Chili : retour sur un coup d’État

2013/09/27 | Par Ovide Bastien

Ovide Bastien est l’auteur de Chili: le coup divin, Éditions du jour, Montréal, 1974

Dans un article antérieur (Devoir, le 16 septembre 2013), je décrivais la crise profonde dans laquelle m’avait plongé le renversement militaire de Salvador Allende il y a 40 ans, le 11 septembre 1973. Crise par rapport aux États-Unis, à l’Église catholique chilienne et au gouvernement canadien.

Dans les trois articles qui suivent, j’approfondis chaque aspect de cette crise. D’abord, je retrace la forme de l’intervention étatsunienne dans le renversement d’Allende; ensuite je décris le rôle joué par la hiérarchie de l’Église catholique chilienne durant et après le coup d’État; et enfin je décris ce qui s’est passé dans l’ambassade canadienne à Santiago dans les jours qui suivirent l’intervention militaire.


Anatomie de l’intervention américaine au Chili en 1973

La montée des forces progressistes au Chili menace les intérêts des entreprises américaines dans ce pays. Afin d’empêcher la victoire d’Allende lors des élections chiliennes de 1964, la CIA, selon le rapport du Comité du Sénat américain Covert Action in Chile: 1963-1973, «  dépense plus de 2.6 millions pour le candidat de la Démocratie chrétienne, (…) monte une campagne massive de propagande anti-communiste (…) et fait un usage abondant de la désinformation (…) À partir de 1968 les éditoriaux publiés par El Mercurio sont inspirés par la CIA, et ce pratiquement tous les jours ».

Le 17 novembre 1965, le Pentagone, de plus en plus conscient des limites de la force militaire pure, retient les services de ABT Associates Inc. pour mettre au point, avec l’aide de sociologues, un modèle de simulation dans lequel un pays fictif, Patria, vit un processus révolutionnaire et dans lequel la principale industrie, le cuivre, est exploité par une entreprise américaine, Anaconda Copper. L’objectif de la simulation? Prédire, et ainsi pouvoir mieux influencer, le comportement des différents secteurs : armée, propriétaires terriens, partis de gauche, de centre et de droite, étudiants, ambassades étrangères, grandes entreprises étrangères, etc.

Comme le révèlent les documents secrets de l’International Telephone and Telegraph (ITT), publiés en 1972 par le reporter Jack Anderson, un plan pour renverser Allende, fruit d’une collaboration étroite entre ITT, qui a d’importants investissements au Chili, la CIA, et les généraux Viaux et Valenzuela, est élaboré dès son élection en septembre 1970. Les généraux, très étroitement liés aux secteurs conservateurs chiliens et auxquels la CIA et ITT promettent des millions de dollars, préfèreraient passer à l’action immédiatement. La CIA, assagie par ses échecs au Vietnam et le modèle de simulation de ABT Associates Inc., décide au contraire qu’il est préférable de remettre l’opération à plus tard. Au lieu de renverser Allende alors qu’il a le vent dans les voiles, mieux vaut, affirme la CIA, d’abord tout faire pour plonger l’économie chilienne dans le marasme, noircir Allende dans la presse nationale et internationale, inciter les secteurs chiliens anti-Allende à fomenter le chaos par des actes de sabotage et, ensuite seulement, passer à l’action. Ainsi, le coup d’État sera perçu par une partie importante de la population comme un acte de restauration de l’ordre et de libération.

Lorsque j’arrive au Chili en juillet 1973, le pays est bel et bien secoué par une profonde crise économique et des actes de sabotage de plus en plus nombreux : explosions dans les stations d’essence, pannes d’électricité, ponts dynamités, etc. Le plan fonctionne à merveille.

Il faut faire la queue pour acheter pain, lait, viande, etc. L’inflation est galopante. Le marché noir, florissant. Les propriétaires de camion, financés par la CIA, initient un arrêt de travail qui, peu à peu, s’étendra à divers secteurs aisés de la population.

