Sur les ondes de CTV, Amir Khadir rassure les étudiants anglophones et allophones

2014/03/24 | Par Pierre Dubuc

Vincent Marissal rapporte dans l’édition de samedi de La Presse cette déclaration d’Amir Khadir à la chaîne de télévision anglophone CTV. « We are for the sovereignty of Quebec but for me, it’s not separation. It’s renewing the unity of Canada. » — Amir Khadir à CTV, 2014-03-19. (« Nous sommes pour la souveraineté du Québec mais, pour moi, ce n’est pas la séparation. C’est le renouvellement de l’unité du Canada »

Une déclaration taillée sur mesure pour plaire aux étudiants anglophones et allophones sur lesquels compte Québec Solidaire pour remporter des circonscriptions comme Ste-Marie-St-Jacques.

Ce n’est pas la première fois qu’Amir dilue son appui à l’indépendance du Québec avec une bonne pinte de fédéralisme renouvelé. Lors de la dernière campagne électorale, il avait déclaré, sur les ondes d’une radio multiethnique de Montréal, que la position du QS était « l’indépendance si nécessaire, mais pas nécessairement l’indépendance ».

C’est le vieux discours de politiciens fédéraux qui parlent des deux côtés de la bouche en fonction du public à qui ils s’adressent, sauf que, dans le cas de QS, il y a deux bouches, ce qui permet de se partager les rôles. Françoise David y va de grandes professions de foi souverainistes, alors que Amir Khadir parle d’un fédéralisme renouvelé.

Mais, il n’y a pas si longtemps, Mme David était elle-même favorable à un fédéralisme renouvelé. On se souviendra de son hésitation à prendre parti pour la souveraineté lorsqu’elle dirigeait Option citoyenne, un des groupes fondateurs de QS.

À l’époque, dans une entrevue au journal Internet La tribu du verbe, elle se définissait comme « une souverainiste par défaut » et ajoutait : « Ce que je veux dire par là, c’est que si le Canada anglais me faisait une proposition de fédéralisme réellement asymétrique donnant au Québec les moyens politiques, fiscaux, économiques et culturels de ses choix, j’accepterais. »

Aujourd’hui, QS affirme être favorable à un référendum, mais le problème est que ce référendum ne porterait pas obligatoirement sur l’indépendance du Québec. Il pourrait tout aussi bien porter sur une adhésion au Canada.

En effet, le plan de match de QS est le suivant. Après l’élection d’un gouvernement QS, celui-ci mettrait en place une constituante dont on a « bon espoir » qu’elle déboucherait sur l’indépendance du Québec, mais en laissant la porte ouverte à une proposition d’adhésion à la Constitution 1867-1982.

D’ailleurs, dans le document « Sortir du pétrole d’ici 2030 » de QS, il est écrit, dans le chapitre sur le deuxième plan quinquennal (2020-2025), que les revenus d’Hydro-Québec seront en hausse, mais « bien sûr, il faut ajuster ce montant aux réductions conséquentes de péréquation, tant que le Québec n’est pas pleinement indépendant. »

Donc, au milieu d’un deuxième mandat de QS, le Québec ne serait toujours pas indépendant!