Brèves syndicales

2014/02/28 | Par Maude Messier

L’accident mortel de l’aluminerie d’Alma était prévisible et évitable

Alma – La Commission de la santé et sécurité du travail blâme Rio Tinto Alcan pour l’accident qui a coûté la vie à Cyndie Lavoie, une opératrice du centre des anodes de l'aluminerie Alma, le 30 avril 2013.

Dans son rapport d’enquête rendu public ce mardi, la CSST conclut que trois causes sont à l’origine de l’accident mortel : l’accessibilité non sécurisée à une zone dangereuse et l’omission d'indiquer le danger, le processus déficient de déblocage sur une machine en fonction, et la déficience de la gestion de la santé et sécurité par l’employeur. 

Des incidents survenus dans des circonstances similaires avant l’accident tragique auraient pourtant dû sonner une cloche et entrainer la mise en place de correctifs et de modifications aux méthodes de travail.

L’enquête a révélé qu’un mémo destiné aux employés a été rédigé relativement aux mesures de sécurité à prendre du déblocage des tiges, mais le document était incomplet et insuffisant selon la CSST. Les travailleurs rencontrés par les enquêteurs ne se souvenaient d’ailleurs pas de ce mémo.

Selon le Règlement sur la santé et la sécurité du travail, les zones dangereuses situées à l’intérieur ou autour d’une machine qui présente un risque pour la santé et la sécurité du travail doivent être rendue inaccessibles. La CSST exige donc que Rio Tinto Alcan modifie ses installations.

L’enquête a aussi révélé qu’un conseiller à la santé et sécurité du travail avait pourtant recommandé que la grenailleuse soit cadenassée, une procédure qui nécessite la fermeture complète du courant électrique pour accéder aux installations. L’ironie, c’est que Rio Tinto Alcan n’ait pas jugé que les risques étaient suffisants pour appliquer une telle procédure.

«La compagnie a des beaux programmes de santé et sécurité, mais leur application est bien arbitraire. Le risque avait été identifié, les cadres savaient que les travailleurs devaient plus souvent intervenir directement sur cette machine, mais les superviseurs ont choisi de ne pas en tenir compte. Ça a coûté la vie de notre sœur», a expliqué le président de la section locale 9490 du Syndicat des Métallos, Hugues Villeneuve.

Il ajoute qu’aujourd’hui encore, des procédures de cadenassage sont contournées lors d’interventions sur des machines en marche. Le syndicat indique qu’il entend suivre l’employeur à la trace pour que les correctifs exigés soient dûment apportés.

Rappelons brièvement que Cyndie Lavoie a perdu la vie alors qu'elle tentait de débloquer deux tiges sur un convoyeur alimentant une machine de nettoyage par projection de grenailles, appelée « grenailleuse ». Après avoir débloqué la première tige, elle a été happée par la pièce qui suivait, puis écrasée contre le cadre d'entrée de la machine.

La CSST considère que l’employeur, Rio Tinto Alcan d’Alma, a agi de manière à compromettre la santé et la sécurité des travailleurs. Un constat d’infraction lui a été délivré, mais le montant de l’amende demeurera confidentiel jusqu’à l’expiration du délai de contestation.

Pour ce type d’infraction, le montant de l’amende varie de 15 698 $ à 62 790 $ pour une première offense, et de 31 395 $ à 156 976 $ en cas de récidive.

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UPop Montréal : sur le syndicalisme québécois

Montréal – UPop Montréal est un organisme sans but lucratif d’éducation populaire, un lieu de rencontre, de réflexion et de partage des connaissances sur des sujets variés.

La programmation pour la saison hiver 2014 présente, entre autres thématiques, tout un bloc de séances portant sur le syndicalisme québécois.

La saison est déjà entamée, mais plusieurs activités auront lieu au cours des semaines à venir : «Le capital syndical», «Services publics : les syndicats perdent-ils la bataille de la privatisation?», «L'antisyndicalisme contemporain : qu'en est-il du rapport de force ? Quelle démocratie syndicale?», «Les nouvelles formes de luttes syndicales».

Ouvertes à tous, les séances ont lieu les mardis, 19h00, au bar Les Pas Sages, rue Rachel, à Montréal.

Pour voir la programmation complète :Ici.

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Équité salariale : le gouvernement va en appel

Québec – On apprenait vendredi dernier que le gouvernement du Québec ira en appel du jugement rendu par la Cour supérieure le 22 janvier dernier qui déclarait invalides, inapplicables et inopérantes deux dispositions introduites avec la réforme de 2009 de la Loi sur l’équité salariale.

Les emplois à prédominance féminine doivent être révisés tous les cinq ans pour vérifier s’il doit y avoir un ajustement salarial. Le cas échéant, la réforme de 2009 prévoyait que la rétroactivité ne s'appliquait pas rétroactivement au moment des modifications à l'emploi, mais seulement en date de la révision de tâche.

Puisqu’il s’agit d’emplois à prédominance féminine, le juge Édouard Martin avait conclu que l'absence de rétroactivité pour un potentiel de cinq années représente donc «une source de discrimination fondée sur le sexe».

