Brèves syndicales

2013/11/22 | Par Maude Messier


Walmart et McDonald’s : « reines de l’assistance sociale »

États-Unis – Un magasin Walmart en Ohio qui organise dans une collecte de denrées pour ses propres employés. McDonald’s qui suggère à ses employés dans le besoin de vendre leurs cadeaux de Noël sur eBay ou sur Craigslist.

« C’est l’ultime désengagement d’un employeur qui, par un geste d’un cynisme évident, vient mettre en lumière le phénomène des salariés pauvres [working poors, comme on dit aux États-Unis]», de résumer Simon Tremblay-Pepin, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socio-économique (IRIS), dans Le Devoir (http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/393287/le-cynisme-...).

Venant d’entreprises qui ont généré respectivement des profits nets de 17 milliards $ et 5,5 milliards $ pour la dernière année, ces pratiques sont plutôt malvenues. D’autant plus qu’elles se sont toutes deux retrouvées régulièrement dans les médias au cours des derniers mois, dénoncées pour les bas salaires qu’elles offrent à leurs employés, incapables de gagner leur vie décemment avec ces emplois.

Les employés de Walmart gagnent en moyenne 25 000 $ par année selon les données de l’entreprise, 15 000 $ si l’on se fie aux organisations de défenses des droits des travailleurs et les organisations syndicales comme OURWalmart. Chez McDo, le salaire est à peine plus élevé que le salaire minimum prescrit par la loi fédérale, soit 7,50 $ de l’heure.

Le cynisme de Walmart, géant multinational du commerce au détail et plus important employeur privé des États-Unis, a fait réagir cette semaine. Une photo prise dans un magasin de Canton, en Ohio, montrant des bacs de plastique avec un écriteau invitant les employés à faire des dons de denrées pour leurs collègues « dans le besoin » en prévision de Thanksgiving a largement circulé, d’abord sur les réseaux sociaux, puis reprise par les grands médias.

Mardi, sur McRessource Line, un site destiné aux employés de McDonald’s, l’entreprise offrait des conseils pour survivre à l’endettement du temps des Fêtes, dont « vendre des cadeaux reçus que vous ne désirez pas sur eBay ou Craiglist peut vous permettre d’obtenir de l’argent rapidement. »

Dans plusieurs États américains, les premiers bénéficiaires de l’assistance publique, de Medicaid et des bons alimentaires sont les employés de Walmart et McDonald’s, ce qui leur vaut le titre de «reines de l’assistance sociale». Une analyse du chroniqueur Barry Ritholtz à lire dans Bloomberg

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Retour au travail chez Renaud-Bray 

Montréal – Une entente de principe est intervenue dimanche le 17 novembre entre le Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau (SEPB-Québec) et Renaud-Bray.

Juste à temps pour la période des Fêtes et le jour même de l’ouverture du Salon du livre de Montréal, les 250 syndiqués des onze succursales concernées ont entériné l’entente à 80% ce mercredi. Le travail a donc repris jeudi matin pour les employés, en grève générale illimitée depuis le 1er novembre.

Au terme de près d’une trentaine de rencontres de négociation et d’un processus de conciliation, les parties se sont entendues sur les bases d’une convention collective d'une durée de six ans qui répond aux revendications prioritaires de la partie syndicale. La convention était échue depuis le 31 décembre 2012.

Au chapitre de la reconnaissance du métier de libraire, l’entente prévoit que les postes de commis seront abolis et reconvertis en postes de libraires.

Dans une entrevue (http://lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=4889) accordée à l’aut’journal en octobre, Serge Cadieux, directeur exécutif du SEPB-Québec, insistait sur le fait que la qualité du service et des conseils avait longtemps fait la marque de commerce de Renaud-Bray, mais que « maintenant, ils remplacent des libraires par des commis et font faire des tâches de commis par des libraires. » Un choix qui se traduisait par une dévalorisation de la profession de libraire, à son avis.

Pour ce qui est de la stabilité des horaires, autre grande préoccupation syndicale, les employés à temps partiel bénéficieront d’une garantie de 14 heures de travail par semaine, ce qui facilitera la conciliation travail-études selon le syndicat. Près de la moitié des effectifs de Renaud-Bray sont des employés à temps partiel, pour la plupart des étudiants.

Finalement, l’entente prévoit des augmentations de salaires annuelles équivalentes à l'indice des prix à la consommation (IPC) majoré de 0,6% sur six ans.

