Est-ce que je me souviens ?

2013/11/15 | Par Gaston Michaud


Pendant mon enfance, ce sont les « sauvages » qui apportaient les bébés. Je suis l’aîné de quinze enfants qui sont arrivés en 17 ans. Ma mère a donc toujours été enceinte pendant cette période et je n’ai jamais pu réaliser que mes petits frères et sœurs venaient de son ventre, parce que la sexualité était un tabou tellement puissant qu’il n’y avait pas de place pour une telle question. C’était il y a quelque 70 ans!

Mais, depuis, les choses ont bien changé. Heureusement, je pense.

Il y a eu les Arthur Buies, les Éva Circé-Coté, les T.D. Bouchard, le Refus Global, Thérèse Casgrain et consoeurs, la Révolution Tranquille, les Cyniques, vous voyez que j’en passe beaucoup. Après Ogino, la pilule.

Aujourd’hui, exit l’obligation de faire des enfants tous les ans sous peine de se voir refuser l’absolution et d’aller chez le diable.

Exit les costumes de bain pleine longueur pour les hommes et les femmes.

Exit l’obligation d’aller à la messe.

Exit l’obligation de se coiffer d’un gant pour entrer dans l’église.

Exit l’interdiction de la viande le vendredi.

Exit le jeune avant la communion.

Exit la défense de danser sous peine de péché mortel.

Exit la défense de faire de la bicyclette pour les filles.

Exit les soutanes, les cols romains, les costumes religieux, les cornettes, les barrettes, les clochettes, les sornettes.

Exit l’eau bénite.

Exit le pouvoir de droit divin.

Exit l’enfer, le purgatoire, les indulgences, les scapulaires.

Exit la création il y a 4000 ans.

Exit le mépris des juifs et des homosexuels.

Exit le pouvoir des curés.

Exit la promotion de l’obéissance aveugle.

Aujourd’hui, Galilée a été réhabilité, le soleil ne tourne plus autour de la terre. Les commissions scolaires sont passées du confessionnel au linguistique. Aujourd’hui, en haut de la porte de nos institutions et de plusieurs de nos maisons, c’est écrit : EXIT. Malgré bien des résistances, nous avons balayé à la rue une partie de l’obscurantisme reçu en héritage.

Et voilà que se présentent par la porte arrière, drapés dans le voile des droits de l’homme (pas le droit des femmes) des kirpans, des burkas, des kippas, des Erouv, des turbans, des hijabs, de la nourriture hallal dans les garderies et les écoles, des boucheries hallal parce que les animaux doivent souffrir pour être purs. Avec, en plus, des tentatives d’instaurer une priorité de la « charia » sur nos lois.

Est-ce que nous avons travaillé pour rien? N’avons-nous pas fait un pas en avant? Sommes nous voués à recommencer l’histoire? Devrons-nous bientôt changer notre devise?