Brèves syndicales

2014/02/07 | Par Maude Messier


Négociations de mauvaise foi : les enseignants de la Colombie-Britannique gagnent leur cause

Colombie-Britannique – Le 27 janvier dernier, la Cour suprême de la Colombie-Britannique a déclaré inconstitutionnelle la Loi sur l'amélioration de l'éducation (projet de loi 22), adoptée par le gouvernement de la province en mars 2012.

Statuant que la Loi 22 viole le droit des enseignants à la négociation collective, la juge Susan Griffin a aussi fait valoir qu'un des facteurs ayant empêché une négociation de bonne foi est que « les représentants de la province étaient préoccupés par une autre stratégie. Cette stratégie était d'exercer une pression telle sur le syndicat que celui-ci déclencherait une grève. Les représentants du gouvernement pensaient que cela donnerait l'occasion au gouvernement de légiférer le retour au travail des enseignants et de gagner la faveur politique », tel que rapporté par Radio-Canada.

Cette loi interdisait les moyens de pression et suspendait le droit de grève des quelque 41 000 enseignants jusqu’en août 2012. Les enseignants participaient alors à une grève du zèle depuis la rentrée scolaire. La loi imposait aussi aux parties la médiation et interdisait aux enseignants de négocier la taille et la composition des classes jusqu’en juin 2013.

Le gouvernement devra verser 2 millions $ à la Fédération provinciale des enseignants pour négociations de mauvaise foi avec les 41 000 enseignants concernés.


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Une campagne de solidarité internationale cible Rio Tinto

Une campagne pour le respect des droits des travailleurs oeuvrant dans les usines de Rio Tinto à travers le monde est mise en branle par IndustriALL Global Union, une organisation syndicale qui représente 50 millions de travailleurs de 140 pays dans les secteurs minier, énergétique et manufacturier.

Un rassemblement a eu lieu ce jeudi à l’occasion de l'Indaba 2014 du secteur minier au Centre des Congrès du Cap, en Afrique du Sud. Quelque 200 participants s’y sont présentés pour interpeller les dirigeants de Rio Tinto quant aux conditions de travail qui prévalent dans certaines usines de la multinationale et sur les entraves à la négociation collective.

« Rio Tinto a largement l’habitude de provoquer conflit après conflit avec les syndicats, les organisations indigènes, les groupes environnementaux et les autres parties prenantes importantes de la société. Les syndicats et la société civile s’associent d’une manière qui est sans précédent pour résister à Rio Tinto dans l’intérêt des travailleurs, de l’environnement et des communautés locales », de déclarer le secrétaire général adjoint d’IndustriALL, Kemal Özkan.

Au-delà de la manifestation, cette campagne vise surtout la création d’un réseau de solidarité internationale.

Pour les détails de la campagne et des conflits impliquant Rio Tinto: ici.



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Livre blanc sur la politique jeunesse : silence sur l’équité en emploi

Montréal – Le Livre blanc sur la politique jeunesse, déposé par le député péquiste Léo Bureau-Blouin ce mardi, reçoit un accueil plutôt favorable, notamment dans les milieux syndicaux.

Le comité Jeunes FTQ, Force Jeunesse et le Comité national des jeunes de la CSN sont toutefois déçus de n’y voir aucune référence à la notion d’équité intergénérationnelle en emploi.

Rappelons que ces groupes ont déposé à l’automne dernier un mémoire portant sur ce sujet dans le cadre des consultations « Destination 2030 », qui visaient à alimenter le Livre blanc. Ils revendiquaient alors l’élimination des clauses de disparité de traitement (clauses « orphelin ») pour combattre la discrimination en emploi sur la base de l’âge.

Une étude préparée par ces groupes révélait que près de 18% des travailleurs couverts par ces conventions collectives sont affectés par des clauses de disparité de traitement. De ce nombre, près du quart ont des salaires à l’embauche inférieurs à leurs confrères exécutant le même travail dans le même établissement.

Les clauses « orphelin » introduisant une discrimination relativement aux assurances et aux régimes de retraite concernent aussi près du quart des travailleurs ciblés.

Ils déplorent aussi le flou juridique dans la Loi sur les normes du travail sur les disparités de traitement en regard des assurances collectives et des régimes de retraite complémentaires. Flou qui explique la transformation, progressive mais certaine, des régimes à prestations déterminées vers des régimes à cotisations déterminées au détriment des nouveaux employés, et donc, des plus jeunes.

Ces groupes de jeunes promettent d’être présents à la Commission parlementaire pour débattre du renouvellement de la politique québécoise de la jeunesse et de l’importance d’inclure l’équité intergénérationnelle en emploi dans les grandes orientations guidant la nouvelle politique jeunesse québécoise.

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Grève évitée au CN

Montréal – Devant la menace d’une grève au CN, le gouvernement conservateur a une fois de plus brandi la menace d’une loi spéciale pour forcer le retour au travail. « Il faut que les trains continuent à rouler », a déclaré mercredi la ministre fédérale du Travail, Kellie Leitch.

