« Fast food » : mobilisation internationale en soutien au mouvement américain

2014/05/16 | Par Maude Messier

Ce jeudi, le mouvement de revendication des travailleurs des chaînes de restauration rapide aux États-Unis a pris un nouvel élan, s’étendant au-delà des frontières américaines.

En plus des grèves d’un jour prévues simultanément dans quelque 150 villes des États-Unis, les organisateurs soutiennent que des actions d’appuis et de solidarité étaient prévues dans une trentaine de pays.

Depuis deux ans, le mouvement initié à New York, Fast Food Forward, prend de l’ampleur et essaime dans plusieurs grandes villes américaines, faisant la démonstration d’une forme novatrice d’organisation des travailleurs alors que de nombreuses tentatives de syndicalisation se sont soldées par des échecs, comme en témoigne l’absence d’organisation syndicale dans cette industrie.

Ils réclament un salaire minimum de 15$ de l’heure ainsi que le droit de se syndiquer et de négocier collectivement leurs conditions de travail.

Le salaire minimum fédéral aux États-Unis est de 7,25 $ de l’heure. Les employés des « fast food » gagnent en moyenne un salaire horaire de 8,25 $. Considérant que les horaires sont généralement de 24 heures par semaine, ils gagnent donc moins 12 000 $ par année, soit un revenu sous le seuil de pauvreté.

Loin du mythe selon lequel les employés des «fast food» sont des étudiants qui travaillent à temps partiel, ils représentent, pour la majorité d’entre eux, le salaire familial principal.

La moitié des travailleurs doivent toutefois recourir aux programmes d’assistance publique pour subvenir aux besoins de leur famille. En comparatif, Donald Thompson, le PDG de Mcdonald's, a empoché un revenu de 8,75 millions de $ en 2012. 

Une rencontre de l’International Union of Food, Agricultural, Hotel, Restaurant, Catering, Tobacco and Allied Workers’ Associations, qui représente 12 millions de travailleurs dans 126 pays, a réuni des dirigeants syndicaux d’organisations en provenance de plus de vingt pays il y a une semaine à New York, selon ce que rapporte le New York Times.

Des travailleurs de ces mêmes chaînes de restauration en Europe, en Asie et en Amérique latine notamment, endossent la cause des travailleurs américains à la fois en guise de solidarité, mais aussi pour leur propre cause.

« Les travailleurs des «fast food» dans plusieurs régions du monde font face aux mêmes politiques d’entreprises: bas salaires, aucune garantie d’heures et pas d’avantages sociaux », d’indiquer la présidente de l’Union internationale des employés de service, Mary Kay Henry.

Autrement dit, à une problématique économique qui n’a pas de frontières, les travailleurs entendent opposer un mouvement de protestation international et organisé.

Les compagnies de restauration rapide s’opposent généralement au salaire de 15 $ de l’heure, alléguant que ces baisses de profits se traduiraient en une diminution de la création d’emplois et en une hausse des prix.

Pour les organisateurs de Fast Food Forward, la clef est de bâtir un mouvement qui implique et engage les travailleurs, dans leur milieu de travail et dans leur communauté. C’est d’ailleurs l’une des particularités de cette campagne : bien ancré dans la communauté, le mouvement est chapeauté par des groupes communautaires et sociaux, auquel l’Union internationale des employés de service, une importante organisation syndicale, apporte un soutien essentiel.

Pendant longtemps, les syndicats ont évité l’industrie du «fast food» en raison des trop bas salaires, du taux de roulement élevé et, conséquemment, de la difficulté à organiser les employés.

Pourtant, les emplois offrant de bas salaires occupent une part grandissante de l’économie américaine. Au cours de la prochaine décennie, cette catégorie d’emplois représentera sept emplois sur dix, estime le Bureau of Labor Statistics.

Fast Food Forward n’est pas une campagne traditionnelle, en ce sens où elle ne vise pas un employeur en particulier mais l’ensemble du secteur économique de la restauration rapide à New York, de façon à hausser les standards des conditions de travail pour tous. Toutes les initiatives locales dans les différentes villes (Fight for 15 à Chicago, 15 Now à Seattle) ont les mêmes revendications.

Plutôt que d’attendre que la majorité des employés soient prêts à prendre le risque d’aller en grève, les organisateurs privilégient de courts débrayages avec une minorité, dans l’espoir d’inspirer leurs confrères à joindre le mouvement et à descendre dans la rue la prochaine fois.

En novembre 2012, 200 travailleurs débrayaient pour une journée dans une soixantaine de restaurants à New York. Depuis, des milliers d’entre eux se sont joints au mouvement, multipliant les grèves d’un jour dans une soixantaine de villes américaines en décembre dernier, attirant ainsi l’attention médiatique, dans un contexte où les inégalités sociales et économiques s’accentue aux États-Unis comme ailleurs.

Pour un survol des activités de ce jeudi à travers le monde: #fastfoodglobal