Brèves syndicales

2014/02/14 | Par Maude Messier


Budget fédéral : les syndicats n’attendent plus rien des conservateurs

Montréal – En réaction au dépôt du budget fédéral en début de semaine, les centrales syndicales ont toutes dénoncé la poursuite des mesures d’austérité et le caractère électoraliste du budget.

« Il ne suffit pas de donner accès à l'Internet haute vitesse pour donner du rythme à l'économie ! », a déploré Louise Chabot, présidente de la CSQ.

« Nous avons là un gouvernement qui, malgré l'importante marge de manœuvre qu'il aurait pu se donner, continue de s'en prendre à ses propres effectifs, tout en ne répondant pas aux besoins de la population », de déclarer Serge Cadieux, secrétaire général de la FTQ.

« Le penchant des conservateurs pour une politique d'austérité qui ne tient aucun compte des travailleuses et des travailleurs moins bien nantis ainsi que de la classe moyenne est évident », a souligné Pierre Patry, trésorier de la CSN.

Force est de constater que les organisations syndicales n’attendent plus rien de ce gouvernement, à l’exception du déclenchement des élections en 2015.

Elles estiment que le budget 2014 est éloigné des besoins immédiats de la population. Rien sur les revendications pour une bonification du régime d'assurance-emploi, du Régime de pensions du Canada et du Supplément du revenu garanti.

Rien non plus pour annuler l'abolition du crédit d'impôt des fonds de travailleurs. Rien sur les demandes répétées, du Québec et de l’Ontario notamment, pour hausser les transferts fédéraux en matière de péréquation et des programmes sociaux.

Au contraire, ce budget signe plutôt une diminution de services pour lesquels les citoyens paient à même leurs impôts fédéraux, les employés du secteur public continueront de subir des compressions budgétaires et les retraités de l’État devront assumer 50 % des coûts de leur assurance-santé.

Le gouvernement conservateur va aussi de l’avant avec la subvention canadienne pour l’emploi, une mesure annoncée dans le budget de l’an dernier. À compter d’avril 2014, le gouvernement fédéral versera lui-même les subventions aux entreprises désireuses d’être financées pour la formation de la main-d’œuvre, même sans entente avec les provinces.

Les syndicats dénoncent vivement cet envahissement dans le champ de compétences provinciales. La FTQ réclame son abolition, sans quoi le Québec devrait exercer son droit de retrait avec pleine compensation.

L’aide financière de 500 M $ à l'industrie de l'automobile, concentrée en Ontario, représente la plus grosse part des nouveaux investissements, ce qui constitue un irritant considérant qu'aucun soutien concret n'est apporté aux industries du Québec. Les syndicats y voient une nouvelle marque de distanciation du gouvernement Harper envers le Québec.

À la CSN, on craint aussi que ce budget ne soit qu’un « paravent pour mieux venir « bulldozer » l'équilibre social avec un de leur fameux projet de loi mammouth », comme les conservateurs l’ont déjà fait à deux reprises.

« C'est là un déni de démocratie qui ne peut être toléré. Les conservateurs cherchent à rétablir l'équilibre budgétaire sur le dos des chômeurs, des fonctionnaires, des travailleurs, et dans le plus grand mépris des juridictions provinciales, avant d'arriver aux prochaines élections prévues pour 2015 », a fait valoir Pierre Patry.

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Budget fédéral : à contresens d’une nécessaire transition écologique

L’équilibre budgétaire, qui sera atteint techniquement l’an prochain, aura été payé très cher, selon l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), alors que d'importantes compressions budgétaires (14 G$ en 2014-2015) seront appliquées et que la croissance économique sera anémique.

« Le plus gros investissement, 250 M$, sera dans l'industrie automobile. La centrale nucléaire de Chalk River connaîtra également un investissement important de 114 M$ cette année. Ces deux investissements vont à contresens de la nécessaire transition écologique dont l'économie canadienne aurait besoin », affirme Simon Tremblay-Pepin, chercheur à l'IRIS.

Par exemple, l’IRIS relève que du mince 13 M $ destiné à la protection du patrimoine, 10 M $ seront consacrés à favoriser la pêche récréative et à ouvrir des sentiers de motoneige.

