Brèves syndicales

2014/03/14 | Par Maude Messier

Création des CSSS : 10 ans plus tard, les promesses n’ont pas été tenues

Montréal – Pour marquer le 10e anniversaire de la fusion des établissements de santé et de services sociaux, la Coalition solidarité santé tenait ce mercredi 12 mars 2014 une assemblée publique au Centre St-Pierre, à Montréal.

Une centaine de personnes ont participé aux discussions pour dresser le bilan de cette réforme qui n’a pas su tenir ses promesses, selon Jacques Benoit, coordonnateur de la Coalition.

Il estime que la fusion des établissements a permis d’aller de l’avant dans l’introduction des principes de marché dans la santé. « Il faut convenir ensemble que ces fusions n'ont pas servi à économiser mais plutôt à utiliser les ressources publiques pour développer les services privés via la sous-traitance et les PPP. »

Il fait valoir qu’en 10 ans, le nombre de cadres du réseau a augmenté de 30 % dans un contexte de pénurie de personnel pour les services directs à la population. L'accessibilité aux services a diminué et le recours à la sous-traitance est devenu la norme, faisant bondir les coûts et les dépenses en santé.

« Plusieurs réclameront bientôt plus de compressions, plus de tarification ou encore une réduction du panier de services à la population. Je comprends que les entreprises privées souhaitent faire des profits, mais la santé n’est pas une occasion d’affaires! »

L'instauration du financement axé sur les patients, annoncé par le gouvernement Marois et endossé par le PLQ plus tôt dans la campagne électorale, et la mise en place de l’assurance-autonomie n’annoncent rien de bon selon la Coalition, qui craint le développement de services à domicile privés, « économie sociale comprise».

Fondée en 1991, la Coalition solidarité santé, qui regroupe une quarantaine d'organisations syndicales, communautaires et religieuses, défend la gratuité, l'accessibilité, l'universalité des services de santé et des services sociaux.

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Mal-financement des services publics : le cas des ouvriers spécialisés 

Montréal – Les ouvriers spécialisés du secteur public (électriciens, plombiers, tuyauteurs, frigoristes, mécaniciens) accusent un retard salarial par rapport à leurs confrères du privé jusqu’à 30 %.

Pas étonnant que les établissements publics soient continuellement en pénurie de main-d’œuvre et doivent recourir de plus en plus à la sous-traitance, avec les coûts qui y sont associés. À cela s’ajoutent les risques que comporte la perte d’une expertise interne pour l’entretien et la réparation du parc immobilier du réseau public.

À la CSN, on indique que, dans le cas du CHUM par exemple, il peut en coûter jusqu’à quatre fois plus cher de faire appel à des entreprises privés pour les mêmes travaux exécutés par les ouvriers spécialisés du secteur public.

Suite aux dernières négociations du secteur public, un comité paritaire a été formé en 2010, lequel devait se pencher sur cette problématique. Le comité devait remettre un rapport un an plus tard aux parties intéressées. Or, ce rapport a finalement été déposé l’automne dernier et les parties ont été incapables d’en arriver à un consensus.

Jointe par l’aut’journal, la vice-présidente de la CSN, Francine Lévesque, indique que la partie syndicale a rencontré le président du Conseil du trésor, Stéphane Bédard, le 14 janvier dernier et qu’il s’est montré empathique à la problématique.

« Mais il n’est pas ouvert à la mise en place d’une table de négociation et affirme que le problème doit être amené lors des prochaines négociations. Il faut que ça bouge et nous, on veut travailler maintenant. Pendant ce temps, la pénurie perdure, ça coûte cher. Pour nous, c’est une question de saine gestion des fonds publics. »

Jeudi, profitant de la présence de plus de 300 délégués réunis en Conseil confédéral, la CSN a organisé une manifestation devant les locaux de la Commission scolaire de Montréal, marquant le coup d’envoi d’un plan d’action, indique Francine Lévesque.

Une stratégie qui sera menée de front par les différentes organisations syndicales représentant les 7 000 ouvriers spécialisés du réseau public: CSN, FTQ, CSQ, SFPQ.

