Brèves syndicales

2013/12/20 | Par Maude Messier


Avortement : les femmes devront souscrire à une « assurance viol »

Lansing / Michigan – La législature du Michigan a adopté le 11 décembre dernier un projet de loi qui interdit la couverture des frais d’avortement dans les plans d’assurance santé, sauf s’ils font l’objet d’un avenant additionnel, baptisé « assurance viol » par les opposants.

Les femmes devront donc «prévoir» tout avortement futur, même en cas de viol ou d’inceste.

Le projet de loi est une initiative du groupe Right to Life qui réclame que les partisans Pro-vie n’aient pas à débourser pour des clauses de remboursement de frais d’avortement.

Le gouverneur Républicain du Michigan, Rick Snyder, avait utilisé son droit de veto l’an dernier pour bloquer une version antérieure du projet de loi. Right to Life sont revenus à la charge avec une pétition signée par 315 477 personnes permettant de réintroduire le projet de loi et de le faire adopter sans la signature du gouverneur.

Les Démocrates qui s’opposent au projet dénoncent le fait que cette loi soit dans les faits imposée par seulement environ 4% de la population du Michigan et réclament plutôt que le sujet soit soumis à un référendum.

La sénatrice démocrate Gretchen Whitmer a livré un plaidoyer contre la loi et raconté l’histoire de son propre viol, il y a vingt ans. À son avis, il s’agit « d’une des propositions les plus misogynes que je n’ai jamais vues dans la législature du Michigan , a-t-elle raconté au Detroit Free Press. Le fait que les femmes doivent planifier à l’avance un avortement revient à dire à celles qui ont été violées… qu’elles auraient dû prévoir et acheter une assurance spéciale. Le seul fait que l’on discute d’une assurance viol est répugnant. » (notre traduction)

Selon les données compilées par l’Associated Press, seulement 3,3% de l’ensemble des avortements pratiqués au Michigan sont remboursés par les assurances. Huit États ont adopté des lois qui restreignent la couverture des frais d’avortements : l’Idaho, le Kansas, le Kentucky, le Missouri, le Nebraska, le Dakota du Nord, l’Oklahoma et le Michigan. Medicaid ne rembourse pas ces frais, sauf dans quelques cas d’exception.


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Postes Canada : l’abolition du service serait bonne pour la santé des aînés

Ottawa – Le grand patron de Postes Canada, Deepak Chopra, a défendu publiquement l'abolition de la livraison du courrier à domicile ce mercredi devant un comité parlementaire.

Le PDG a été bombardé de questions par l'opposition, notamment à savoir si les besoins des personnes âgées et des personnes à mobilité réduite avaient été considérés. M. Chopra est allé jusqu’à affirmer que, lors des consultations menées par la société de la Couronne, les aînés avaient manifesté le désir d’être plus actifs.

Le député néo-démocrate Paul Dewar n’a pas manqué de souligner que M. Chopra avait reçu un bonus de 33 % alors même que l'entreprise postale est déficitaire. Il a aussi critiqué le fait que le PDG siège au conseil d'administration du Conference Board du Canada, organisme qui a publié un rapport sur l'avenir du service postal canadien sur lequel s’est basé Postes Canada pour élaborer son plan de restructuration.

Après avoir dénoncé avec virulence la décision de Postes Canada, le maire de Montréal, Denis Coderre, estime que l’entreprise devra négocier et discuter avec les villes avant d’implanter les boîtes postales communautaires. Il a déclaré vouloir consulter les maires des autres villes du Québec mais aussi des grandes villes canadiennes pour faire front commun.

Plus de 12 000 cartes postales de protestation ont été livrées mercredi au bureau de circonscription de Lisa Raitt, ministre responsable de Postes Canada. Ces cartes ont été signées par des citoyens qui s'opposent à la réduction de la taille de comptoirs postaux publics et à la fermeture de bureaux de poste. Les signatures ont eu lieu avant l'annonce du plan de Postes Canada.

D’autres initiatives voient le jour depuis l’annonce. Des citoyens ont collé sur leur boîte aux lettres un mot d’encouragement destiné à leur facteur. Sur les réseaux sociaux, des photos de boîtes communautaires éloignées, malpropres, entourées de déchets et vandalisées se multiplient.

En guise d’appui aux facteurs, Bertrand Laverdure, écrivain, et Marie Tourigny, artiste et designer graphique, ont réalisé des « cartes postales militantes », avec l’inscription : « Facteur, nous vous aimons! ». Des formats cartonnés devraient être disponibles sous peu selon les créateurs.



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Conflits chez Loblaw en Abitibi : un laboratoire en vue des négociations coordonnées en 2014 ?

Témiscaming – Les quelque 30 syndiqués du magasin Provigo de Témiscaming en Abitibi ont souligné le premier anniversaire du lock-out qui les tient dans la rue depuis le 14 décembre 2012.