« Pourtant, le gouvernement investit en même temps 28 M$ sur deux ans pour obtenir « plus de certitude quant aux délais » de l'Office canadien de l'énergie pour l'approbation de l'oléoduc TransCanada Énergie Est », d’indiquer Simon Tremblay-Pepin, ajoutant qu’un gouvernement désireux de construire un pipeline qui transportera du pétrole des sables bitumineux pourraient consentir des efforts plus ambitieux à la protection du patrimoine et de l'environnement que l'ouverture de sentier de motoneige.  

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Budget fédéral : la section sur les OBNL

Montréal – Le budget 2014 annonce aussi une consultation publique sur le régime fiscal des organismes à but non lucratif (OBNL), « afin de s’assurer que l’exonération d’impôt visant les OBNL est bien ciblée et ne fait pas l’objet d’abus par des organismes qui demandent l’exonération mais ne fonctionnent pas de la manière attendue, et de veiller à ce que les exigences de production de déclarations s’appliquant aux OBNL légitimes permettent au public et à l’ARC d’obtenir des renseignements suffisants aux fins de l’évaluation de leurs activités. »

Autrement dit, le gouvernement entend faire le ménage dans l’avantage fiscal accordé aux OBNL, lesquels ne paient pas d’impôt au fédéral, et voir si cette exonération est justifiée dans tous les cas.

Plusieurs, dont le chef du NPD, Thomas Mulcair, s’inquiètent que cette mesure soit une façon de museler les groupes critiques du gouvernement : groupes de revendications, groupes environnementaux, groupes syndicaux. En pleine période olympique, il est à noter que seules les associations liées au sport amateur sont exemptées, sans explication.

Après le projet de loi sur la « transparence » des organisations syndicales, C-377, une révision du régime fiscal des OBNL qui prendrait une teinte idéologique a de quoi inquiéter.

Certains se questionnent d’ailleurs à savoir si les conservateurs n’envisagent pas, dans une prochaine étape, d’abolir les déductions d’impôts pour les cotisations syndicales des travailleurs.

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Rouyn-Noranda : Petits mots doux, chocolat et action politique

Rouyn-Noranda – Quelque 125 lock-outés et grévistes des trois épiceries de la bannière Loblaw en conflit de travail en Abitibi-Témiscamingue ont distribué ce jeudi des chocolats et des cartes de Saint-Valentin dans le centre-ville de Rouyn-Noranda, suggérant à la population de communiquer avec le service à la clientèle de l’entreprise pour les inviter à revenir à la table de négociation.

Le Maxi de Rouyn-Noranda est en lock-out depuis août 2012. Le Provigo de Témiscaming est en lock-out depuis décembre 2012. Le Loblaws de Rouyn-Noranda est en grève depuis juin 2013. Les pourparlers sont au point mort dans les trois établissements.

« On avait plus de 500 cartes et on en a manqué. La population aussi est victime de ces conflits, ça les concerne », d’indiquer Sylvain Nolet, conseiller syndical de la CSN, en entretien avec l’aut’journal. Il ajoute : « C’est une question de volonté, pas d’argent. Ces conflits pourraient être réglés en deux ou trois jours. Des hausses de salaire de 3%, ce n’est pas une question d’argent là! »

Différents acteurs socio-économiques ont manifesté leur appui aux travailleurs syndiqués et signé une lettre adressée au président de Loblaw, Vincente Trius, demandant la reprise des négociations pour résoudre ces conflits qui affectent l’économie de la région.

Le Réseau Vigilance, un regroupement régional de plusieurs organismes communautaires, syndicaux et féministes, représentant près de 30 000 personnes, l'Union des producteurs agricoles (UPA) de l'Abitibi-Témiscamingue et Mme Christine Moore, députée fédérale de la circonscription de l'Abitibi-Témiscamingue sont au nombre des signataires. M. Nolet précise que d’autres appuis se manifesteront au cours des prochaines semaines.

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Vote de grève au Massif

Petite-Rivière-Saint-François – Les employés syndiqués de la station de ski le Massif ont rejeté à 90%, en assemblée générale ce mardi soir, l'offre finale de l'employeur et voté en faveur d’un mandat de cinq jours de grève à 90,5 %.

La proposition finale de l’employeur comportait des augmentations salariales de 9,5 % sur six ans. Le syndicat a accepté de signer une convention de cette durée, mais réclame des hausses salariales plus substantielles, se rapprochant de celles obtenues par les travailleurs du Mont-Saint-Anne notamment, de l’ordre de 2% à 2,5% par année.

