Une idée fausse : On vit bien sur le BS

2014/05/08 | Par ATD Quart Monde

« On vit bien sur le BS », « Les pauvres ne veulent pas travailler », « Quand on veut, on peut, »…les personnes en situation de pauvreté font face quotidiennement à des préjugés qui blessent et qui excluent.

Au-delà des difficultés matérielles, le jugement des autres constitue une violence qui porte atteinte à la dignité d'hommes et de femmes survivant déjà dans des conditions difficiles.

Pour cette 41ème semaine de la dignité des personnes assistées sociales du Québec, la question se pose : peut-on réellement affirmer qu' « on vit bien sur le BS »?

Le Centre d'Étude sur l'Exclusion et la Pauvreté rappelle qu'il faut 1437$/mois pour couvrir les besoins de base d'une personne seule vivant à Montréal. Pourtant, les montants d'aide sociale, auxquels s'ajoutent les crédits TPS et de solidarité, ne s'élèvent qu'à 704$, soit moins que la moitié de ce montant nécessaire pour couvrir le minimum. Avec ces revenus, les personnes sur l'aide sociale sont obligées de couper dans des besoins essentiels : s'alimenter, se vêtir, se soigner,...


Et la situation s'empire : Statistiques Canada rappelle que ce montant n'a cessé de baisser dans les dix dernières années. En 2000, une personne seule sur l'aide sociale parvenait à couvrir 60% de ses besoins de base, alors qu'aujourd'hui, elle n'en couvre pas même la moitié.

Survivre à l'aide sociale, ce n'est pas seulement être dans le rouge dès le milieu du mois, c'est aussi voir sans cesse ses droits niés. Les discriminations pour raison sociale, pourtant condamnées par la Charte québécoise des droits et libertés, font obstacle à trouver un logement, un emploi, avoir accès aux soins de santé, etc.

C'est sans compter les contrôles répétés qui s'apparentent d'avantage à du harcèlement : interrogatoires, intrusions dans la vie privée, enquêtes auprès des voisins,…

On arrive difficilement à mesurer le poids que ce stress peut avoir sur des conditions de vie déjà difficiles des personnes en situation de pauvreté. On peut par contre comparer la différence d'espérance de vie entre les résidents des quartiers riches et des quartiers pauvres de Montréal : d'après la Direction de la Santé Publique, on vit en moyenne 11 années de plus à Ville Saint Laurent qu'à Hochelaga.

Croire qu'on vit bien sur le BS, c'est une idée fausse.

Une idée fausse qui s'ajoute aux violences dont sont victimes les plus pauvres et à laquelle il faut mettre fin.

Depuis 40 ans, les membres du mouvement ATD Quart Monde cherchent avec les personnes victimes de ces idées fausses sur la pauvreté à donner l'heure juste sur la réalité de la pauvreté au Québec et à combattre ces préjugés.

Dans le cadre de la semaine de la dignité des personnes assistées sociales du Québec, les membres de ce mouvement pour l'éradication de la pauvreté, se joindront vendredi 9 mai à une action de sensibilisation dans les rues de Montréal. De 15h30 à 17h30, devant le métro Côte Ste Catherine, ils iront à la rencontre des montréalais pour les outiller, à l'aide de fiches-argumentaires, face à l'idée fausse « On vit bien sur le BS » et les inviter à combattre autour d'eux les préjugés envers les personnes en situation de pauvreté.

Pour découvrir la campagne ''En finir avec les idées fausses sur la pauvreté'' : www.atdquartmonde.ca/ideesfausses