L’aide financière américaine, ainsi que l’aide des grandes institutions financières comme la Banque mondiale et le FMI, qui surabondaient sous le gouvernement Frei, sont réduites sous Allende à des poussières. Une exception qui augure mal : les militaires chiliens voient leur aide non seulement maintenue mais augmentée.

Dans son éditorial du 15 juillet 1973, le quotidien conservateur, El Mercurio, encourage ouvertement les militaires à renverser Allende. Il rappelle qu’en 1965, alors que le communisme menace l’Indonésie, l’oligarchie, avec l’aide de la CIA, exécute plus de 500,000 personnes de la gauche, ce qui permet au pays de retrouver rapidement la stabilité et de renouer avec une croissance économique remarquable!

Le 22 aout 1973, la CIA verse un million de dollars aux partis d’opposition qui, au même moment, approuvent une motion au Congrès déclarant inconstitutionnel le gouvernement Allende.

Lorsque qu’un million de Chiliens et de Chiliennes manifestent dans les rues de Santiago le 4 septembre 1973 pour appuyer Allende, ils sont très conscients que leur président est loin d’être parfait et qu’une partie de la crise qui les fait souffrir découle de ses erreurs. Mais ils sont également conscients que cette crise provient aussi, et de façon importante, d’un plan inique conçu et exécuté par les États-Unis avec la droite chilienne.

Une semaine plus tard, c’est le coup d’État militaire avec ses conséquences dramatiques : un peu plus de 3,000 morts, création de plusieurs camps de concentration où des milliers de personnes sont torturées, et plus de 250,000 Chiliens qui doivent s’expatrier. Une dictature qui dure presque 17 ans et qui instaure un modèle économique néolibéral où les droits des travailleurs sont carrément réduits et l’éducation, la santé et les pensions radicalement privatisées. Le plan est un succès.

Aujourd’hui, malgré une croissance économique remarquable depuis le coup d’État de 1973, le Chili demeure un pays où l’inégalité de la richesse est énorme. Depuis deux ans, le mouvement étudiant se mobilise fortement pour déprivatiser l’éducation, une mobilisation appuyée par la majorité de la population.

Les sondages récents révèlent que Salvador Allende, malgré le salissage systématique de son nom par les militaires et la CIA pendant 17 ans, est perçu par la majorité des Chiliens et Chiliennes comme étant la plus grande personnalité de toute l’histoire du Chili. Signe que le modèle économique actuel, qui repose sur un individualisme éhonté, ne rencontre peut-être pas les aspirations profondes du peuple chilien, si fortement éveillées durant les trois années du gouvernement Allende.


Le rôle de l’Église chilienne dans le Coup d’État du 11 septembre 1973

Dans l’éditorial du numéro de septembre 2013 de la revue Relations, Jean-Claude Ravet commente ainsi le rôle joué par l’Église catholique durant le coup d’État chilien : «L’horreur aurait pu être pire, comme sous la dictature argentine quelques années plus tard (plus de 30 000 disparus entre 1976 et 1983), n’eût été de la décision de cette institution, jouissant d’un statut social privilégié, d’offrir protection aux persécutés, au nom de l’Évangile, faisant fi du diktat des militaires : « Mêlez-vous de vos affaires, et il ne vous arrivera rien ».

S’il faut saluer le rôle important joué par le Comité justice et paix mis sur pied par l’Église catholique chilienne en étroite collaboration avec les autres Églises – en témoigne le combat de Marie-Denise Dubois, Sœur de la Congrégation Notre-Dame (Devoir, le 6 mars 2013) – il est tout à fait faux de laisser entendre que cette institution, au nom de l’Évangile et des marginalisés, a fait fi du diktat des militaires de se mêler de ses affaires.

Comme je le démontre dans « Chili : le coup divin » (Éditions du jour, septembre 1974, 254 p.), il y a plein de faits qui indiquent la complicité de l’Église catholique dans le renversement d’Allende. Le 4 septembre 1973, alors qu’un million de sympathisants de l’Unité populaire déambulent dans les rues de Santiago pour célébrer le troisième anniversaire du gouvernement Allende, le Père Raul Hasbun, secrétaire personnel du primat de l’Église chilienne, le Cardinal Raul Silva Henriquez, prononce un discours fleuve sur le canal 13 de l’Université catholique dans lequel il affirme qu’Allende, sous l’influence du marxisme-léninisme, une idéologie étrangère à l’âme chrétienne chilienne, dirige le pays vers la haine et la pauvreté et en conséquence l’exhorte à démissionner.

