Brèves syndicales

2014/01/31 | Par Maude Messier

Cimenterie de Port-Daniel : les Métallos crient à l’électoralisme

Port-Daniel-Gascons – Le gouvernement du Québec doit annoncer ce vendredi un investissement public de 350 millions $ pour la construction d'une super cimenterie à Port-Daniel, en Gaspésie, selon ce que rapportait La Presse mercredi dernier.

Le directeur québécois du Syndicat des Métallos, Daniel Roy, a réagit à l’annonce par voie de communiqué. «Ça sent l'électoralisme à plein nez. On n'a rien contre la création d'emplois, mais si ça entraîne des pertes d'emplois de l'autre côté, on fait juste brasser de l'air. On a fait des représentations au cours des derniers mois auprès du gouvernement pour expliquer nos craintes. On attendait des études pour montrer que cela n'affecterait pas les emplois déjà existants… On les attend toujours», fait valoir le directeur québécois du Syndicat des Métallos, Daniel Roy.  

Le projet de Ciment McInnis totalisera des investissements de plus de 1 milliard $. Selon les informations dévoilées par La Presse, Investissement Québec investira approximativement 350 millions $ dans le projet, soit des prêts d’environ 250 millions $ et une participation avoisinant 100 millions $.

La construction de l’usine nécessitera l’embauche de 2 000 personnes. 400 emplois seront ensuite créés pour son exploitation. Le début des travaux est prévu pour 2014.

Le Syndicat des Métallos craint que ces investissements entrainent des pertes d’emplois notamment pour les 135 travailleurs chez Ciment Lafarge à Saint-Constant, les 150 travailleurs de Ciment Québec dans Portneuf et la cinquantaine de travailleurs affectés à la livraison de béton à Montréal.

Ciment McInnis soutient que sa production ne vise pas le marché québécois, mais celui de l'exportation, vers la côte Est des États-Unis principalement. Les Métallos rétorquent qu’il y a déjà une crise de surproduction à l’échelle mondiale. La cimenterie de Port-Daniel devrait être en mesure de produire deux millions de tonnes de ciment par année, soit autant que la production des quatre cimenteries du Québec en 2012.

«Nos membres sont inquiets. (…) On connaît des périodes de mise à pied. On ne croit pas les promoteurs lorsqu'ils prétendent viser uniquement le marché extérieur», ont fait valoir le président de la section locale 9232 à Pont-Rouge, Marc Tessier, et le président de la section locale 6658 à Saint-Constant, Éric Boulanger.

La multinationale Lafarge craint aussi que cette nouvelle production ne vienne saturer le marché québécois, avec pour conséquence la précarisation des emplois de l’entreprise à Saint-Constant.  

 

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Lock-outés et grévistes interpellent les actionnaires de Loblaw

Québec – « Le président de Loblaw peut bien se vanter de l'expansion de son empire au Québec et de son acquisition de Shoppers Drug Mart, mais lorsqu'il refuse de négocier une augmentation salariale pour les employés qui travaillent pour lui depuis des décennies et ne gagnent que 12,40 $ l'heure, il y a un problème majeur avec son modèle d'affaires », a commenté Serge Fournier, président de la Fédération du commerce - CSN.

250 travailleuses et travailleurs de trois épiceries en Abitibi-Témiscamingue appartenant à la bannière Loblaw sont à la rue depuis plus d’un an.

Jeudi matin, ils ont profité l'assemblée annuelle des actionnaires de Loblaw au Centre des congrès de Québec pour manifester leur mécontentement.

En début de semaine, Loblaw a annoncé des investissements de 110 millions $ dans de nouvelles succursales et la rénovation d'autres au Québec en 2014. Le président de Les Compagnies Loblaw limitée, M. Vicente Trius, a déclaré que « depuis toujours, tant ailleurs au Canada qu'ici même au Québec, nos magasins sont au cœur de nos vies. Nous devons tous nous nourrir. Nous devons tous faire l'épicerie. »

Ce qui n’a pas manqué de faire réagir la Fédération du commerce-CSN compte tenu du fait que les résidents de Témiscaming doivent faire quelque 70 km jusqu'à la ville de North Bay, en Ontario, pour faire l’épicerie depuis que Loblaw a décrété un lock-out dans l’unique supermarché de la ville en décembre 2012.

« Loblaw n'est plus au cœur de la vie des gens de Témiscaming; au contraire, Loblaw est en train de tourner le dos à toute la région d'Abitibi-Témiscamingue », a déploré M. Fournier.

En entrevue à l’aut’journal en décembre dernier, M. Fournier expliquait que des négociations coordonnées dans le secteur de l’alimentation s’amorceront au printemps prochain pour les établissements syndiqués à la Fédération du commerce. Sur une trentaine de magasins concernés, il confirme que près des trois quarts sont des magasins corporatifs de Loblaw.

 

Maxi de Rouyn-Noranda : 40 travailleurs en lock-out depuis le 20 août 2012

Provigo de Témiscaming : 30 travailleurs en lock-out depuis le 14 décembre 2012

Loblaws de Rouyn-Noranda : 100 travailleurs en grève depuis le 10 juin 2013

 

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C-525 franchit une nouvelle étape

Ottawa – Le projet de loi privé C-525, ou Loi sur le droit de vote des employés, a passé mercredi l’étape de la deuxième lecture (149 votes contre 133). Les audiences en comité parlementaire suivront donc au cours des prochaines semaines.

Présenté par un député conservateur d’arrière-ban, Blaine Calkins, C-525 aura pour conséquence de complexifier l’accréditation syndicale et facilitera du même coup la désyndicalisation.

