentative de faire élire madame Danielle Maude Gosselin pour le Bloc dans Lévis.

Durant la campagne de Madame Gosselin, j’ai pris connaissance d’un appel à manifester afin de dénoncer, devant les bureaux de Madame Verner, alors responsable conservatrice de la région de Québec, le démantèlement de Droits et Démocratie, un organisme canadien de défense des droits dans le monde.

Imaginez finalement ma fierté d’appartenir à un parti de la rue et des urnes, ayant participé à une tentative de préserver l’emploi de la fille de cette militante du Bloc. Cette responsable du local électoral m’avait auparavant raconté que l’emploi de sa fille à Droit et Démocratie allait être sacrifié sur l’autel de la réaction politique des Conservateurs.

De toutes ces expériences, je conclus que le refus de dialogue dans la recherche d’unité parmi les souverainistes est un cul-de-sac pour Québec solidaire. Il y a vraiment des ouvertures de la base du PQ ou du Bloc pour un travail commun  dans le sens d’un projet commun, celui de l’indépendance du Québec. Et il faudrait en profiter.

Le risque est grand pour Québec solidaire de recommencer à s’enfermer dans une forme de sectarisme dont nous avons longtemps combattu la dérive afin de justement sortir la gauche québécoise de sa marginalité.  Il ne serait pas question, selon notre parti, de retomber dans le même panneau.

À partir de maintenant, il faudrait trouver une autre manière de faire de la politique et de gouverner, qui gagnerait en même temps autour d’elle la sympathie d’une masse critique de Québécois et Québécoises.  Cela pourrait du même coup aider à unir davantage la nation québécoise et ses partis souverainistes sur le chemin de son émancipation nationale et sociale. Cela reste notre plus grand défi pour l'avenir.