Le SPQ Libre salue en Robert Burns un modèle

2014/05/22 | Par Marc Laviolette et Pierre Dubuc

Élu en 1970 dans la circonscription ouvrière de Maisonneuve avec la plus forte majorité des sept élus péquistes (4 605 voix), l’avocat syndical Robert Burns, issu de la CSN, était le représentant le plus illustre des « syndicalistes et progressistes » de son époque au sein du Parti Québécois.

Sa défense des intérêts du monde ouvrier et syndical l’a amené à des affrontements épiques avec son chef René Lévesque. Le plus célèbre a eu lieu lors de la grève du journal La Presse en 1972.

Rappelons les faits. Quelques heures avant une manifestation monstre, l’exécutif du Parti Québécois, réuni pour décider de sa participation, était divisé à égalité des voix.

Appelé à trancher, le président Pierre Marois se rallie à Lévesque, opposé à la participation du PQ. Robert Burns quitte la pièce en claquant la porte si fort que la vitre se fracasse. Il sera le seul à se joindre à la marche.

Dans une entrevue à Québec-Presse, il se demande « si le Parti Québécois n’est pas simplement une aile un peu plus avancée du Parti libéral » et Lévesque lui rétorque qu’il « est libre de partir ». Burns prend la sage décision de rester.

Les relations entre les deux demeurèrent tumultueuses. Après l’élection de 1973, Lévesque choisit Jacques-Yvan Morin comme chef de l’opposition officielle, alors que Burns avait fait ses preuves depuis 1970 comme un extraordinaire leader parlementaire. Lévesque craignait un virage radical du parti en nommant Burns.

Plus tard, Burns remettra en question le leadership de René Lévesque avec Claude Charron et Robert Bisaillon, lors de la célèbre réunion à l’auberge Handfield, mais la crise fut évitée par le déclenchement de l’élection du 15 novembre 1976.

Au pouvoir, René Lévesque ne peut écarter Burns du cabinet. Il crée à son intention le ministère de la Réforme parlementaire avec le dossier de la démocratisation de la vie politique, considéré comme primordial par le chef du PQ. Le projet de loi sur le financement des partis politiques aurait été la Loi 1 du nouveau gouvernement n’eût été le blocus procédurier de l’opposition.

Pour sa réforme, Burns s’est inspiré de l’expérience californienne, mais en la poussant plus loin en excluant les contributions des compagnies, des syndicats et autres grandes organisations, en réservant le financement aux seuls électeurs.

Avec la Commission Charbonneau, on voit comment cette loi a été contournée, illégalement, mais elle demeure un modèle, surtout quand on la compare à la situation américaine où les entreprises peuvent acheter littéralement les hommes politiques, avec le consentement de la Cour suprême.

Figure de proue de l’aile progressiste, Burns a appuyé toutes les législations progressistes du gouvernement. Il a été, entre autres, un allié inconditionnel de Lise Payette dans la bataille pour l’adoption de la loi créant l’assurance-automobile, qui avait été une revendication syndicale majeure.

Auteur du livre blanc sur le référendum, il proposait – on l’a oublié – un référendum d’initiative populaire! Une idée qui plaisait à René Lévesque, mais qui fut mise de côté parce que certains ministres craignaient son utilisation par les fédéralistes.

Une crise cardiaque viendra mettre fin à sa carrière politique. Mais, avant de quitter son poste de député, pour siéger au Tribunal du travail, il avait vu à l’établissement d’une liste électorale permanente, amorcé la refonte de la carte électorale en la confiant à une commission indépendante, et s’était attaqué à la réforme du mode de scrutin, avec la production d’un livre vert sur le régime proportionnel intitulé « Un citoyen, un vote ».

Pour tous les syndicalistes et les progressistes de son époque, Robert Burns incarnait « le préjugé favorable aux travailleurs » du Parti Québécois. Son héritage devrait aujourd’hui être revendiqué avec fierté par l’ensemble du parti.

Note : Les informations de ce texte sont tirées de la biographie de René Lévesque par Pierre Godin.