Comment lutter contre les méfaits de la Nouvelle gestion publique ?

2014/02/26 | Par Jacques Fournier



L’auteur est organisateur communautaire retraité

Près de 150 personnes ont participé à un substantiel colloque sur les effets de la Nouvelle gestion publique (NGP) dans le secteur de la santé et les services sociaux, les 21 et 22 février au Centre St-Pierre à Montréal. L’événement était organisé par le RECIFS, le RIOCM et Ex-Aequo, avec la collaboration du RANQ et animé par la militante féministe Lorraine Guay.

Le colloque s’est ouvert sur une présentation de Philippe Hurteau, chercheur à l’IRIS, qui a bien démontré, entre autres, que la NGP, contrairement à ce qu’elle promet, entraîne plus de lourdeur et de bureaucratie dans les services publics. Yves Mercier, président d’Ex Aequo, a ensuite décrit les travaux de son organisme pour la promotion des personnes handicapées et la défense de leur droit aux services. Sébastien Rivard, du RIOCM, a expliqué les impacts négatifs de la NGP sur le secteur communautaire autonome et le « dumping » (déchargement) du secteur public vers le communautaire.

Le samedi, Angelo Soares, professeur à l’UQAM, a fait une présentation magistrale des impacts concrets sur la santé mentale des intervenants-es de tous ces processus « à la mode Toyota » qui contribuent, dans les faits, à la démobilisation du personnel. Nadine Boucher et Jacques Couture du RANQ ont expliqué ce qu’ils ont recueilli comme matériaux d’analyse des besoins lors d’une grande tournée auprès des aidants naturels dans tout le Québec. Sébastien Bruère, ergonome, spécialiste en santé au travail, a traité de la méthode Toyota et des obstacles à la prévention des risques professionnels.

La plénière finale a permis de mettre de l’avant de nombreuse pistes d’action pour lutter concrètement contre les effets réels de la NGP. En voici certaines, la liste n’étant pas exhaustive :

- inciter nos usagers à utiliser au maximum le processus de plaintes;

- encourager l’implication dans les comités d’usagers;

- aller systématiquement aux réunions des CA des établissements et de l’Agence régionale et y poser des questions;

- faire des « flash mob » sur un ton burlesque, pour contrer le ridicule de certaines directives patronales;

- taper sur les « casseroles de le la santé »;

- envoyer des lettres au députés, au MSSS, aux journaux, etc. Utiliser les média sociaux;

- faire circuler les hyperliens des études innovatrices et originales comme celles de l’IRIS. Les envoyer non seulement dans notre réseau de « convertis » mais à des publics qui ne sont pas au courant des réalités du réseau sur le terrain. Inciter les gens à lire autre chose que les pages économiques de La Presse pour qu’ils voient qu’il n’y a pas une seule façon (néo-libérale) de comprendre les règles de l’économie.

- secouer nos corporations professionnelles;

- pratiquer un syndicalisme de combat;

- faire la « grève du zèle », une grève qui consiste à faire exactement ce que le patron demande, ce qui entraîne un mauvais fonctionnement immédiat sur le terrain;

- manifester sur l’heure du midi;

- démolir collectivement une vieille Toyota mise à la casse;

- boycotter le remplissage infini des statistiques;

- s’organiser syndicalement, mais aussi s’organiser en dehors des syndicats, sur une base autonome;

- organiser des débats publics; faire circuler des pétitions;

- adapter nos outils aux divers publics; donner des cas concrets;

- profiter de la période électorale pour poser des questions aux candidats.


Trois pistes prioritaires ont été proposées par le comité organisateur :

1. Développer des stratégies unitaires, inédites,

- entre les syndicats d’abord,

- entre les syndicats et les groupes communautaires, d’usagers, d’aidants, etc. (et même avec des gestionnaires critiques du lean).

2. Participer à la manif qui sera organisée en mai à Boucherville lors d’une formation sur les méthodes Toyota destinée à des gestionnaires.

3. Organiser d’autres événements comme aujourd’hui.

C’est parti !