« Il y aura beaucoup de visibilité, nous rencontrerons les directions des établissements qui sont au prise avec la pénurie de main-d’œuvre spécialisée pour démontrer qu’il y a bien un consensus avec elles. Nous sommes aussi en campagne électorale, alors c’est une belle occasion pour rencontrer les candidats à ce sujet. Il y a des établissements publics partout au Québec, tous les candidats sont concernés par ce dossier. »

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Hôtel des Seigneurs : un enjeu électoral régional

Saint-Hyacinthe – Les membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses de l'Hôtel des Seigneurs de Saint-Hyacinthe - CSN (STT-HS) interpellent les candidats maskoutains des différents partis politiques sur le conflit de travail en cours.

« Comment les candidats entrevoient-ils la reprise du travail dans cet établissement touristique très important pour l'économie régionale ? », questionne le président du STT-HS, Robin St-Pierre. « Plus encore, que pensent-ils du fait que l'employeur refuse jusqu'à maintenant de transférer la convention collective advenant la vente du centre des congrès? »

L'article 45.2 du Code du travail prévoit qu’une convention collective est réputée expirée au moment de l’entrée en vigueur de la vente dans les cas de concession partielle d’une entreprise.

Les syndiqués réclament une garantie de survie de leur convention collective advenant, par exemple, la vente de seulement le centre des congrès. Le syndicat se dit ouvert à négocier ensuite, mais demande que la terminaison de la convention ne soit pas un préalable à la vente et donc, à la reprise des activités, totales ou partielles, dans l’établissement.

Rappelons que les travailleurs de l’Hôtel des Seigneurs sont en grève depuis le 28 octobre 2012. En septembre 2013, la société Silver Birch de Vancouver, propriétaire de l’Hôtel, annonçait la fermeture définitive de l’établissement. Le 18 décembre 2013, les syndiqués ont rejeté l'offre globale et finale de leur employeur dans une proportion de 90 %. La fermeture est effective depuis depuis le 22 décembre dernier.

Le syndicat fait valoir que les retombées économiques du tourisme d'affaires pour la région s'élèvent annuellement à 20 M$ et sont en grande partie reliées à l'exploitation de l'hôtel et de son centre des congrès.

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Négociations coordonnées dans les résidences privées : Chartwell met des bâtons dans les roues du SQEES-FTQ

Sorel-Tracy – Devant l'impasse dans les négociations pour le renouvellement de leur convention collective, une soixantaine de travailleurs des résidences privées pour personnes aînées le Marquis de Tracy I et le Marquis de Tracy II ont manifesté ce mercredi.

Le Syndicat québécois des employées et des employés de service (FTQ) accuse le propriétaire des établissements, le groupe Chartwell, de chercher à casser le plan d’action du syndicat.

Le SQEES-FTQ s'est doté d'un plan d'action, sous le thème Prendre soin de nous... c'est aussi pour vous!, qui a notamment pour objectif de faire converger l’échéance de toutes les conventions collectives du secteur des résidences privées pour personnes aînées en 2015 afin de pouvoir mener des négociations coordonnées.

Le Groupe Chartwell est l’un des plus importants exploitants de résidences privées pour aînées, avec 187 résidences. Le syndicat demande à Sorel-Tracy une convention de deux ans, l'employeur en veut une de quatre ans, alors qu'il a pourtant consenti à une convention de deux ans dans une résidence de la région de Québec le mois passé, selon le syndicat.

« Les travailleuses et les travailleurs de ces résidences sont celles et ceux qui nourrissent, changent, lavent et accompagnent au quotidien nos parents et nos grands-parents. Pourtant, ils sont moins bien traités que les personnes qui font de l'entretien ménager dans les édifices publics », d’indiquer le président du SQEES, Jean-Pierre Ouellet.

Le dirigeant syndical juge inconcevable qu'une personne préposée aux bénéficiaires gagne en moyenne moins de 12 $ de l'heure.

L’objectif des négociations coordonnées est d’améliorer le rapport de force de la partie syndical et de négocier localement en fonction d’une plateforme de revendications communes pour l’ensemble des syndicats concernés. Voilà qui permet aussi d’ajuster les disparités de traitement d’un établissement à l’autre pour un même travail.