« Nous sommes heureux d'en être arrivés à une entente à la satisfaction des deux parties », a déclaré pour sa part le président de Renaud-Bray, Blaise Renaud, par voie de communiqué mercredi.

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Pas de conflit à l’aube de la saison de ski

Mont-Sainte-Anne – En assemblée générale, le 12 novembre dernier, les 450 travailleurs syndiqués de la station de ski Mont-Sainte-Anne ont entériné à 87% l’entente de principe survenue le 4 novembre entre le comité de négociation syndical et l’employeur.

« Non seulement les salariés n'enregistrent aucune perte par rapport à la convention collective précédente, mais ils font des gains très intéressants », d’indiquer Denis Asselin, membre du comité de négociation Syndicat des employé-es de la station Mont-Sainte-Anne (CSN).

D’une durée de cinq ans, la convention prévoit des hausses salariales annuelles de 2%, puis de 2,5% pour la dernière année.

Un montant forfaitaire équivalant à une heure de salaire sera versé lorsque l’employeur demande à un moniteur de rester disponible, au cas où il serait demandé pour une leçon de ski.

Les moniteurs de l'école de ski et les patrouilleurs, qui représentent près de 50% des employés syndiqués de la station, seront également rémunérés s’ils doivent se présenter sur les lieux de travail quinze minutes avant le début du quart de travail à la demande de l’employeur. Ils devaient auparavant le faire sans rémunération.

Les heures supplémentaires et les remplacements seront dorénavant comptabilisés dans le processus d'inscription à la liste de rappel.

L’employeur s’engage aussi à assumer les coûts reliés à la consultation d’un psychologue dans les cas de harcèlement psychologique. Non pas que le harcèlement soit une problématique en soi, d’expliquer Denis Asselin en entretien avec l’aut’journal. « L’entente vient plutôt mettre des balises claires pour éviter des litiges futurs. »

La convention collective était échue depuis le 6 juin 2013. En cinq mois, les parties ont tenu 10 séances de négociation et trois rencontres de conciliation.

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La formule Rand, c’est quoi?

Montréal – Prélèvement automatique des cotisations syndicales par l’employeur, cotisations obligatoires, devoir de représentation, dépenses des cotisations et action politique, bénéfices de la formule Rand et sa remise en question par les pourfendeurs du « droit au travail» ou « right to work », agenda du Parti Conservateur ciblant les organisations syndicales.

Vous avez des questions? La CSQ a mis en ligne un site Internet qui fait le tour du sujet.

Vidéo, historique et foire aux questions fréquentes : ici.


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Les unions, qu’ossa donne?

Laval – Quelques 400 délégués et observateurs, en provenance de 87 sections locales, étaient réunis à Laval, cette semaine, pour la 49e Assemblée annuelle du Syndicat des Métallos, sous le thème « Les unions, qu’ossa donne? ».

Histoire du mouvement syndical, législations « right to work » aux États-Unis, idéologies néolibérales et attaques antisyndicales, les délégués avaient un programme chargé, en phase avec les projets de lois et l’agenda du gouvernement conservateur de Stephen Harper qui cible les organisations syndicales, leur financement et leur champ d’action politique.

« On est en mode survie », de déclarer Daniel Roy, directeur, en marge des discussions entourant le contexte politique sur la scène fédérale, jeudi matin.

Or, si le portrait peut sembler sombre pour le mouvement syndical à cet égard, l’esprit dans l’assemblée était plutôt combattif.

Les délégués ont adopté plusieurs résolutions, dont deux visant directement à « combattre les attaques de la droite » en favorisant la création d’une alliance large de « tous les acteurs progressistes du Québec afin de combattre une droite bien organisée » et l’action politique active pour éviter la réélection de Stephen Harper en 2015.

Pour plus de détails et pour visionner les vidéos des conférenciers : ici

(Transparence totale : le directeur de l’aut’journal, Pierre Dubuc, et auteur du livre Le vrai visage de Stephen Harper, était au nombre des conférenciers invités.)


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Citation de la semaine

« Just wrapped-up a meeting with several staff members, at midnight. Good thing they’re not unionized ! »* - Jason Kenney, ministre fédéral de l'Emploi.

Publié tard lundi soir, le tweet a rapidement été remplacé par un commentaire évacuant toute référence antisyndicale.

*Traduction : « Je viens de finir une réunion avec plusieurs membres de mon personnel, à minuit. Heureusement qu'ils ne sont pas syndiqués ! »