Soho à deux coins de rue ?

2013/12/13 | Par Des résidents de Pointe St-Charles


Des résident-e-s et des groupes communautaires installeront aujourd’hui à 15h00 des bannières au coin des rues Bridge et Wellington pour dénoncer la publicité indécente et illégale du projet de condos Le Nordelec.


Soho à deux coins de rue ?

Le propriétaire du Nordelec, El-Ad, fait depuis plusieurs mois la promotion de ses condos de luxe avec d’immenses affiches qui vantent « SOHO, le quartier Nordelec », avec ses « lofts authentiques à la new-yorkaise. » Le Nordelec cherche ainsi à attirer des « oiseaux rares » pour ses nids prestigieux.

Une grande partie de la population est indignée par ce marketing qui se fait sans référence aucune au quartier Pointe-Saint-Charles, en le dénaturant, en faisant fi de son histoire, de sa culture, de sa population. Quand on connait l’héritage de cet ancien quartier ouvrier et ses défis actuels, ces affiches et le message qu’elles véhiculent sont un véritable affront.



Affichage illégal

Cet affichage est d’autant plus choquant que le règlement d'urbanisme de l'arrondissement interdit aux promoteurs d’afficher ce type de publicité en dehors de leur site de construction, et que les affiches publicitaires doivent respecter certaines dimensions. L'arrondissement Le Sud-Ouest a d'ailleurs déjà mis à l'amende Le Nordelec.

Les éluEs locaux ont aussi, devant la multiplication des publicités de ce type, modifié le règlement local pour pouvoir mieux intervenir auprès des promoteurs1. Mais Le Nordelec ignore les avertissements et les amendes de l’arrondissement et, à l'instar d'autres promoteurs immobiliers, préfèrent absorber les amendes et en refiler le coût aux acheteurs de condos.


Un projet démesuré

Depuis les premières consultations sur le Nordelec en 2006, les membres de la Table Action-Gardien et des centaines de citoyens ont dénoncé ce méga-projet de plus de 1300 condos, en rupture avec le quartier, en inadéquation totale avec le style du quartier et avec les besoins locaux.

Aux affiches publicitaires du Nordelec, nous opposons une toute autre vision de notre quartier :

Habiter Pointe-Saint-Charles, un quartier populaire!
Habiter en coop, un style authentique
Une richesse à partager : la solidarité sociale


Notre quartier n’est pas un produit financier !

Nordelec, Myst, Walter sur Atwater… Projet après projet, la population est dépossédée de terrains et bâtiments devenus objets de spéculation immobilière. Les promoteurs tel qu’El Ad investissent et tirent profit du quartier sans se soucier des conséquences.

2 350 nouveaux condos sont déjà annoncés à Pointe-Saint-Charles, dont environ la moitié au Nordelec. Selon nos estimations, 80 % des ménages locataires montréalais sont exclus de ces développements et n’ont pas les moyens d’acquérir un condo, même dit abordable. Les ménages à faible et modeste revenus et les familles avec enfants ont de plus en plus de difficulté à se loger. Avec la raréfaction des logements locatifs privés et la hausse des loyers, le logement social est souvent la seule option pour rester dans le quartier.

Quand aux personnes seules et aux jeunes familles qui accèdent à la propriété, elles sont de plus en plus nombreuses à se sur-endetter et à consacrer plus de 30% - souvent plus de 50% - de leurs revenus au paiement des dépenses d'habitation.


Garantir à tous et toutes un toit sur la tête.

La construction de logements collectifs est le meilleur moyen d’assurer le droit au logement et de maitriser le développement de notre quartier. Résultat de décennies de mobilisations, le quartier compte actuellement 34 % de logements sociaux. Mais ce pourcentage est en chute libre.

Pendant que les condos prolifèrent, la possibilité de développer de nouveaux logements sociaux est grandement compromise par le prix des terrains soumis à la spéculation, les coûts de construction, le manque de financement d’unités.

ll est temps de reprendre le contrôle, en retirant les terrains des mains des promoteurs et en valorisant le logement collectif plutôt que le logement marchandise. La campagne À qui la Pointe ? lancée cet automne par Action-Gardien et le Regroupement Information Logement comprend 3 revendications principales :

  1. Un moratoire sur le développement de condo et de grands projets

  2. La construction d’un maximum de logements sociaux et communautaires, pour atteindre 40 % du stock de logements, ce qui suppose :

  • La création par la Ville de Montréal d’une banque publique de terrains et de bâtiments

  • Le financement d’unités accordées par Québec à la hauteur des besoins 

  1. La protection des logements locatifs actuels.