Outrées, différentes organisations syndicales ont dénoncé la décision du gouvernement d’en appeler de ce jugement, dont le Syndicat canadien de la fonction publique, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux et le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec.

« Nous nous attendions à ce que le gouvernement décide de se conformer au jugement, vu son discours sur l'importance de l'égalité hommes-femmes. Manifestement, les gestes qu'il pose sont incompatibles avec ses belles paroles », a déclaréLucie Levasseur, présidente du SCFP-Québec.

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Règlement au Massif

Petite-Rivière-Saint-François – Vendredi le 21 février dernier, les membres du Syndicat des salarié-es du Massif Petite-Rivière-Saint-François-CSN ont finalement accepté, dans une proportion de 74 %, l'offre de règlement proposée par la conciliatrice.

Ils avaient rejeté cette même offre à 63 % le 17 février denier, la jugeant alors insuffisante et ce, malgré une recommandation favorable du comité de négociation.

De retour devant la conciliatrice la semaine dernière, l'employeur a maintenu la même offre en y enjoignant une menace d'une fermeture indéterminée.

« Dans le même souci de démocratie et de transparence qui l'a toujours animé, le syndicat a convoqué une nouvelle assemblée qui, cette fois-ci, a décidé d'accepter la proposition », de préciser Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches (CSN).

Les travailleurs obtiennent des augmentations de salaire de 11,5 % réparties sur six ans.

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Retrait préventif : le droit des femmes de vivre une maternité sans risque

Montréal – Régulièrement, le programme « Pour une maternité sans danger » de la Loi sur la santé et la sécurité du travail refait surface dans l’espace public : forte augmentation des coûts du programme de retrait préventif, nécessité de renforcer les contrôles et de mieux définir les risques. On laisse même entendre que les femmes enceintes sont quelque peu «capricieuses», lorsqu’il s’agit de la grossesse et du travail.

Dans une lettre ouverte publiée ce mercredi dans Le Devoir, une douzaine de personnalités dont des dirigeants syndicaux et des représentantes de groupes de femmes, dénoncent les déclarations à l’emporte-pièce qui sont véhiculées sur le programme.

Ils rappellent que l’admissibilité d’une demande au programme est le résultat d’un consensus de professionnels de la santé publique et qu’il ne s’agit pas d’une «tombola à laquelle il suffit de s’inscrire pour obtenir quelques semaines de vacances aux frais des employeurs.»

La loi prévoit qu’en présence de danger pour une travailleuse enceinte, l’employeur a la responsabilité de trouver des aménagements pour éliminer le danger à la source ou de la réaffecter à des tâches sécuritaires. Sans quoi, elle peut exercer son droit au retrait préventif.

Les signataires font d’ailleurs valoir que l’augmentation des coûts du programme s’explique notamment par la forte progression des femmes sur le marché du travail, mais aussi par « l’incurie de certains employeurs pour rendre les milieux de travail sains et sécuritaires. »

Ils réclament des engagements clairs de la part du gouvernement du Québec et de la première ministre quant au maintien du programme.

Pour lire la lettre :Ici.


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« Bref, je suis un prof »

Rouyn-Noranda – Initiative d’un groupe d’enseignantes de l’école secondaire La Source en Abitibi, le court métrage de trois minutes, « Bref, je suis un prof », est une ode humoristique sur la fierté d’exercer cette profession souvent malmenée.

Calquée sur la websérie française Bref., la vidéo illustre le quotidien effréné d’une enseignante du secondaire, interprétée par la comédienne Mélanie Nadeau, et réalisé par Dominic Leclerc.

Le tournage a eu lieu 21 février dernier, en dépit du fait que les cours avaient été suspendus pour la journée en raison d’une averse de verglas.

Cette semaine, la vidéo virale s’est propagée à une vitesse impressionnante sur les réseaux sociaux, atteignant presque les 157 500 visionnements en date de mercredi.

Pour voir la vidéo :Ici.

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Bon pour les uns mais pas pour les autres?

Bartonville / Texas – Le PDG de la société pétrolière et gazière américaine ExxonMobil, Rex Tillerson, est évidemment un ardant défenseur de la fracturation hydraulique, clamant haut et fort la légitimité de l’industrie à forer et à fracturer, même sur des propriétés privées, même aux côtés de secteurs résidentiels. Il pourfend les opposants et fait valoir qu’aucune preuve n’est faite des dangers que peut entrainer le «fracking».

The Nation a révélé cette semaine que M. Tillerson prend pourtant part à une poursuite visant à empêcher la construction d’une tour de réserve d’eau, destinée à la fracturation hydraulique, dans l’entourage de son ranch de 83 acres à Bartonville, au Texas.

Tillerson et les autres propriétaires concernés estiment que la tour aurait pour conséquence de dévaluer leurs propriétés valant plusieurs millions de dollars en plus d’avoir un impact sur le mode de vie rural qu’ils apprécient tant.

Pour voir la vidéo de l’éditeur de The Nation, Chris Hayes, diffusé sur MSNBC :Ici