Brèves syndicales

2013/11/08 | Par Maude Messier


Régimes de retraite : Cincinnati, l’anti-Labeaume

Cincinnati, Ohio – Ce mardi 5 novembre, les électeurs de Cincinnati se sont prononcés à 78% contre la réforme des régimes de pensions des employés des services publics de la ville. La proposition était mise de l’avant par le Cincinnati for Pension Reform Committee, un groupe de pression dont les membres influents sont des partisans du Tea Party.

L’amendement Issue 4 aurait imposé à la ville le remboursement obligatoire du déficit actuariel des régimes de retraite, qui s’élève à 872 $ millions (US), dans un délai de dix ans. Si le remboursement ne s’avérait pas possible dans les paramètres budgétaires existants, l’amendement imposait à l’administration la création de nouveaux revenus ou l’imposition de coupures budgétaires pour y parvenir.

Plus encore, les nouveaux employés n’auraient pas accès au régime à prestations déterminées actuel, mais plutôt à un régime à cotisations déterminées, moins avantageux et moins sécuritaire.

Un plafonnement de la contribution de la ville au régime aurait aussi été fixé et les ajustements au coût de la vie limités à 3 % par année, selon ce que rapporte les médias locaux.

Des projets de réformes similaires ont été votés dans différentes villes, mis de l’avant et supportés par l’American Legislative Exchange Council (ALEC), un « bill mill » (un moulin à législations) financé par des groupes financiers et des intérêts privés.

Dans certains cas, comme à Los Angeles, l’action et la mobilisation ont empêché que les amendements se rendent au vote.

La défaite de Issue 4 cette semaine est cuisante. Démocrates, Républicains et membres indépendants du Conseil municipal de Cincinnati se sont opposés à l’amendement, alléguant que la proposition aurait eu des impacts désastreux sur la situation financière de la ville, en imposant des réductions de services et des coupures d’emplois, voire la levée de taxes supplémentaires. Un cul de sac politique.

Sur la chaîne locale du réseau FOX, on crie à l’irresponsabilité et à la crise du déficit des régimes de retraite qui mettent en péril la santé financière de la ville, allant même jusqu’à brandir le spectre de la faillite de Détroit en exemple.

Du côté syndical, Peter McLinden, directeur régional de l’American Federation of State, County and Municipal Employees - Council 8 Ohio, a fait valoir que ce vote envoie un message à ceux qui estiment qu’il est légitime « d’imposer leur agenda sur une ville entière ».

(Notre traduction)

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Une sloche aux saveurs syndicales chez Couche-Tard?

Montréal – Soif d’amélioration des conditions de travail? La CSN propose de nouvelles saveurs de sloches, célèbres breuvages vendus dans les dépanneurs Couche-Tard : sécurité au travail, salaires et avantage sociaux, congés et organisation du travail.

Pour faire connaître les améliorations aux conditions de travail obtenues grâce à une première entente collective, la CSN, dans le cadre de la campagne « J’appuie les travailleurs des Couche-Tard », distribue dans les dépanneurs un tract d’information au personnel non-syndiqué.

Rappelons que les employés des six dépanneurs syndiqués de Couche-Tard ont signé une entente collective le 28 octobre dernier.

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Assurance-emploi : la lutte s’élargit

Montréal – Moncton, Halifax, Charlottetown, Toronto et Montréal. Simultanément, des organisations opposées à la réforme de l’assurance-emploi du gouvernement conservateur ont lu, ce mardi 5 novembre dans cinq villes, une déclaration pancanadienne.

Ils exhortent le gouvernement conservateur à supprimer les modifications apportées à l’assurance-emploi et proposent plutôt une bonification du régime. À Montréal, la Coalition québécoise contre la réforme de l’assurance-emploi s’est réunie devant le complexe Guy-Favreau.

Les mouvements de protestations ont eu beau se multiplier depuis l’annonce de la réforme, il y a un an, le gouvernement fait la sourde oreille. Silence radio dans le Discours du trône sur cette problématique qui affecte tout spécialement les travailleurs du Québec et des provinces maritimes.

Par cette déclaration commune, les organisations veulent envoyer au gouvernement Harper un message clair : « Nous disons non à la réforme du régime et nous l’avertissons que nous continuerons la lutte, qui s’est maintenant élargie à la grandeur du Canada », de déclarer Claude Faucher, porte-parole du mouvement syndical pour la Coalition et vice-président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD).

Le 15 novembre prochain, d’autres actions se tiendront simultanément dans différentes villes canadiennes. À Montréal, la Coalition organise une soupe populaire.

La Coalition regroupe des organisations qui représentent au total plus de 1,3 million de travailleurs, environ 250 000 étudiantes et étudiants, quelque 43 000 productrices et producteurs agricoles, plus de 1300 municipalités et MRC du Québec, des organisations de développement économique et sociocommunautaires, des chambres de commerce ainsi que la plupart des groupes de défense des droits des chômeurs.

Pour lire la déclaration : ici.

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Les ex-travailleurs du chrysotile rendent visite à Christian Paradis

Thetford Mines – Une cinquantaine d’ex-travailleurs du chrysotile ont manifesté jeudi matin devant le bureau du député conservateur de Mégantic-L’Érable, Christian Paradis. Ils dénoncent l’inaction du gouvernement fédéral et l’aide aux travailleurs âgés qui tarde à venir.

