Hors des sentiers battus

2013/08/23 | Par Julien Beauregard

Le 10 août dernier avait lieu au Théâtre de la Verdure le spectacle d’Ivan Bielinski mieux connu sous son nom d’artiste Ivy.

J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises de voir en action ce slammeur de la première heure. Le créneau du slam reste encore à être défini mais, surtout, à être découvert par le public.

Est-ce de la chanson, du hip hop ou de la poésie scandée? Ivy se situe au milieu de tout ça. Sa parole est rythmée et interprétée rigoureusement. En plus de l’ensemble musical qui l’accompagne habituellement, un quatuor à cordes s’était ajouté aux musiciens dans une mise en scène de Serge Lamothe.

«Chaude était la nuit» avait chanté un jour Richard Desjardins. Le Théâtre de la Verdure était auréolé des tonalités propres au coucher du soleil. Le ciel orangé qui cède au crépuscule voyait passer les canards sauvages qui s’étaient trempés les palmes dans le lac avoisinant. D’un geste de la main, Ivy a salué leur passage, envouté par la magie du moment.

Oui, il y avait de la magie ce soir-là, suffisamment pour rendre jaloux les organisateurs du Festiblues qui avait lieu au même moment dans le nord de l’île de Montréal.
L’arrangement musical était d’une clarté incroyable, propre à nos grandes salles comme Wilfrid-Pelletier ou la Maison symphonique.

Ce spectacle gratuit avait attiré un public de tout genre. Jeunes et vieux, punks et yuppies étaient réunis. À la sortie du spectacle, l’impression générale était plus que positive. Le Parc Lafontaine a connu son lot d’enthousiasme ce soir-là.

Il y avait quelque chose dans l’air qui a bien résumé l’été culturel montréalais. Nous avons connu une belle chaleur et une quiétude rassembleuse. Il faut dire qu’après avoir connu l’été révolutionnaire de 2012, tout portait à donner un tel constat.

Revenons sur l’artiste et sur son engagement social. Ivy a prêté son talent au profit d’œuvres caritatives. On pourrait sans se tromper considérer son implication à un niveau près du militantisme.

Parmi les causes sociales ou politiques qu’il appuie ou qu’il a appuyées, il y a celle du Garage à musique, un projet issu de la Fondation du Dr Julien. Le vidéoclip «L’enfance» tiré de l’album Hors des sentiers battus paru en 2012 est dédié au financement de ce projet qui œuvre auprès des enfants de 0 à 20 ans.

Puis, il y a la promotion de la langue française que l’artiste met de l’avant dans ses textes. J’ai d’ailleurs noté son passage au spectacle J’aime ma langue dans ta bouche que j’ai relaté dans un article précédent.

Enfin, il y a cette défense du statut de l’artiste. Dans une réinterprétation de la Cigale et la Fourmi de Jean de Lafontaine, Ivy dénonce le caractère flâneur de la cigale qu’attribue Lafontaine à sa Cigale. Il n’a pu s’empêcher de soulever le parallèle entre la fable et le stéréotype véhiculé par les Conservateurs d’Ottawa.

Ivy a soulevé un questionnement essentiel relativement à sa critique de la fable. À quoi pensera la Fourmi lorsque la Cigale aura cessé de chanter?