Le SPQ Libre et la candidature de Pierre-Karl Péladeau

2014/03/10 | Par Marc Laviolette et Pierre Dubuc

Notre lutte est une lutte de libération nationale et cette lutte implique, par sa nature même, différentes classes sociales et groupes sociaux dans un front uni.

Par Marc Laviolette et Pierre Dubuc

Respectivement président et secrétaire du SPQ Libre

La candidature de Pierre-Karl Péladeau, sous la bannière du Parti Québécois dans la circonscription de St-Jérôme, provoque une onde de choc sans précédent dans le monde politique québécois et canadien. C’est la première fois qu’un homme d’affaires de cette stature prend, non seulement publiquement position en faveur de l’indépendance du Québec, mais se porte candidat à une élection.

Que M. Péladeau ait été à la tête de Québecor, un des plus importants groupes de presse au Québec, explique que les médias aient pu qualifier son entrée en politique de « grosse prise » pour le Parti Québécois dans cette campagne électorale.

Cependant, M. Péladeau traîne avec lui un désastreux record en matière de relations de travail avec 14 lock-outs et c’est avec raison que la FTQ le qualifie « de l’un des pires employeurs que le Québec ait connu ».

Deux stratégies électorales

Le recrutement de M. Péladeau s’inscrit clairement dans une stratégie électorale pour recruter la clientèle de la Coalition Avenir Québec (CAQ).
Le SPQ Libre a toujours favorisé une autre stratégie électorale, soit de conquérir des voix à gauche avec un programme progressiste, de mobiliser un électorat qui, autrement, a tendance à bouder les élections. C’est une telle stratégie qui a porté le Parti Québécois au pouvoir il y a dix-huit mois.

L’histoire nous apprend en effet que le Parti Québécois remporte la victoire quand le taux de participation est élevé et les perd lorsqu’il est faible.

La présente campagne électorale est encore jeune et nous espérons que les leçons du passé ne seront pas oubliées.

Le SPQ Libre et PKP

Par le passé, le SPQ Libre a vertement critiqué l’attitude arrogante de M. Péladeau dans ses relations de travail et ses manœuvres pour contourner l’esprit de la loi anti-scab. Jamais, le SPQ Libre ne cherchera à le blanchir de son passé antisyndical.

Le SPQ Libre a mené une lutte acharnée au sein du Parti Québécois pour faire inscrire dans le programme et dans la plate-forme électorale une révision de la loi anti-scab.

Nous déplorons vivement que cette revendication n’apparaisse pas dans la présente plate-forme électorale.

Syndicat et politique

Cependant, il ne s’agit pas ici de négocier une convention collective avec M. Péladeau. Nous passons du terrain syndical au terrain politique.
Notre lutte est une lutte de libération nationale et, comme nous l’avons souvent écrit, cette lutte implique, par sa nature même, différentes classes sociales et groupes sociaux dans un front uni.

Dans notre histoire, le Parti Québécois a constitué le lieu de ce rassemblement politique, de ce front uni. Dès sa création, il regroupait un large éventail politique, allant des créditistes à la gauche syndicale. Qu’il accueille aujourd’hui dans ses rangs un représentant du milieu des affaires aussi illustre que M. Péladeau est un signe d’une importante évolution de la situation politique au Québec et au Canada.

Des leçons historiques

Dans notre livre Le SPQ Libre et l’indépendance du Québec. Dix ans de lutte au sein du Parti Québécois, nous mettons en garde contre le danger de confier la direction du mouvement souverainiste et du Parti Québécois à des éléments du milieu des affaires.

De malheureuses expériences historiques nous ont appris qu’ils pouvaient être vulnérables aux pressions économiques de nos adversaires et que certains s’étaient rapidement empressés de remiser le drapeau national dans lequel ils s’étaient drapés après avoir obtenu des concessions du Canada anglais. À cet égard, les intérêts de Québecor au Canada anglais doivent être pris en compte.

Un défi pour la gauche

Pour le SPQ Libre, la candidature de Pierre-Karl Péladeau pose un nouveau défi à la gauche et au mouvement syndical. La solution de facilité serait de se retirer de la coalition souverainiste et rejoindre Québec solidaire, un parti qui, à son dernier congrès, a rejeté la notion même de coalition en bannissant toute entente avec d’autres partis, y compris Option nationale!

Dans le contexte politique actuel, rallier et voter pour Québec solidaire ne peut mener qu’à favoriser l’élection du Parti Libéral de Philippe Couillard et laisser la voie libre à Stephen Harper et à son attaque frontale contre le mouvement syndical.

La véritable voie d’avenir est de s’appuyer sur le courant progressiste au sein du Parti Québécois, fort présent comme en témoignent les candidatures de nombreux syndicalistes, progressistes et féministes, pour le développer et renforcer son influence au sein de la coalition souverainiste.

Le conseil d’administration du SPQ Libre présentera un plan en ce sens lors de son assemblée générale du 13 mars prochain.

Seule une victoire du Parti Québécois peut permettre l’adoption de la Charte de la laïcité et des autres mesures progressistes de sa plate-forme électorale. Seule une victoire du Parti Québécois peut mettre sur la défensive le gouvernement Harper. Seule l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement majoritaire du Parti Québécois ouvre la voie vers l’indépendance du Québec.