Le Syndicat des Métallos souligne que, deux ans après la fermeture de la mine Lab Chrysotile, une centaine de travailleurs sont toujours sans emploi. Le programme de soutien aux travailleurs âgés a pris fin il y a quelques jours. L’aide sociale constitue désormais leur seul revenu.

Le régime de retraite de l’entreprise n’étant pas pleinement capitalisé au moment de la faillite, les retraites seront amputées de 28 % lorsque les travailleurs pourront toucher les prestations.

Pour le Syndicat des Métallos, les gouvernements doivent assumer leurs responsabilités puisqu’ils ont joué un rôle dans la fin de cette industrie.

Réal Valiquette, coordonnateur régional des Métallos, a fait valoir qu’« au-delà des beaux discours, le fédéral n’a pas bougé jusqu’à présent pour soutenir concrètement ces hommes âgés qui n’arrivent pas à retrouver un emploi. Il n’y a pas l’ombre d’un emploi qui a été créé pour eux à même les fonds de relance économique.»

Les manifestants réclament du ministre Christian Paradis un déblocage de fonds pour permettre aux travailleurs de survivre économiquement jusqu’à leur retraite.

En réaction à la manifestation, le ministre Paradis a indiqué être sympathique à la cause des travailleurs du chrysotile. Il a indiqué que son gouvernement a empêché que le chrysotile ne soit inscrit sur la liste des produits dangereux de la Convention de Rotterdam à trois reprises depuis 2006.

Il jette plutôt la pierre du côté de Québec. « Le gouvernement du Québec est le seul responsable de la fermeture définitive des mines d'amiante chrysotile au Québec. Je rappelle que c'est sous sa juridiction que se trouve la responsabilité de re-classifier les travailleurs », rapportait jeudi le Courrier Frontenac.

Entretemps, des travailleurs doivent vendre leur maison. «C’est très dur. À 60 ans passé, on se retrouve avec notre petit bonheur, et on se cogne aux portes des employeurs, qui craignent souvent d’embaucher des gens qui ont travaillé dans le chrysotile », fait valoir le président de la section locale 7649, Luc Lachance.

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Grève chez Renaud-Bray

Montréal – Les 250 travailleurs syndiqués de chez Renaud-Bray sont en grève générale illimitée depuis le 1ernovembre dernier.

La convention collective est échue depuis le 31 décembre 2012 et les négociations achoppent depuis le début sur la reconnaissance du métier de libraire, les horaires de travail et les salaires.

Le directeur exécutif du Syndicat des employées et employés professionnels de bureau (SEPB-Québec), Serge Cadieux, soutient que les négociations traînaient, que l’employeur faisait preuve de mauvaise foi, multipliant les démarches pour éviter les négociations et obtenir un prolongement pour reporter le problème à la suite de la période des Fêtes.

Un débrayage de 48 heures, il y a deux semaines, devait servir de « coup de semonce » et d’avertissement. Serge Cadieux expliquait alors qu’il était prêt à négocier 24 heures par jour, tous les jours, s’il le fallait pour arriver à un règlement avant la date butoir.

Le débrayage initialement prévu pour le 30 octobre dernier a été repoussé à la demande du conciliateur pour donner une chance aux négociations et laisser du temps à Renaud-Bray pour présenter une offre sur l’ensemble de la convention collective, ce qui n’a pas été fait.

Voici la liste des onze succursales touchées par le conflit :

Promenade Fleury
Carrefour Laval
Plaza Saint-Hubert
Saint-Jérôme
Avenue du Parc
Brossard
Côte-des-Neiges
Promenades Saint-Bruno
Carrefour Angrignon
Victoriaville
Sherbrooke

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Cent emplois de perdus au profit du Chili

Berthierville – L'usine de fabrication de portes Masonite de Berthierville réduira progressivement ses activités à compter du 24 janvier prochain et fermera définitivement ses portes en mars 2014.

La centaine d’employés touchés l’ont appris jeudi le 31 octobre dernier, une nouvelle reçue avec consternation par les travailleurs.

« Nous sommes très déçus de la tournure des événements, s'est désolée Ginette Longpré, la permanente syndicale de la Section locale 106 des Teamsters. Lors des deux dernières négociations, les membres avaient pourtant acquiescé à la demande de l'employeur de lui octroyer une marge de manoeuvre supplémentaire afin de garder l'usine ouverte. »

Les employés ont accepté par le passé des réductions de salaires et une réorganisation du travail qui a réduit les effectifs de près de la moitié pour permettre un réinvestissement dans l’usine, construite il y a 67 ans.

« On avait le sentiment que les efforts consentis par les travailleurs inciteraient l’employeur à assurer la pérennité de l’usine. Ça ne s’est jamais concrétisé », déplore Stéphane Lacroix, directeur des communications pour Teamsters Canada. Il ajoute que c’est l’expertise et l’expérience des travailleurs, dont certains y travaillent depuis quarante ans, qui compensait pour les équipements désuets de l'usine.

« Ces travailleurs ont fait économiser beaucoup d’argent à la compagnie. Mais le siège social a tiré sur la plogue plutôt que de réinvestir. » Les employés syndiqués gagnent en moyenne 16 $ de l’heure.

Masonite déménagera une partie de ses activités au Chili, ce qui alimente la grogne et la déception des travailleurs de Berthierville.

Au syndicat des Teamsters, on évalue actuellement toutes les options, y compris les recours judiciaires.