L’énigmatique Vivian Maier, la femme aux 100 000 photos

2013/11/20 | Par Ginette Leroux


États-Unis 2013, 84 minutes
Version originale anglaise
Panorama
Présentation spéciale / Première œuvre
Cinéma d

u Parc1, 24 novembre, 21h00

Depuis toujours, John Maloof court les marchés aux puces. Pas étonnant de le trouver dans une vente aux enchères d’une maison privée de Chicago en 2007. Une boîte remplie de négatifs, plus de 30 000 photos prises dans la ville des vents entre 1963 et 1965, attire son attention. Sans le savoir, cette trouvaille, acquise au coût de 380$, va changer le cours de sa vie.

Pour l’instant, il met au placard les clichés qui ne correspondent en rien à ce qu’il cherche. Aucun pour illustrer Portage Park sur lequel il écrit un livre. Pourtant, un doute persiste. Qui est la personne qui a pris cette quantité effarante de photographies? Pourquoi n’a-t-elle pas signé son travail?

La réponse viendra d’un reçu de laboratoire photo au nom de Vivian Maier, trouvé dans une des autres boîtes achetées par un ami de son frère lors du même encan.

Maloof lui rachète tout. Au total, cent mille négatifs noir et blanc, vingt à trente mille diapositives couleur, prises entre 1952 et le milieu des années 1990, et deux mille rouleaux de films 8 mm non développés.

Celui qui révélera Vivian Maier au monde entier s’attaque à un réel travail de moine. Il numérise, développe et archive. Il met également en ligne un blogue et, voyant le « buzz » autour de ces photos, il organise des expositions aux États-Unis et en Europe.

Chez Vivian Maier, il y a aussi un côté sombre. Au travers de ce matériel photographique, John Maloof découvre une collectionneuse effrénée d’objets hétéroclites : chapeaux, jupes, chemisiers, bijoux, factures de toutes sortes, etc.

Cette femme, née à New York en 1926 d’une mère d’origine française et d’un père autrichien et morte à Chicago en 2009, a emporté son secret dans la tombe.

Qui était véritablement Vivian Maier? Pourquoi a-t-elle tenu à travailler comme simple gardienne d’enfants alors que la photographie était pour elle une passion, sa seule raison de vivre?

Les témoignages émus de ces enfants devenus adultes démontrent qu’ils aimaient leur « nanny » qui, armée de son appareil photo, les amenait, parfois malgré eux, dans ses virées rocambolesques dans les bas-fonds de Chicago à la recherche d’images insolites de gens saisis au hasard. D’anciens employeurs, la plupart des gens aisés, posent sur Miss Maier un regard satisfait sur son travail auprès de leur famille. À peu de chose près qu’elle exigeait que ses quartiers personnels ne soient fréquentés par nulle autre qu’elle-même. Sa porte devait rester verrouillée en tout temps.

À ce jour, l’énigme persiste.

Le documentaire tourné par John Maloof et Charlie Siskel, jeunes documentaristes américains, révèle un profond respect pour l’immense talent de Vivian Maier. En faisant ce film, leur intention première était de redonner à la photographe de rue ses lettres de noblesse. La place lui revient de droit : derrière la gardienne d’enfants, se cache l’une des plus grandes photographes du 20e siècle.

Le plaisir d’entrer dans ce que nomme Maloof « L’univers caché de Vivian Maier » réside, non pas dans la résolution de l’énigme, mais dans l’assemblage, pièce par pièce, du casse-tête qu’a été son passage sur terre. Le hasard a permis qu’il tombe entre les mains d’un gars curieux, patient, compétent et déterminé.

Si le film ne vient pas jusqu’à vous, n’hésitez pas à visiter le site Internet de John Maloof, créé pour célébrer le talent de Vivian Maier.

En voici l’adresse : http://vivianmaierprints.com/


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