Le Provigo étant l’unique marché d’alimentation de Témiscaming, les citoyens doivent parcourir près de 70 km pour se rendre à l’épicerie la plus proche depuis un an. « Loblaw pensait qu’en décrétant un lock-out, il aurait la population de son côté, c’est l’inverse qui s’est produit », d’expliquer Serge Fournier, président de la Fédération du commerce de la CSN, en entrevue à l’aut’journal.

La quarantaine de syndiqués du Maxi de Rouyn-Noranda sont aussi en lock-out depuis le 20 août 2012. « En un an et demi, il n’y a eu que 12 séances de négociation et de conciliation. La dernière, à la mi-septembre, s’est déroulée en vidéo conférence. Les négociateurs patronaux n’ont même pas daigné se déplacer dans la région. C’est tout dire », d’ajouter M. Fournier.

Puis, il y a aussi la centaine de travailleurs du Loblaws de Rouyn-Noranda en grève depuis le 10 juin dernier. « On évalue que c’est un magasin qui roule entre 500 000$ à 600 000$ par semaine, mais l’employeur ne veut rien donner. Tous les moyens de pression y ont passé : macarons, chandails, etc. Ils étaient rendus en habits de camouflage! »

Les mêmes négociateurs patronaux sont au dossier pour les trois conflits, explique Serge Fournier. Les salaires sont, bien entendu, au cœur du litige. À titre d’exemple, une assistante-gérante au Provigo de Témiscaming, avec 22 ans d’expérience, gagne 12,40$ de l’heure.

« L’employeur ne répond même pas à nos demandes syndicales. Qu’il dise non au minimum! Ils veulent imposer, pas négocier. On n’est pas fous, nos demandes salariales tiennent compte du contexte de chaque magasin. »

Il indique que pour deux magasins comparables, soit le Provigo de Témiscaming, un magasin corporatif, et celui de Ville-Marie, un franchisé, il y a un écart de 2$ de l’heure sur les salaires. « Pour des établissements à quelques kilomètres de distance. Le franchisé offre de meilleures conditions. »

Or, au printemps 2014, s’amorceront des négociations coordonnées dans le secteur de l’alimentation pour les établissements syndiqués à la Fédération du commerce. Sur une trentaine de magasins concernés, Serge Fournier confirme que près du trois quart sont des magasins corporatifs de Loblaw, surtout des Maxi, fortement concentrés dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

L’Abitibi, avec les trois conflits de travail en cours, sert-elle de laboratoire à l’entreprise en vue de ces négociations? « Je ne sais pas, mais ce serait dramatique. »

Photo : Radio-canada


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L

es vols à rabais : à quel prix?

Ottawa – En permettant à Sunwing Airlines d’opérer avec un ratio réduit d’agents de bord, Transports Canada mettrait en péril la sécurité des passagers, selon les documents déposés en Cour fédérale ce mardi par le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ).

Le syndicat, qui représente les 1 000 agents de bord du transporteur, affirme que Sunwing a échoué à trois reprises le test d’évacuation qu’il devait pourtant obligatoirement réussir pour faire passer le ratio passagers-agent de bord de 40 à 50 pour un. Une norme également utilisée par d’autres transporteurs, dont WestJet.

Les tests ont été menés entre le 22 et le 27 novembre 2013. Par trois fois, l'évacuation de l'appareil n'a pas été effectuée dans le temps requis, fait valoir le SCFP, ajoutant que l'inspecteur de Transports Canada, Luc Mayne, « a ensuite décidé qu'une consigne orale de sécurité pourtant obligatoire lors d'une évacuation n'avait pas à être donnée et le quatrième essai a réussi. »

Le transporteur a obtenu son exemption le 1er décembre 2013.

Affirmant qu’il y eut manipulation de la procédure par Transports Canada et invoquant la sécurité des passagers, le SCFP conteste la décision de Transports Canada en Cour fédérale et demande la suspension de l'exemption.

« Malgré les échecs répétés, au lieu de reconnaître que le ratio d'un pour 50 est moins sécuritaire pour les passagers, Transports Canada a plutôt décidé de modifier la procédure normale pour permettre à Sunwing de passer le test à la quatrième tentative », a déclaré par voie de communiqué le président national du SCFP, Paul Moist.

« C'est carrément irresponsable car, en situation réelle d'urgence, les passagers dont la vie est en jeu n'ont droit qu'à une seule chance, pas une de plus. »


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Le Grand Incendie

France – « En France, une personne s’immole par le feu tous les 15 jours sur la place publique ».

Dans un webdocumentaire interactif, Le Grand Incendie, Samuel Bollendorff et Olivia Colo se sont intéressés à la récurrence de ces actes de contestation ultimes.

Cadres, dirigeants, enseignants, retraités, chômeurs; ils ont lancé un cri de désespoir, souvent resté sans échos, dans un déni total des institutions et des entreprises quant à la portée contestataire du geste.

À travers sept histoires, le webdoc confronte le discours officiel à la version des témoins, des proches, des collègues et des messages laissés par les immolés.

Un regard pudique et éloquent qui braque les projecteurs sur une réalité sociale occultée : ici.