Cépal l’Auberge Nature à Jonquière : un « dossier tordu »

2013/06/05 | Par Maude Messier

Le déclenchement d’un conflit de travail est imminent chez Cépal l’Auberge Nature, dans l’arrondissement Jonquière, à Ville Saguenay. Le 21 mai dernier, les travailleurs se sont prononcés à 85% en faveur de moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée.

Ils sont sans contrat de travail depuis le 31 décembre 2011 et les négociations s’embourbent, en dépit de la présence d’une conciliatrice du ministère du Travail, depuis l’automne, à la demande du syndicat.

« C’est un dossier tordu. Il y a une nouvelle administration depuis deux ans et demie, trois ans, qui ne sont pas de la région. La vision de Cépal a complètement changé, ils veulent maximiser sur la vente des condos. Il faut comprendre que cette direction s’est positionnée depuis le début contre le syndicat en place », explique Sébastien Boies, représentant syndical de l'Union des employés et employées de service, section locale 800 (UES 800-FTQ), joint par l’aut’journal.

« Ils soutiennent qu’il s’agit d’une entreprise familiale, que le syndicat ne représente que des embûches, et que ça coûte cher aux employés pour rien, que la loi les protège déjà, etc. Ils mènent leur campagne antisyndicale et ne s’en cache pas. » M. Boies est d’avis que les négociations sont au point mort précisément parce que la direction refuse de composer avec le syndicat.

La direction invoque une situation financière difficile pour justifier certaines demandes de reculs dans les conditions de travail. La partie syndicale indique avoir « de l’ouverture à ce sujet », mais demande que la démonstration lui en soit faite. « Le problème, c’est qu’on ne sait rien. On n’a pas de chiffres, pas de démonstration, rien. »

Au cœur du litige, c’est surtout le manque de respect dans les relations de travail qui pose un réel problème. Par exemple, M. Boies soutient que l’employeur ne respecte pas la convention collective pourtant toujours en vigueur. « Ils disent qu’elle est échue et qu’ils n’y sont pas tenus. Ils ne connaissent rien aux relations de travail; ça rend les choses impossibles. L’employeur se représente lui-même. Ça peut faire drôle à dire, mais on voudrait bien qu’il fasse appel à un service en relations de travail; c’est assez problématique, merci, pour mener des négociations. »

En février dernier, la direction annonçait la fermeture définitive du service d'hébergement à l’auberge, concentrant les activités autour des services de restauration et les événements corporatifs. Cette fermeture avait entraîné la mise à pied d'une douzaine de travailleurs. Selon des informations reçues par le syndicat, l'employeur aurait recommencé à louer des chambres depuis quelques semaines, sans rappeler les travailleurs mis à pied au travail.

Sébastien Boies estime que si l’employeur mettait autant d’efforts à négocier qu’il en déploie pour casser le syndicat, une entente serait survenue entre les parties depuis longtemps. Le syndicat compte d’ailleurs déposer sous peu une plainte pour ingérence syndicale à la Commission des relations du travail.

Les travailleurs s’étaient déjà prononcés en faveur de moyens de pression le 17 décembre 2012. Un mandat qui n’a cependant jamais été exercé « par respect pour la clientèle », d’indiquer le représentant syndical.

Sans aucun progrès depuis, au chapitre des négociations, les travailleurs ont choisi cette fois de mettre toute la pression possible. « Oui, nous mettrons ce mandat à exécution. Le comité de négociation doit se rencontrer dans les prochains jours pour adopter une stratégie. Est-ce que ce sera une grève générale ou par secteur? On verra. Ce qui est certain, c’est que nous ne voyons pas d’autres débouchés. »

Le représentant syndical affirme ne pas craindre de se faire emboiter le pas par l’employeur par le déclenchement d’un lock-out. « Oui, ça se peut, mais nous sommes déjà déterminés à faire la grève, alors ça ne change pas grand-chose. »

Une quinzaine de travailleurs permanents sont toujours à l’embauche de Cépal depuis les mises à pieds, mais le déclenchement d’un conflit de travail toucherait jusqu’à une cinquantaine de travailleurs, en incluant les travailleurs temporaires saisonniers et les employés à temps partiel.

Selon le syndicat, les taux de salaire des employés, à l'échéance de la convention collective, variaient entre 9,65 $ à 13,45 $ de l'heure, pour des travailleurs avec une moyenne de plus de dix ans d'ancienneté. Rappelons que le salaire minimum est passé à 10,15 $ de l’heure le 1er mai dernier.