Brèves syndicales

2014/01/17 | Par Maude Messier

Publicités sexistes sur les chantiers : la CSN-Construction rappelle Makita à l’ordre

Montréal – Le fabricant d’outils de construction Makita Canada n’utilisera plus de publicités sexistes. C’est ce que confirme la direction de l’entreprise dans une lettre envoyée à la CSN-Construction.

En octobre dernier, la secrétaire générale et responsable de la condition féminine de la CSN Construction, Karyne Prégent, mettait en ligne une pétition réclamant à Makita Canada le retrait des publicités sexistes sur les chantiers de construction. Elle a aussi envoyé une lettre à la direction de l’entreprise et déposé simultanément une plainte aux normes canadiennes de la publicité.


Le 9 janvier 2014, elle recevait une réponse de la direction, spécifiant que « Makita Canada a cessé en 2012 l'utilisation des étiquettes de sécurité des casques Miss Makita, n'a pas produit de calendrier Miss Makita pour l'année 2014».

L’entreprise ne prévoit pas réintroduire ces outils promotionnels et les images de Miss Makita ne seront pas utilisées à d’autres fins publicitaires au Canada.

En entretien avec l’aut’journal, Mme Prégent indique que cette réponse est satisfaisante. Elle estime inconcevable qu’une compagnie aussi importante que Makita encourage par ses publicités les comportements sexistes.

« Ça n’a pas sa place. Je voulais faire savoir à Makita que ces images sexistes n’ont rien à voir avec les femmes dans la construction. Ces images perpétuent une discrimination systémique dans l’industrie et ne fait rien pour arranger les choses.»

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Un vote d’accréditation syndicale échoue chez Amazon

Delaware / États-Unis – Ça bouge chez Amazon : après les grèves et les manifestations de ses employés syndiqués en Allemagne au cours de la dernière année, les employés d’un centre de distribution du Delaware ont tenu un vote d’accréditation syndicale ce mercredi, le premier pour l’entreprise aux États-Unis.

Un groupe d’une trentaine de mécaniciens, de machinistes et de techniciens, sur plus de 1 500 employés pour ce seul entrepôt, devaient choisir entre joindre ou non l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatial.

Sur les 27 votants, 21 se sont prononcés contre, selon ce que rapporte la presse américaine.

L’organisateur syndical John Carr confiait à Re/code et à Bloomberg, mercredi en fin de journée, que ces résultats confirment que les tactiques d’Amazon et de la firme d’avocats embauchée sont très efficaces. Il ajoute que les travailleurs visés ont subi beaucoup de pression sur les lieux de travail et qu’il s’agissait d’une lutte ardue et inégale.

Les travailleurs auraient été rencontrés, parfois individuellement, pour que leur soit expliquée la position de la compagnie et les raisons de son opposition aux syndicats.

La porte-parole d’Amazon a fait valoir que ces résultats témoignent du choix clair des travailleurs en faveur de la « connexion directe avec Amazon ». La politique de la « porte ouverte » demeurant la meilleure façon, selon l’entreprise, de répondre aux besoins et aux demandes des employés.

Ce ne sont pas les salaires qui ont poussé ces employés à vouloir s’organiser, mais le désir de négocier des vacances, des politiques de promotion, des règles d’ancienneté et la création d’un comité de santé et de sécurité.

Si le vote a échoué, les organisateurs syndicaux estiment toutefois qu’une brèche a été percée et que ce vote démontre aux milliers d’employés de l’entreprise que la syndicalisation est possible.

L’Occupational Safety and Health Administration mène actuellement une enquête sur le décès d’un travailleur de 57 ans dans un entrepôt du New Jersey, écrasé par de la machinerie.

Amazon est aussi le sujet d’un documentaire peu flatteur de la BBC traitant des conditions de travail des employés dans les entrepôts européens, Amazon: The Truth Behind the Click.

Le journaliste Jean-Baptiste Malet a publié une enquête, En Amazonie. Infiltré dans le « le meilleur des mondes » (Fayard, 2013), après avoir travaillé dans un entrepôt français d’Amazon en 2012. Le Monde diplomatique y consacrait d’ailleurs un article dans le numéro de novembre 2013.

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Mandat de grève à TVA Montréal


Montréal – En assemblée générale ce mercredi, les membres du Syndicat des employé(e)s de TVA Montréal (SCFP 687) se sont prononcés à 94,3% en faveur d’un mandat de grève.

Après un an de négociation, ils ont ainsi manifesté leur appui au comité de négociation et envoyé un message clair à leur employeur en vue de la prochaine rencontre de conciliation prévue les 17 et 24 janvier prochains.