Une entente de principe est finalement survenue mercredi soir entre la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) et la Conférence ferroviaire Teamsters Canada, qui représente les 3 300 chefs de train, agents de train et coordonnateurs de la circulation sans convention collective depuis juillet dernier.

À l’instar de chez Postes Canada et Air Canada, les conservateurs ont invoqué, ce mercredi, les « graves conséquences économiques » d’un conflit de travail et chiffré ces pertes à 450 millions $ par semaine.

« Une grève minerait la reprise économique, d’indiquer Mme Leitch. Nous sommes préoccupés de l'impact potentiel sur les fermiers, sur les exportations et sur le secteur manufacturier. »

Les événements ont déboulé après que le syndicat des Teamsters ait déposé, mardi, un préavis de grève de 72 heures. La ministre Leitch a brandi la carte de la loi spéciale, puis, selon le porte-parole du syndicat, Stéphane Lacroix, la partie patronale est revenue avec de nouvelles propositions qui ont permis de conclure une entente de principe.

La santé et la sécurité des travailleurs et de la population est un enjeu prioritaire de la négociation pour le syndicat, qui a d’ailleurs fait plusieurs sorties publiques sur le sujet, notamment à la suite des événements au Lac-Mégantic. Les clauses concernant les effectifs à bord des trains, les heures de travail et la gestion de la fatigue constituaient des points d’achoppement.

Rappelons que les syndiqués ont rejeté une entente de principe intervenue entre le la CFTC et le CN en octobre dernier à 67 %.

« Il y a des problématiques de santé et sécurité récurrentes depuis de nombreuses années. Dans l’entente qui a été rejetée, les membres n’ont pas eut l’impression que ces problématiques étaient prises en compte », a indiqué à l’aut’journal le porte-parole des Teamsters, Stéphane Lacroix.

Les détails de l’entente survenue ce mercredi ne seront pas dévoilés avant que les syndiqués en aient pris connaissance, un processus qui s’échelonnera sur quelques semaines.

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Construction : Quand le chat n’est pas là, les souris dansent

Montréal – Dans un rare moment de consensus, les cinq organisations syndicales de l’industrie de la construction interpellent la présidente de la Commission de la construction, Diane Lemieux, pour dénoncer l’allongement des délais dans le traitement des plaintes de travail au noir sur les chantiers de construction.

Préoccupés par le travail au noir, les partenaires de l’industrie, dont les syndicats, ont convenu d’intensifier les dénonciations au cours des derniers mois. Pourtant, selon la FTQ-Construction, plus de 85% des plaintes déposées par des représentants syndicaux et des travailleurs sont jugées non fondées, bien souvent parce que le délai entre le dépôt de la plainte et la visite d’un enquêteur est trop long.

Un délai qui permet aux employeurs de camoufler leur fraude et de congédier les travailleurs qui se plaignent du travail au noir sur le chantier selon les syndicats.

Dans une lettre datée du 5 février 2014, signée conjointement et adressée à la présidente de la CCQ, Diane Lemieux, les syndicats ciblent la nouvelle orientation stratégique de la CCQ. Ils indiquent qu’en voulant cibler les cas « majeurs », la CCQ laisse un champ libre aux employeurs pour les fraudes dites « mineures », « systématiquement tolérées, voire ignorées. »

Les syndicats demandent à Mme Lemieux que la CCQ, financée en partie à même les cotisations des travailleurs, intensifie la présence des enquêteurs et régularise le traitement des plaintes pour dissuader et prévenir le travail au noir.

Dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne, Diane Lemieux rétorque que le nombre d’heures passées sur les chantiers est passé de 34 500 à 37 000 par année.

Elle attribue la perception des syndicats à une «incompréhension» des nouvelles façons de procéder et à de l'«inconfort» face à celles-ci, rapporte PC.

Fini l’automatisme «une plainte-un inspecteur» qui faisait des inspecteurs le prolongement de l’action syndicale, selon Mme Lemieux. Les plaintes seront désormais traitées comme des signalements pouvant donner lieu à des enquêtes plus poussées.

Du côté syndical, jeudi en fin de journée, on espérait recevoir une réponse à cette lettre de la part de Diane Lemieux autrement que par la voie des médias.

Pour lire la lettre adressée à la présidente de la CCQ : ici.

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Avez-vous dit merci?

Montréal – « Ce n'est pas toujours facile, éduquer des enfants. Pas toujours facile d'intervenir en tant que travailleuse sociale. Pas toujours facile de prendre soin de nos aînés dans les centres d'hébergement. Pas évident non plus, encadrer nos jeunes, plus vulnérables, dans les centres jeunesse », a fait valoir Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN.

Valoriser le travail des employés des services publics, c'est l’objectif de la campagne lancée par la CSN en début de semaine.

Par l'entremise du site merciavous.org et avec le mot-clic #merciàvous sur les médias sociaux, la population est invitée à remercier les intervenants des services publics qu'ils côtoient dans leur quotidien.