Du côté syndical, on fait valoir que les membres du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du Massif (CSN) ont, par le passé, accepté un gel salarial de six ans dans un contexte d’investissements majeurs pour le développement de la station. Un projet qui devait générer la création de 300 à 400 postes additionnels, selon la CSN, et des retombées considérables pour la région.

« Il y a eu beaucoup de promesses d'espoir pour Charlevoix. Les employés y ont cru et y ont mis tout leur cœur et leur bonne humeur. L'employeur a fait de mauvais choix de gestion qui ont résulté en des coupes de services et d'installations, en plus de compressions dans les effectifs », d’indiquer Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches (CSN).

La convention collective est échue depuis le 31 décembre 2013 et 240 travailleurs sont touchés par cette situation.

Les parties doivent se rencontrer en présence d’un conciliateur ce vendredi. Du côté de la CSN, on indique qu’un règlement est tout à fait envisageable dans un bref délai mais qu’à défaut d’une «proposition respectueuse», la grève pourrait être déclenchée.

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Cimenterie de Port-Daniel : les Métallos demandent à voir les études

Port-Daniel-Gascons – Deux semaines après l'annonce par le gouvernement du Québec d'un investissement qui pourrait atteindre 450 millions $ d'argent public pour la construction d’une nouvelle cimenterie à Port-Daniel, en Gaspésie, le Syndicat des Métallos réclame que soit rendue publique l'étude de marché prouvant la viabilité économique du projet.

Rappelons que le syndicat avait réagi vivement à cette annonce, disant craindre que ces investissements entrainent des pertes d’emplois, notamment pour les 135 travailleurs chez Ciment Lafarge à Saint-Constant, les 150 travailleurs de Ciment Québec dans Portneuf et la cinquantaine de travailleurs affectés à la livraison de béton à Montréal.

Dans un contexte de surproduction mondiale, le syndicat s’inquiète du fait que la cimenterie de Port-Daniel devrait être en mesure de produire deux millions de tonnes de ciment par année, soit autant que la production des quatre cimenteries du Québec en 2012.

Le syndicat formule des demandes d'accès à l'information aux différents ministères et organismes concernés et demande de rendre publique l'étude de marché qui aurait été faite par la Caisse de dépôt. Le Syndicat demande également au gouvernement de quantifier l'ensemble des avantages consentis à Ciment McInnis sous forme de congé fiscal et de rabais sur les tarifs d'électricité.

«La première ministre doit s'assurer de rendre publique la fameuse étude à laquelle elle fait référence et faire preuve de transparence en dévoilant le montant de tous les avantages consentis à ciment McInnis. Québec est en train de financer largement un projet qui risque de faire perdre autant d'emplois qu'il n'en créera. C'est la moindre des choses qu'on donne l'heure juste sur la viabilité du projet», a lancé le directeur québécois des Métallos, Daniel Roy.

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Impasse dans les négociations à la résidence Manoir St-Jacques

Princeville – Devant l’impasse des négociations, les 25 employés syndiqués de la résidence privée pour personnes aînées Manoir St-Jacques de Princeville entreprennent des moyens de pression. Les pourparlers sont au point mort et aucune rencontre entre les parties n’est prévue pour le moment. Leur convention collective est échue depuis juin dernier.

Certains employés, en fonction de leur titre d’emploi, sont embauchés au salaire minimum. Un préposé aux bénéficiaires, chargé de changer, laver et prendre soin des personnes âgées, gagne 11 $ de l’heure au bas de l’échelle salariale et gagnera 12,60 $ de l’heure lorsqu’il atteindra l’échelon maximum.

« Une reconnaissance du travail à sa juste valeur est la moindre des choses pour s'occuper de nos aînés. Le bien-être des personnes résidentes passe par du personnel heureux et reconnu à sa juste valeur », a fait valoir Carl Reinhardt, conseiller du Syndicat québécois des employées et employés de service (FTQ).

Les salaires constituent le principal point d’achoppement des négociations. Le syndicat réclame des hausses de 3% à 3,5% pour une convention de deux ans. La dernière offre patronale faisait état de hausse de 2% à 3% pour une convention de huit ans.

Les travailleurs se rendent donc au travail en jeans et portent depuis cette semaine un macaron et un foulard sur la tête, de type bandana. Le syndicat fait valoir que si aucune progression n’est réalisée au moment de la prochaine rencontre avec le conciliateur, d’autres moyens de pression seront considérés.