La revue À Bâbord ! fête son 10e anniversaire

2013/05/29 | Par Louis-Philippe Sauvé

La revue À Bâbord a fêté en grande pompe son dixième anniversaire,  vendredi dernier en soirée, au cabaret de Mile End. À l’occasion de cette grande fête intitulée À L’abordage, près de 150 personnes étaient présentes, notamment plusieurs personnalités de la gauche québécoise, dont le député Amir Khadir, le professeur Normand Baillargeon et l’artiste  Armand Vaillancourt.

Les festivités se sont déroulées toutes en musique, avec plusieurs spectacles de formations rythmées, comme le Trio de Jazz ÀB, le groupe Chahut d’ruelle, Tintamare et B. Jos Guitare.

La revue À Bâbord est une publication bimensuelle de gauche fondée au printemps 2003, en réaction notamment au Sommet de Québec en 2001 et à la morosité politique du début des années 2000.

Elle a été cofondée par Luciano Benvenuto , Monique Moisan, Pierre Mouterde, Alain Marcoux, Claude Rioux et Gaétan Breton. Dès le départ, Normand Baillargeon offrira sa collaboration.

«Au début, nous n’étions que quelques personnes à s’en parler. On voulait une revue qui traite de façon objective les dossiers d’actualité sous un angle de gauche. Nous visions un public informé qui recherchait des analyse plus approfondies», nous a confié Monique Moisan, l’une des personne fondatrices de la revue.

C’est ainsi qu’au printemps 2003, des professeurs, des militants et des syndicalistes décident de faire un premier essai en publiant Espaces possibles, l’ancêtre du bimensuel. Le but était de permettre au gens des milieux communautaires et syndicaux d’avoir un espace pour faire entendre leur voix.

L’automne suivant, le premier numéro de la revue parait avec, pour première page, une caricature de Jean Charest, alors premier ministre du Québec, annonçant ainsi un dossier  traitant de la réingénierie de l’État et tout près d’une décennie de luttes sociales et politiques.

À Bâbord se voulait, dès sa fondation, une revue indépendante de toute influence directe. La revue, qui est sans but lucratif, est éditée par des militants de tous les horizons de la gauche. Les positions éditoriales de la revue sont prises collectivement. Les auteurs ont carte blanche pour les textes qu’ils rédigent, mais précise Monique Moisan : « La revues a des exigences très fermes quant à la rigueur et l’honnêteté intellectuelle des textes qu’elle publie. Bien que nous tolérerions tous les points de vues, nous sommes très fermes avec les auteurs à cet égard ».

Bien que la revue n’ait pas de ligne éditoriale en soi, elle adopte une sensibilité de gauche sur les questions dont elle traite. À bâbord est donc une revue très préoccupée par les idées progressistes, égalitaires, féministes et altermondialistes. Elle n’a pas de position éditoriale sur la question nationale.

 
Bilan et perspectives

Au cours des dix dernières années, À bâbord! n’a jamais été déficitaire. La publication a toujours fonctionné avec un budget minimal, en n’ayant pas de local permanent, mais aussi grâce à ses nombreux collaborateurs bénévoles. Elle compte aujourd’hui près de sept-cent abonnés qui sont majoritairement des femmes et tire à trois mille exemplaires.

Depuis peu de temps, elle reçoit une assistance financière de Patrimoine Canada.  «On était d’ailleurs agréablement surpris», a confié Monique Moisan, membre du comité d’édition.

Pour ce qui est de l’avenir de la revue, elle croit qu’« on [la revue] vient de franchir un pas important. On veut augmenter le tirage mais, dans l’immédiat, on doit la consolider  et avoir une permanence. Au fil des années, on se rend compte qu’on a un succès d’estime et qu’À Bâbord! est appréciée par les militants. Les numéros jouissent d’une grande longévité», affirme-t-elle.

Tout au long de son histoire, le collectif de la publication n’a jamais été victime de conflits idéologiques. Bien qu’il y ait eu quelques conflits de personnalités dans le passé, « les membres du collectifs prennent plaisir à travailler ensemble», selon Mme Moisan.

Dans l’avenir, À bâbord souhaite devenir un lieu de débats d’idées. Elle a déjà organisé deux colloques sur la laïcité et sur les médias et souhaite répéter l’expérience dans les prochaines années.

Après dix années à animer le débat public et  à fournir un espace supplémentaire à la gauche québécoise, les lecteurs collaborateurs et piliers de la revue lui souhaitent longue vie!