« Nous avons bon espoir qu'un tel résultat forcera la partie patronale à faire preuve de plus d'ouverture », de déclarer Réjean Beaudet, président du Syndicat des employé(e)s de TVA à Montréal.

Dans les faits, le mandat accordé prévoit la mise en œuvre de « tous les moyens de pression nécessaires, incluant la grève, au moment jugé opportun ».

La pérennité du régime de retraite à prestations déterminées et l'amélioration de la sécurité d'emploi sont au cœur du litige. « Nous souhaitons régler cette convention collective, mais pas à n'importe quel prix! », d’ajouter M. Beaudet.

Le SCFP 687 représente 1000 membres à VA MontréalT. La convention collective est échue depuis le 31 décembre 2012.

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Rio Tinto : Entente à l’usine Poudres métalliques

Sorel – Les quelque 200 syndiqués de l’usine des Poudres métalliques de Rio Tinto Fer et Titane, à Sorel, ont entériné dans une proportion de 68% une entente de principe survenue avant les Fêtes entre la direction et la section locale 7493 du Syndicat des Métallos.

L’entente de six ans prévoit des hausses salariales qui oscilleront autour de 19%. Un boni de 2500 $ leur sera aussi versé à la signature du contrat.

Parmi les gains syndicaux, on compte une bonification aux régimes de retraite en place et une majoration des primes pour les quarts de travail de soir et de nuit. Les montants prévus dans le programme de compensation lors de mises à pied temporaires sont aussi majorés et seront disponibles sur une plus longue période. La contribution des salariés à l'assurance collective est maintenue et non pas augmentée, tel que l’aurait souhaité l’employeur.

En contrepartie, la direction aura la possibilité de recourir à la sous-traitance pour 6 emplois réguliers (conciergerie, maintenance, entretien mécanique). Aucune perte d’emploi immédiate n’est associée à cette concession pour le moment. Le syndicat indique que la transition pourrait se faire par attrition.

«Ces concessions ont été très difficiles à faire et il y a beaucoup de frustration à cet égard», fait valoir président de la section locale 7493, Frédérick Paradis. 

La direction de l’usine estime pour sa part que l’entente permet de rendre l’entreprise plus flexible et compétitive sur les marchés internationaux.

Du côté syndical, on estime que cette entente est «respectable» compte tenu du contexte de négociations difficile. Selon le président de la section locale, RTFT tente de récupérer 5 milliards $ dans l'ensemble de ses installations à travers la planète.

«Nous avons fait valoir que l'usine des Poudres métalliques est la plus rentable au sein du groupe Rio Tinto fer et titane. Ça a joué dans les négociations. »

Les négociations ont débuté le 27 mars 2013 et se sont s’échelonnées sur presque neuf mois. La convention collective était échue depuis le 31 mai 2013.

Les syndiqués cotiseront désormais 1 cent de l'heure travaillée au Fonds humanitaire des Métallos, jusqu'à concurrence de 2000 heures. L'employeur y versera un montant additionnel de 4000 $ par année.

Le Fonds humanitaire est un organisme syndical de développement international qui fournit notamment de l’aide d’urgence en cas de sinistres, soutient des banques alimentaires au Canada et offre des programmes éducatifs aux membres du syndicat.

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Grève chez Coop Taxi Laval

Laval – Une vingtaine d’employés de la Coop Taxi Laval, membres de la section locale 2008 du Syndicat des Métallos, ont déclenché la grève jeudi matin après qu’un vote de grève ait été tenu mercredi soir.

« L'employeur s'obstine pour des cennes noires. Ça n'a pas de sens. Nous demandons simplement des hausses de 2 % par année et un contrat de trois ans. Il n'y a là rien d'extravagant. L'employeur a quant à lui le culot de nous proposer des clauses de convention illégales avec un salaire inférieur pour les nouveaux et des diminutions de salaires lors d'un changement de poste. C'est odieux », fait valoir la représentante syndicale des Métallos Silvy Vaudry.

En négociations depuis le mois d’avril 2013, les répartiteurs, téléphonistes et préposés s’opposent aux demandes de réduction des salaires de l’employeur et l’imposition d’une double échelle salariale, illégale au sens de la Loi sur les normes du travail.

Le syndicat soutient que les offres de l'employeur pourraient faire passer le salaire horaire, actuellement entre 15 $ et 20 $ l'heure, à 11 $ de l'heure.

Une demande a été faite auprès du Conseil des services essentiels pour déterminer si un niveau de service précis doit être maintenu dans le cas du transport adapté.