C-525 institue un vote à scrutin secret pour toute requête en accréditation syndicale pour les travailleurs sous juridiction fédérale, soit le personnel de la fonction publique, des banques, des communications et télécommunications, des entreprises pétrolières, des entreprises de transport maritime ou ferroviaire. C’est ce que l’on appelle le vote obligatoire.

Pour obtenir une accréditation, un syndicat devra obtenir les signatures de cartes d’adhésion par au moins 45 % des employés visés. Un scrutin secret dont les résultats devront attester que la majorité (50 % + 1) des personnes employées de l’unité sont favorables à la syndicalisation sera ensuite obligatoire. Les personnes qui ne votent pas seront réputées voter contre.

Toute personne employée qui prétend représenter au moins 45 % des employés d’une unité de négociation pourra demander que soit révoquée l’accréditation de son syndicat. À scrutin secret, le syndicat devra recueillir l’assentiment de la majorité (50 % + 1). Ceux qui ne votent pas seront réputés vouloir la révocation du syndicat.

L’expérience, d’autres provinces canadiennes et aux États-Unis, a démontré que le vote obligatoire fait chuter le taux de syndicalisation et que l’écart de temps entre le dépôt des cartes d’adhésion et la tenue du vote introduit un rapport de force inéquitable en faveur de l’employeur, laissant le champ libre à l’intimidation, à l’influence indue, aux menaces de représailles ou encore à l’embauche de personnel surnuméraire pour gonfler le nombre d’employés.

Kate Bronfenbrenner, professeure et chercheure de l’Université Cornell aux États-Unis, a démontré l’ampleur de l’intimidation patronale aux États-Unis lors de votes d’accréditation, dans une analyse couvrant la période 1999 à 2003 : (http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2009/06/02/AR200906...)

  • 63 % des employeurs interrogent les travailleurs lors de rencontres individuelles obligatoires

  • 54 % menacent les travailleurs au cours de ces rencontres 

  • 57 % menacent de fermer l’usine 

  • 47 % menacent de réduire les salaires et les avantages sociaux 

  • 34 % congédient des travailleurs.

 

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Scabs chez Coop Taxi Laval

Laval – Un enquêteur du ministère du Travail conclut que la Coop Taxi Laval a recours à des travailleurs de remplacement, ce qui constitue une infraction à la loi anti-briseurs de grève.

Selon le Syndicat des Métallos, les représentants de l'employeur ont reconnu lors de l'enquête que des chauffeurs et d'autres personnes effectuaient à partir de leur domicile du travail normalement accompli par les répartiteurs en grève, alors que l'esprit de la Loi anti-briseurs de grève vise précisément à empêcher de faire effectuer les tâches des grévistes par d'autres employés que les cadres d'une entreprise.

Rappelons que la vingtaine de répartiteurs, téléphonistes et préposés au transport adapté de cette entreprise sont en grève depuis le 16 janvier dernier. Ils s'opposent à des réductions de salaires et à la volonté de l’employeur d’instaurer un salaire inférieur pour les nouveaux employés et des diminutions de salaires lors d'un changement de poste, une clause orphelin illégale en vertu de la Loi sur les normes du travail.

Selon les offres de l'employeur, le salaire horaire qui oscille actuellement entre 15 $ et 20 $ l'heure pourrait être abaissé à 11 $ l'heure. La partie syndicale réclame quant à elle des hausses salariales de 2%. Les négociations sont entamées depuis le mois d’avril 2013.

 

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La CAQ, le Fonds de solidarité FTQ et la FTQ

Montréal – Dans la foulée des audiences de la Commission Charbonneau et de la comparution de l’ex-président de la FTQ, Michel Arsenault cette semaine, la Coalition Avenir Québec (CAQ) a annoncé mercredi qu’elle entendait déposer un projet de loi pour obliger les membres du conseil d'administration du Fonds de solidarité de la FTQ à être totalement indépendants de la centrale syndicale.

 

« La multiplication des cas de copinage et de favoritisme, de même que les cadeaux et les pots de vin de toutes sortes font en sorte que nous ne pouvons plus avoir confiance en la FTQ pour être majoritaire au conseil d’administration », a déclaré le chef de la Coalition, François Legault, ajoutant que le Fonds est financé par l’argent public à hauteur d’environ 115 millions $ par année via le crédit d’impôt pour les fonds de travailleurs.

La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) n’a pas tardé à réagir mercredi. Le président, Daniel Boyer, a riposté que « la sortie de la CAQ est purement électoraliste » et « sent le désespoir à plein nez ».

Il déplore l'impatience de la CAQ alors qu'un comité spécial étudie la gouvernance du Fonds de solidarité FTQ et fait valoir le président de la FTQ, les dirigeants du Fonds se sont engagés, en commission parlementaire et en présence des représentants de la CAQ, à déposer un rapport sur la gouvernance avant le 31 mars prochain.

La FTQ fait valoir que le Fonds compte plus de 615 000 actionnaires et a permis de créer plus de 170 000 emplois au fil des ans tout en venant en aide à des centaines d'entreprises. Daniel Boyer n’a pas manqué de décocher une flèche au chef de la CAQ à ce sujet. « M. Legault avait moins de scrupule à composer avec un Conseil d'administration majoritairement formé de représentants de travailleurs et travailleuses à l'époque où le Fonds a mis plus de 20 millions de dollars dans son entreprise, soit Air Transat. »

 

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Gordon Lefebvre : parcours de militant

Montréal – La revue Web Raisons sociales consacre une série de trois capsules vidéo au parcours militant de Gordon Lefebvre. Un témoignage inédit pour ceux que le syndicalisme, le militantisme et les organisations maoïstes et marxistes-léninistes intéressent.

 

Pour visionner les capsules : ici.