Le 18 septembre, une semaine après l’intervention militaire et alors que m’arrivent plusieurs témoignages selon lesquels le nombre de morts est énorme, qu’on emprisonne les gens dans le Stade national et qu’on y pratique la torture, qu’on coupe les mains d’une personne dans un quartier populaire, qu’on transporte les cadavres en avion pour les jeter à mer, le Cardinal Raul Silva Henriquez prie en public avec la junte militaire et lui offre toute sa « désintéressée collaboration ». Et cela, dans une cérémonie religieuse télédiffusée à travers tout le pays grâce au seul canal qui a survécu au coup d’État, le canal 13.

Le 9 octobre 1973, la junte militaire rencontre le Cardinal Henriquez. Selon le compte rendu du quotidien El Mercurio, le Cardinal Henriquez affirme que d’une part, la junte a permis à l’Église de jouer son rôle de bon Samaritain, qui consiste à panser les plaies et à soulager la souffrance, et que d’autre part, l’Église, elle, a promis de collaborer avec la junte pour améliorer l’image du Chili à l’étranger en faisant connaître la vérité.

Deux jours après cette rencontre, Pinochet prononce un discours devant la nation dans lequel il se réfère au 11 septembre comme au jour « où la main de Dieu est intervenue pour nous sauver! »

Quelques jours plus tard, le Comité de justice et paix, qui accordera de l’aide humanitaire et légale aux victimes de la répression, est mis sur pied.

En décembre 1973, la conférence épiscopale chilienne fait parvenir aux évêques du monde entier une longue analyse de la situation au Chili. Strictement confidentiel –je l’ai obtenu grâce au Père Bill Smith, employé de la Conférence épiscopale canadienne, qui, comme Edward Snowden, voulait libérer sa conscience—, ce document affirme que « la presse internationale a tellement déformé les évènements au Chili (…) qu’il fallait en quelque sorte offrir des éléments de jugements pondérés. (…) Les Forces armées et les Carabiniers du Chili ne sont absolument pas putschistes ou fascistes; leur constante tradition en est une de professionnalisme. (…) Pour la grande majorité des Chiliens, le 11 septembre 1973 représenta la fin d’un cauchemar, (…) de l’ingérence de politiciens étrangers (qu’on se rappelle la lettre de Fidel Castro au Président Allende le 22 juillet 1973), de la violence sous toutes ses formes, de l’appauvrissement brutal de la nation et, par dessus-tout, de la marxisation dans laquelle le Chili se trouvait entrainé; tout cela se terminait par un acte des Forces armées (…) lesquelles représentent une véritable réserve morale de l’âme nationale. »

Pas un seul mot, dans le document, sur la flagrante et grossière intervention étatsunienne qui a renversé Allende.

De toute évidence, l’Église, contrairement à ce qu’affirme Jean-Claude Ravet, ne confronte pas courageusement la dictature militaire, en faisant fi de son diktat de se mêler de ses affaires. Elle lui offre plutôt sa pleine collaboration.

Devant la tragédie qui se déroule devant mes yeux, cette complicité me bouleverse et me révolte. Je conclus ainsi « Chili : le coup divin » :

