Loblaw : une série de conflits en Abitibi-Témiscamingue

2013/09/17 | Par Maude Messier

La quarantaine d’employés syndiqués au Maxi de Rouyn-Noranda sont en lock-out depuis le 20 août 2012. Un autre lock-out affecte aussi la trentaine d’employés du Provigo de Témiscaming depuis le 14 décembre 2012. Au Loblaw de Rouyn-Noranda, une centaine de syndiqués sont en grève depuis le 10 juin 2013.

Jeudi et vendredi dernier, des manifestations de solidarité organisés par des conseils centraux de la CSN ont eu lieu à Saint-Sauveur et à Joliette, devant des magasins appartenant à Loblaw.

D’autres actions similaires sont prévues au cours des prochaines semaines devant des succursales de la chaîne partout au Québec, qu’ils soient syndiqués ou non, avec pour objectif d’informer la population sur les conflits de travail impliquant Loblaw et ses pratiques.

« On devait avoir trois négociations une après l’autre, mais elles sont toutes en même temps finalement parce que l’employeur ne négocie pas », explique Sylvain Nolet, conseiller syndical de la CSN en Abitibi-Témiscamingue.

Pour Sylvain Nolet, l’entêtement de Loblaw, propriétaire des bannières Provigo et Maxi, à imposer sa volonté est au cœur des litiges. « Ils nous parle, mais ils ne négocient pas. Il n’y a jamais eu de véritables négociations à part sur des généralités et des banalités.»

Sa crainte est de voir les négociations qui doivent débuter à la fin de l’automne au Provigo de Chibougamau et au printemps à Ville-Marie prendre la même tangente. Les travailleurs de ces deux établissements sont aussi représentés par la Fédération du commerce de la CSN.

À l’heure actuelle, il semble que les négociations soient au point mort.

Après vingt-deux ans d’ancienneté et un poste d’assistante-gérante, Cathy Presseault, également présidente du syndicat du Provigo de Témiscaming, gagne 12,40 $ de l’heure. Sylvain Nolet fait valoir qu’au cours des dix dernières années, les hausses de salaire ne couvrent pas la hausse du coût de la vie.

Dans le cas du Loblaw de Rouyn-Noranda, la discorde se situe au-delà du monétaire. M. Nolet soutient que l’employeur veut carrément « déchirer la convention et recommencer à zéro. Ils veulent diminuer les conditions des plus anciens, mais ne veulent pas en donner aux plus jeunes. Plus de flexibilité, moins de contraintes, ironise-t-il. Avec eux, c’est tu prends ce que je te donne ou je ferme. »


Une communauté affectée

Le Provigo de Témiscaming est la principale épicerie à desservir la municipalité d’au plus 3 000 personnes. Depuis neuf mois, ils doivent sortir de la ville pour faire leurs achats.

Le syndicat a mis en place une navette trois fois par semaine pour les citoyens ayant besoin de transport. « Nous avons rencontré la population à deux reprises depuis le début du lock-out pour expliquer que ce n’est pas notre choix d’être dans la rue, ce n’est pas une grève, dans ce cas-ci. »

Sylvain Nolet tient à rappeler que l’employeur a déclenché le conflit après que les employés se soient présentés sur les lieux de travail avec un chandail sur lequel il y avait l’inscription : « Le respect avant tout ».

Quelle sera la suite des choses? « Pour les deux lock-out, la balle est dans le camp de l’employeur. Pour le Loblaw de Rouyn, il y aura un retour aux tables si l’employeur accepte de faire son bout de chemin et d’arrêter de demander des reculs. Une négociation, c’est pour avancer. On ne négocie pas nos conditions de travail à la baisse. » Il estime que la partie syndicale a, quant à elle, déjà revu ses demandes salariales.

Demeurer compétitifs, baisser les prix pour les consommateurs. « C’est ce qu’ils invoquent en négo pour justifier les concessions exigées des employés. La walmartisation des conditions de travail nous inquiète. On ne peut pas en faire les frais comme ça. Il y a toujours bien une limite. »

Le conseiller syndical invoque aussi le fait que les orientations de l’entreprise sont prises en dehors du Québec et que les représentants de Loblaw doivent constamment se référer à Toronto. « Là-bas, ils n’en n’ont rien à faire de Témiscaming. Les actions de solidarité servent aussi à toucher leur image parce que ça, ça les dérange. »

Le 27 juin 2013, la Commission des relations du travail a rendu une décision favorable au syndicat qui représente les travailleurs du Loblaw de Rouyn-Noranda pour entrave aux activités syndicales, négociations de mauvaise foi et atteinte à la liberté d’association.


Maxi de Rouyn-Noranda :
- 40 travailleurs en lock-out depuis le 20 août 2012

Provigo de Témiscaming :
- 30 travailleurs en lock-out depuis le 14 décembre 2012

Loblaws de Rouyn-Noranda :
- 100 travailleurs en grève depuis le 10 juin 2013