L’IRÉC, un institut de recherche en pleine croissance

2013/09/05 | Par Gabriel Ste-Marie

L’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) est un organisme qui réalise des recherches sur l’économie québécoise. Fondé en 1999, l’institut a connu une importante croissance au cours des dernières années. Nous avons rencontré son directeur, Robert Laplante.

« Depuis trois ans, nous comptons 68 publications. Les sujets vont de l’accaparement des terres agricoles à l’Accord économique et commercial global Canada-Europe, en passant par l’électrification des transports collectif. Il y a même une monographie sur la situation des chargés de cours à l’université qui est sur le point d’être publiée. » L’IRÉC produit des notes et des rapports de recherches, des mémoires lors de consultations, et a également une publication mensuelle.

La croissance de l’organisme s’explique par l’élargissement de son réseau de membres et de partenaires. Le directeur de l’institut explique que ça permet à l’IRÉC de pouvoir compter sur une équipe appréciable d’économistes : « Nous avons huit chercheurs à temps plein, en plus d’une dizaine de chargés de projets qui réalisent des recherches précises. Il y a aussi des stagiaires et des universitaires avec qui nous sommes affilés. Par exemple, nous avons créé le Centre d’analyse et de suivi de l’Indice Québec (CASIQ) en partenariat avec l’Université de Sherbrooke. » Ce centre produit notamment l’Indice Québec, utilisé par Placement Québec et par le Mouvement Desjardins.

Robert Laplante explique que son institut vise à apporter de l’information et des propositions originales, afin d’enrichir les débats sur l’économie québécoise. « On veut mieux connaître l’économie du Québec, et il y a tellement à faire ! »

Par exemple, dans le dossier de l’agriculture, l’IRÉC a travaillé avec l’Union des producteurs agricoles (UPA) pour analyser le phénomène de l’accaparement des terres. Avec l’incertitude des marchés, acheter des terres devient un placement intéressant pour les institutions financières, mais fait en même temps exploser leur prix, ce qui limite le développement de nos fermes.

Le chercheur-économiste François l’Italien, rattaché à l’Université Laval, a documenté la situation, comparé le problème avec la situation française, pour proposer qu’un Bureau d’enregistrement et de surveillance répertorie et autorise toute transaction foncière, en exerçant un droit de préemption sur la base d’unités régionales. Robert Laplante se réjouit que cette proposition ait été reprise par l’UPA et même retenue, pour l’instant en paroles seulement, par le ministre de l’Agriculture François Gendron.

Toujours dans le secteur de l’agriculture, l’IRÉC travaille à mieux comprendre l’endettement des fermes, ce qui a pour conséquence de moins en moins de fermes familiales, et la création de méga-fermes. Laplante explique : « Pour bien saisir le phénomène et comprendre chaque problématique, il faut déconstruire filière par filière. Par exemple, quelle est la réalité et les difficultés rencontrées par les éleveurs de porcs. C’est de cette façon qu’on peut ensuite effectuer des propositions pour sécuriser les revenus de nos agriculteurs et éviter la concentration. »

Dans le cadre du développement possible de l’exploitation des hydrocarbures dans l’Est du Québec, l’IRÉC a développé une collaboration avec le Cégep de Gaspé autour du Centre d'Initiation à la Recherche et d'Aide au Développement Durable (CIRADD).

Robert Laplante explique que l’institut travaille à mieux comprendre les impacts économiques d’une telle activité et compare différents modèles de développement : « On travaille à produire des documents qui défendent le point de vue et les intérêts des Gaspésiens. Il faut changer le modèle, qui a toujours été le même pour la forêt, les mines et les pêches. On extrait les ressources sans s’assurer de retombées intéressantes à la région. » Le document produit par l’IRÉC a suscité un intérêt régional et a été présenté lors de plusieurs consultations en Gaspésie.

En nommant et expliquant les principales réalisations et activités de l’IRÉC, le directeur de l’organisme rappelle l’important colloque sur la politique industrielle du Québec qui a eu lieu en mai dernier : « Son succès s’explique tant par la qualité du contenu que le nombre de gens qui y ont assisté. Nous avons aussi publié, avec plusieurs collaborateurs, deux gros rapports. » Cet automne, Robert Laplante explique que l’IRÉC présentera des propositions pour renouveler le modèle québécois.

L’institut participera aussi à une série de conférences en partenariat avec la maison du développement durable, autour des dimensions économiques des changements écologiques. C’est que l’économie verte et la transition écologique constituent un axe de recherche important pour l’IRÉC. L’électrification des transports collectifs, et notamment le projet de monorail reliant les grandes villes québécoises, sera abordée. Une autre conférence portera sur la contribution des fonds des travailleurs à la transition écologique, tout comme l’enjeu de la biométhanisation et celui du compostage.

À ce sujet, Robert Laplante rappelle que les déchets compostables seront interdits d’enfouissement à partir de 2015 : « Nous voulons savoir comment cette nouvelle dépense pourra maximiser les retombées dans l’économie québécoise. Ce changement représente une dépense de 650 millions $ et il faut s’assurer que la rente économique qui en découle soit bien distribuée plutôt que profiter seulement à quelques entreprises, comme c’est souvent le cas dans le secteur des déchets. Nous allons effectuer des propositions opérationnalisables pour assurer le développement local, pour bien développer la biométhanisation, et pour permettre à nos agriculteurs de substituer partiellement le compost à l’importation d’engrais. »

Le directeur explique que l’IRÉC a plusieurs autres projets, comme la création du fonds documentaire Jean-Louis Tassé, qui regroupe un siècle d’informations financières québécoises. La première phase du projet sera en ligne cet automne.

Robert Laplante apprécie la croissance rapide de son organisme, même s’il reconnait les dangers qui y sont associés. « Il faut maintenir la qualité de nos recherches et publications, et surtout notre indépendance. L’IRÉC est une fiducie sans but lucratif qui compte un conseil d’administration dont les membres représentent plusieurs milieux de la société québécoise, ainsi qu’un conseil scientifique de haut niveau. »

Il poursuit : « Notre financement provient du soutien de nos membres, de nos droits de propriété intellectuelle de l’Indice Québec, mais aussi des mandats que nous réalisons auprès d’organisations gouvernementales, privées et institutionnelles. Nous réalisons ces mandats seulement lorsqu’ils sont compatibles avec notre mission et nos objectifs. »

Les objectifs de l’IRÉC sont d’appuyer et d’encourager la recherche en économie, et chercher, avec d’autres, les meilleures voies de réalisation du bien commun et contribuer à la construction d’une économie plurielle au Québec.