« Bien qu’imparfaite, l’unité entre l’Église et la droite chilienne est là, claire, indéniable et substantielle : le président de la Conférence épiscopale est un bon catholique : la junte aussi. Le cardinal affirme ne représenter, lui et les évêques, aucun courant politique et aucun intérêt de groupe : la junte également. Il se dit motivé par le seul bien-être du Chili. La junte aussi. Il s’inquiète beaucoup de la profanation sacrilège de l’âme chilienne par une idéologie étrangère : la junte la brûle par centaines de tonnes. Il invite tous les Chiliens à collaborer, comme lui-même et les évêques, avec le nouveau gouvernement : la junte ne demande pas mieux. L’Église se lance plus que jamais dans les œuvres de charité, le soin des réfugiés, des pauvres et des opprimés, des veuves et des orphelins, de ceux qui ont faim et soif, de ceux qui sont persécutés et torturés : la junte lui offre toute sa désintéressée collaboration dans ce rôle de bon Samaritain en assurant tous les jours qu’elle ne manque pas de boulot. »


Ambassade canadienne : coup chilien du 11 septembre 1973

Le matin du 11 septembre, peu de temps avant le bombardement du Palais présidentiel où se trouve Salvador Allende, nous entendons quelqu’un cogner à la porte. Comme des militaires échangent des coups de feu avec quelqu’un qui se trouve sur le toit de notre appartement, nous hésitons avant d’ouvrir.

Patrick Boucher, journaliste qui collabore régulièrement avec Le Devoir et le Monde Diplomatique, entre et se jette dans nos bras. Il tremble et sanglote. « Je ne savais pas si j’en sortirais en vie », dit-il, lorsqu’il récupère la voix.

Patrick demeure avec nous plusieurs jours. Nous entendons les Hawker Hunters nous survoler et tirer des rockets sur le Palais présidentiel. Émus, nous écoutons le dernier discours d’Allende à la nation avant sa mort.

Comme l’information qui nous parvient de nombreux témoignages est peu rassurante—on remplit le Stade national de prisonniers et on y pratique la torture, on assassine, on transporte des cadavres à l’aéroport pour les jeter à mer—le 19 septembre, Wynanne, ma conjointe d’alors, et moi décidons de nous réfugier dans la résidence de l’ambassadeur canadien, Andrew Ross. On nous refuse l’entrée. Suite à une longue négociation durant laquelle Wynanne éclate en sanglots, on nous accueille. « Pourquoi êtes-vous venus ici, vous croyez-vous en danger? Les gens commencent à être hystériques et s’énervent pour un rien », s’exclame Mme Ross.

À l’intérieur de la résidence, je continue, comme je le fais depuis mon arrivée au Chili, à écrire mon journal intime. Le 20 septembre: « M. Marc Dolgin, le premier secrétaire de M. Ross, affirmait hier soir que sa journée à l’ambassade au centre ville avait été fort déprimante en raison du grand nombre de personnes qui le suppliaient de leur accorder l’asile. » Le lendemain : « M. Dolgin nous annonce que le gouvernement canadien leur demande de n’accepter aucun réfugié. Présentement nous en avons dix, dont trois Canadiens ». Au même moment, il y a des centaines de réfugiés dans l’ambassade du Mexique, et autant dans d’autres.

Je me rends vite compte que pour M. Ross, le coup d’État représente un heureux dénouement. En berçant son chien, Mme Ross me raconte que la junte militaire vient de nommer leur ami personnel, un général, ministre de la santé.

À Ottawa exactement le même jour, Bob Thompson, un employé de l’ACDI, s’étonne lorsqu’il voit les télégrammes strictement confidentiels que M. Ross envoie au Ministère des affaires extérieures : « Je doute fortement que la junte autorise des assassinats politiques (…) Le Chili a connu une vague de politisation exagérée et je suis convaincu qu’à la première occasion les militaires organiseront des élections (…) Plusieurs de ceux qui se retrouvent dans le Stade national sont des étrangers et de la racaille de la gauche latino-américaine. Je ne vois pas pourquoi le gouvernement canadien ne s’empresserait pas de reconnaître le nouveau gouvernement chilien. »

Le 21 septembre j’écris: « Nous essayons d’aider les gens en danger à entrer dans l’ambassade, mais comme M. Ross vient de nous couper de toute communication avec l’extérieur, cela est devenu impossible. Donc ce matin je suis retourné à mon appartement. Wynanne demeure dans l’ambassade, car elle joue un rôle de médiation entre les réfugiés et Mme Ross. »

