Budget du Québec : Le problème, ce sont les revenus… et les salaires

2013/11/29 | Par Érik Bouchard-Boulianne et Pierre-Antoine Harvey


Les auteurs sont économistes à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

Au moment où le ministre des Finances et de l’Économie, Nicolas Marceau, s’apprête à faire le point sur l’état des finances publiques du Québec, nous tenons à lui rappeler que la solution au déficit se trouve ailleurs que du côté des compressions supplémentaires.

Afin de ne pas affaiblir encore plus l’économie du Québec et la qualité de ses services publics, le gouvernement doit plutôt reporter le versement au Fonds des générations et retourner vers une fiscalité plus progressive afin de hausser ses revenus lorsque la situation économique s’améliorera.


Les services publics déjà au régime

Tous en conviennent : l’impasse budgétaire actuelle s’explique avant tout par la colonne des revenus et non par une gestion laxiste des dépenses. Rappelons que le gouvernement a fait le choix de limiter la croissance de ses dépenses à moins de 2 % pour l’année en cours et pour la suivante.

Ce rythme de la croissance des dépenses de programmes est parmi les plus faibles de l’ensemble des provinces canadiennes. Il fait même passer les années libérales, où les dépenses croissaient au rythme moyen de 5,6 %, pour l’âge d’or ! Plusieurs ministères doivent compresser leurs dépenses et leurs effectifs.

À lui seul, le réseau d’éducation primaire et secondaire a connu des compressions de l’ordre de 500 millions de dollars depuis trois ans. Aussi, la Protectrice du citoyen a récemment confirmé ce que nous prétendons depuis des lustres : ces compressions affectent réellement les services aux citoyennes et citoyens.


La solution est du côté des revenus

Si la conjoncture économique mondiale et québécoise explique en partie l’état des finances publiques du Québec, force est de reconnaître que l’impasse actuelle est aussi en partie structurelle.

Le déficit qu’annoncera vraisemblablement le ministre Marceau découle en effet de choix politiques passés. Au cours des quinze dernières années, les gouvernements successifs du Québec ont renoncé à environ quatre milliards de dollars par année en accordant différentes baisses d’impôts aux ménages et aux entreprises.

En quinze ans, un ménage québécois de la classe moyenne a bénéficié de près de 4 500 dollars de réduction de sa contribution fiscale. Si peu de citoyennes et citoyens ont remarqué cette bouffée d’air frais, c’est qu’il s’agit en général de la seule source d’amélioration de leur pouvoir d’achat, les salaires ayant, la plupart du temps, stagné.

Le virage opéré par les libéraux vers plus de taxes et plus de tarifs, ainsi que le nouveau palier instauré par le gouvernement Marois, n’auront pas réussi à combler le manque à gagner.

Dans un avenir rapproché, le gouvernement devra trouver de nouvelles sources de revenus si nous voulons financer adéquatement et équitablement les services publics et les programmes sociaux auxquels la population du Québec est attachée.