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Dégradation des services de santé au CSSS Champlain-Charles-Le Moyne

Greenfield Park – Exaspérées par les compressions budgétaires et les décisions des gestionnaires déconnectées de la réalité du terrain qui se répercutent sur la qualité des soins et des services, les professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires du CSSS Champlain-Charles-Le Moyne syndiquées à la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) ont manifesté ce mardi devant l’hôpital Charles-Le Moyne.

Déjà, en novembre dernier, les représentantes syndicales avaient interpellé le conseil d'administration du CSSS sur des coupures prévues de 68 000 heures de travail par année, dans un contexte où les professionnelles en soins ont effectué 114 000 heures en temps supplémentaire annuellement au cours des trois dernières années.

La présidente de la section locale, Sylvie Le Gal, affirme qu’en raison du manque de temps et des compressions, les professionnelles sont dans l’impossibilité de faire leur travail correctement. Par exemple, les infirmières du CLSC Saint-Hubert remplacent les visites à domicile post natales par des appels téléphoniques et ne peuvent plus examiner les jeunes mamans et leurs bébés.

En oncologie, il est impossible de consacrer du temps à la relation d’aide, pourtant essentielle dans ces moments difficiles, pour les patients cancéreux qui se présentent pour de la chimiothérapie.

En soins à domicile, en réadaptation et aux soins palliatifs, les professionnelles n’ont plus de temps pour lever les patients pour les faire marcher régulièrement et de les amener au fauteuil pour les repas.

La présidente de la FIQ, Régine Laurent, déplore que les gestionnaires perdent de vue que la nature des services de santé et de services sociaux est de s'adresser, d’abord et avant tout, à un humain qui a un problème de santé.

« Sans nier qu'il faille gérer de manière responsable les budgets, nous croyons à la FIQ que l'on peut et que l'on devrait soigner humainement les patients plutôt que techniquement comme on le fait quand les ouvriers usinent des voitures sur une chaîne de montage. »

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Éboulement à l’Épiphanie : deux employeurs blâmés

Joliette – Maskimo Construction et Les Excavations G. Allard sont blâmés par la Commission de la santé et de la sécurité du travail pour l’accident survenu le 29 janvier 2013 ayant coûté la vie à deux travailleurs : Daniel Brisebois et Marie-Claude Laporte.

Rappelons qu’un important glissement de terrain lors de travaux d’excavation au pourtour de la carrière Maskimo Construction, à L’Épiphanie, a emporté deux camions de chargement vers le fond de la carrière.

L’opérateur de la pelle hydraulique qui effectuait le creusage et le chargement des camions a réussit à s’en extirper. Les deux conducteurs de camion ont été retrouvés ensevelis, quelques jours plus tard, sans vie.

Dans un rapport d’enquête présenté le 6 mars dernier, la CSST établit deux causes pour expliquer l’accident.

D’abord, les travaux d’excavation ont été effectués sur un site propice aux glissements de terrain qui ont déclenché le mouvement des sols, emportant avec eux les trois travailleurs et leur équipement.

Ensuite, la CSST constate que la planification et la supervision des travaux d’agrandissement de la carrière étaient déficientes. Les travaux d’agrandissement étaient effectués alors que les impacts sur la stabilité du sol étaient inconnus.

Le directeur de la CSST à Joliette, René Beaumont, a affirmé en conférence de presse que l’accident était prévisible. Effectuée au préalable, une étude d'ingénieur en mécanique des sols effectuée aurait donné des informations à l'employeur sur la stabilité des sols, permettant d’éviter un tel accident.

La CSST considère que les employeurs, Maskimo Construction et Les Excavations G. Allard, ont agi de manière à compromettre la santé et la sécurité des travailleurs. Un constat d'infraction leur a été délivré, dont le montant demeure toutefois confidentiel.

Pour ce type d'infractions, l'amende peut varier de 15 698 $ à 62 790 $ pour une première offense, et de 31 395 $ à 156 976 $ s'il s'agit d'une récidive.

Les Excavations G. Allard ont déclaré au Journal de Montréal vouloir contester les conclusions du rapport.