Le 27 septembre : «Quelqu’un cogne à la porte de notre appartement. Wynanne ouvre. C’est le Dr. Roberto Bellemare, responsable du programme national de médecine préventive sous Allende. Son visage est pâle. Il était venu nous annoncer, hier, sa décision de rester au Chili malgré le danger. Et maintenant la peur, la tristesse, l’inquiétude profonde partout sur son visage! Vers 5 pm, nous explique-t-il, j’ai reçu la visite d’un médecin de droite qui est proche des militaires. Il m’a appris que je suis sur la liste noire des militaires et que je dois prendre immédiatement refuge dans une ambassade. Wynanne court chez Olga, notre voisine, et téléphone à M. Marc Dolgin. Il nous conseille d’amener M. Bellemare immédiatement à la résidence de M. Ross.

Il pleut. Roberto, son épouse Edith, leur bébé de trois mois dans les bras. M. Ross sort de l’ambassade avec un parapluie. Il écoute la supplication du couple, et refuse de leur accorder l’asile. Selon ses informations, la vague de violence est passée. Au plus les militaires ne font que des prisonniers. Plus souvent qu’autrement ils ne veulent que les faire parler. Les gens s’énervent pour rien. 

Wynanne supplie. Moi aussi. La réponse est toujours non. Il pleut. Nous n’avons pas de parapluie. La colère. La tristesse. Le dégout. L’indignation. Le Canada! »

Le lendemain matin, complètement révolté, je rédige un rapport sur l’attitude de M. Ross et l’apporte à M. James Reed, un journaliste canadien qui avait demandé de me rencontrer dans le restaurant de l’Hôtel Carrera. J’écris : « Lorsque je rencontre M. Reed à 2 pm dans le restaurant, il est en train de dîner avec l’attaché de presse de la junte militaire, M. Federico Willoughby McDonald. »

Le 29 septembre M. Mitchell Sharp annonce que le Canada va reconnaître le gouvernement chilien, et que la situation au Chili n’exige pas qu’on accepte d’autres réfugiés chiliens. M. Thompson, étonné et profondément choqué, décide de passer outre au secret diplomatique et transmet à John Carney, un député du NPD à la Chambre des communes, tous les télégrammes de M. Ross.

Assez rapidement, les médias s’emparent des télégrammes et le gouvernement canadien se trouve dans l’embarras. On exige le renvoi de M. Ross et l’ouverture du Canada aux réfugiés canadiens.

Le 14 novembre 1973, Jean-Claude Leclerc, du Devoir, écrit un éditorial intitulé 30,000 Hongrois, 16 Chiliens dans lequel il fustige le gouvernement canadien qui ouvre rapidement ses portes aux réfugiés des pays de l’Est mais les ferme carrément aux réfugiés chiliens.

S’ajoute la pression énorme et croissante, particulièrement au Québec, exercée par certains dirigeants des Églises, les syndicats et les groupes populaires qui remettent en question l’attitude du gouvernement canadien. Invitée par des groupes de solidarité internationale, Mme Hortensia Allende, la veuve d’Allende, fait une tournée au Canada. Le Premier ministre, Pierre Elliott Trudeau, accepte de la rencontrer.

Dans les jours qui suivent, le gouvernement Trudeau décide d’envoyer M. Jeffrey Pearson, des Affaires extérieures, au Chili pour enquêter. Ce dernier conclut que la répression est énorme, que les Chiliens méritent l’asile, qu’ils feront d’excellents citoyens canadiens, et qu’en conséquence le Canada doit leur ouvrir ses portes.

C’est ainsi que, grâce au courage d’un fonctionnaire de l’ACDI, au travail de la presse et, surtout, à un mouvement extraordinaire de solidarité, plus de 7000 Chiliens seront acceptés au Canada comme réfugiés. Solidarité populaire, exprimée aussi à l’époque dans plusieurs autres pays du monde, que le gouvernement chilien actuel a tenu à souligner en invitant des représentants du Québec et d’ailleurs à venir au Chili célébrer le 40e anniversaire du 11 septembre 1973.