Perspective de grève chez Renaud-Bray

2013/10/22 | Par Maude Messier


Les syndiqués de onze succursales des librairies Renaud-Bray, principalement dans la grande région métropolitaine, pourraient déclencher des moyens de pressions pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée.

Les quelques 250 travailleurs représentés par le Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau (SEPB-FTQ) sont sans convention collective depuis le 31 décembre 2012. Les négociations ont débuté en décembre de la même année.

Joint par l’aut’journal à la sortie d’une rencontre en présence d’un conciliateur, le directeur exécutif du SEPB-Québec, Serge Cadieux, a déclaré : « Il n’y a pas grand chose qui bouge à la table. Nous avons convenu, avec le conciliateur, d’identifier des cibles prioritaires conditionnelles à un règlement. On doit se revoir là-dessus dès lundi. »

Il ajoute que son organisation sera entièrement disponible pour négocier de façon intensive cette semaine. « Si on voit que l’employeur n’est pas prêt à négocier, nous exercerons les mandats qui nous ont été octroyés », déclare-t-il en entrevue.

La reconnaissance du métier de libraire, la stabilité des horaires et les conditions salariales sont au coeur des priorités pour le SEPB.

Sur la question des salaires, le syndicat demande des hausses de 3% par année, pour une convention de trois ans. « Il faut comprendre que malgré leur ancienneté, ces travailleurs gagnent à peine le seuil de faible de revenu. »

Serge Cadieux fait valoir qu’actuellement, le salaire d’entrée des commis a dû être relevé en fonction de la hausse du salaire minimum. Le salaire des libraires varie de 11,66$ à 13,56$ de l’heure au maximum de l’échelle salariale, jusqu’à 20,44$ de l’heure pour les chefs libraires. Pour les chefs d’équipe, le salaire se situe entre 14,81$ et 17,78$ de l’heure.

Le dirigeant syndical estime que la moitié des employés sont des étudiants, majoritairement universitaires. Pour l’autre moitié, il s’agit d’un emploi permanent, d’une carrière de libraire.

« Je peux vous dire que 80% des libraires dans ces succursales sont des diplômés universitaires. C’est donc dire que ces libraires professionnels, incluant les chefs libraires, ne peuvent espérer un salaire horaire au-delà de 20,44$ de l’heure. »

M. Cadieux insiste sur le fait que la qualité du service et des conseils a longtemps fait la marque de commerce de Renaud-Bray, « maintenant, ils remplacent des libraires par des commis et font faire des tâches de commis par des libraires. » Une motivation économique qui se détruit par une dévalorisation, qualitative et quantitative, de la profession des libraires.

Sur la question des horaires, le syndicat avait amorcé les négociations avec une demande pour améliorer l’accès à la permanence et diminuer la précarité. À l’opposé, l’employeur réclame plus de flexibilité dans les horaires des employés à temps partiel.

« Ils souhaitent plus de droit de gérance, une flexibilité hebdomadaire pour les horaires, ce qui pose assurément des problèmes de conciliations travail-études par exemple, pour les étudiants. »

Serge Cadieux explique que les employés ont actuellement des horaires réguliers, mais que la convention prévoit des modalités pour les modifications, « mais avec des balises. Ce qu’ils demandent, c’est de pouvoir décider à la semaine qui et quand. C’est un droit de gérance absolu sur les horaires. »

Ce croisement de fer survient dans un contexte de relations de travail difficiles chez Renaud-Bray, selon Serge Cadieux. « À la suite du conflit de 2006, il y a eu une médiation préventive et des comités de relations de travail mis en place. Blaise Renaud, à son arrivée, a mis fin à ces processus, marquant le coup d’un changement de cap dans les relations de travail. »

Des recours pour des congédiements d’élus syndicaux ont d’ailleurs été intentés par le syndicat et des règlements ont été obtenus hors cour dans différents dossiers.

La rencontre de ce lundi matin devant le conciliateur doit permettre de poursuivre les négociations avec des cibles claires. Sans un nouvel élan, le SEPB est très clair sur ses intentions et un conflit de travail à la veille de la période des Fêtes n’est pas de bon augure.

Cinq succursales sont concernées se trouvent à Montréal, une à Laval, à Brossard, à Saint-Bruno, à Sherbrooke, à Saint-Jérôme et à Victoriaville.

Fondée en 1965 avec l’ouverture d’un premier magasin sur la rue Côte-des-Neiges, à Montréal, Renaud-Bray est aujourd’hui le plus important groupe de librairies francophones en Amérique du Nord.