La Charte : une  lutte pour une invisibilisation des membres des cultures minoritaires!!!

2013/09/26 | Par Pierre Dubuc

« Je veux être identifié par ma citoyenneté et non par mon appartenance religieuse », déclarait Ali Kaidi de l’Association des Nord-Africains pour la laïcité (AQNAL), lors de la conférence de presse du Rassemblement pour la laïcité.

Le fait d’identifier les gens originaires du Maghreb par leur religion musulmane plutôt que par leur citoyenneté est un immense recul. Au milieu du XXe siècle, l’humanité avait fait un extraordinaire pas en avant lorsque le principe de la nationalité avait détrôné le principe religieux et que les habitants du Maghreb s’identifiaient comme Algériens, Marocains, Tunisiens, etc., plutôt que comme musulmans.

Au Québec, nous avons, à la même époque, fait une démarche similaire. Nous avons cessé de nous identifier comme Canadiens-français catholiques et nous nous sommes proclamés Québécois. Le principe de la nationalité envoyait aux poubelles de l’Histoire l’identification religieuse.

Cependant, il arrive que les fonds de poubelles reviennent à la surface. C’est ce que se passe aujourd’hui avec le retour en force des religions. La marche de l’Histoire n’est pas une ligne droite et il lui arrive d’effectuer d’importants sauts en arrière.

L’objectif de la mal-nommée Charte des valeurs – dont le contenu ne concerne que la laïcité – est précisément de contrer ce mouvement en inscrivant la laïcité au cœur du projet d’avenir de la société québécoise.

Dans un texte publié sur le site Internet Presse-toi à gauche, Bernard Rioux, un militant de la région de Québec identifié à Québec solidaire, affirme, au contraire, que la charte – qu’il qualifie de catho-laïcité – est un instrument d’« ethnicisation de la citoyenneté » et que son adoption provoquerait une « polarisation entre les QuébécoisEs d’origine canadienne-française et leurs traditions catho-laïques et les QuébécoisEs tenants d’autres traditions religieuses au sein de la société québécoise ».

Comment en arrive-t-il à cette conclusion? On ne le sait trop. Mais on devine qu’il est aveuglé par le maintien du crucifix. La croix l’empêche de voir la laïcité, comme l’arbre empêche de voir la forêt.

Mais il y a plus. Bernard Rioux soutient que la charte est une « lutte pour une invisibilisation des membres des cultures minoritaires »!!! Rien de moins!

Ainsi donc, selon Rioux, les membres des cultures minoritaires deviendraient « invisibles », si on leur enlevait leurs signes religieux ! Ils auraient beau être Noirs ou avoir le teint basané typique des gens du Maghreb, dépourvu de leurs signes religieux, on ne les reconnaîtrait plus !

« Identifiez-moi par ma citoyenneté, non par ma religion », disait Ali Kaidi à l’intention de gens comme Rioux. Il ajoutait : « Avec la montée des religions, si on n’impose pas la laïcité, c’est le catholicisme qui, éventuellement, réoccuperait tout l’espace civique et public au Québec, étant donné la composition de la population. »

Il a mille fois raison. D’ailleurs, les Évêques du Québec, qui suivent avec un grand intérêt le débat en cours, ont pris officiellement position en faveur de la laïcité ouverte, la position défendue par Québec Solidaire!

Comme l’affirme la Déclaration du Rassemblement pour la laïcité, « loin d’être une négation du pluralisme, la laïcité en constitue le socle. Elle est la seule voie d’un traitement égal et juste de toutes les convictions parce qu’elle n’en favorise ni n’en accommode aucune, pas plus l’athéisme que la foi religieuse ».

Pour signer la Déclaration, cliquez ici.