Djihad juridique : Je ne me tairai pas !

2014/06/03 | Par Louise Mailloux

Je suis très heureuse d’être parmi vous ce soir pour assister à cette soirée-bénéfice en soutien au journal les Immigrants de la Capitale qui fait face à une poursuite en diffamation de 150 000 $ de la part d’un couple de musulmans.

Cette poursuite est la première en date d’une série d’autres attaques judiciaires ciblant d’honnêtes citoyens exerçant leur liberté de parole. En 2012, il y a eu celle intentée contre l’écrivaine et militante Djemila Benhabib, poursuivie en diffamation par une école musulmane de Montréal, suite à une entrevue qu’elle a accordée à l’émission de Benoît Dutrizac. Djemila est poursuivie pour 100 000 $. La plus récente est la poursuite en libelle diffamatoire intentée par Dalila Awada contre Philippe Magnan du site Poste de veille, la société des amis de Vigile et moi-même au montant de 120 000 $. Et nous apprenions lundi que même le gouvernement fédéral est poursuivi en diffamation par le Conseil national des musulmans canadiens pour le montant de 100 000 $.

Je pense qu’à ce stade, on peut parler de djihad juridique et parce que les accusations de racisme, de xénophobie et d’islamophobie à notre égard ne suffisent plus, certains choisissent de recourir aux tribunaux pour nous intimider, nous bâillonner, terroriser tous ceux qui prennent ou qui souhaiteraient prendre la parole sur des questions de laïcité et d’intégrisme religieux. Nous ne nous tairons pas!

Depuis l’annonce de cette poursuite, mon silence a pu être interprété par certains comme une acceptation de ces accusations. Il n’en est rien. Je récuse ces accusations. Je n’ai tenu aucun propos de caractère diffamatoire à l’égard de Dalila Awada. Ses allégations sont fausses, tendancieuses et mensongères et sa requête est sans fondement.

Participer au débat public, au choc des opinions et des idées ne s’apparente en rien à de la diffamation. C’est bien plutôt le signe d’une société libre et démocratique, respectueuse de la diversité des opinions, une société où la liberté d’expression est ce droit fondamental qui permet la critique des religions et la divulgation des courants intégristes et ses ramifications.

Par cette poursuite abusive, inappropriée, injuste et déraisonnable à mon égard, Dalila Awada a transporté le débat politique sur le terrain juridique dans le but exprès de me bâillonner et de me faire taire. Je ne me tairai pas!

Instrumentaliser les tribunaux comme elle le fait pour judiciariser le débat public et museler des citoyens qui défendent la laïcité est tout simplement odieux. Le Québec est une démocratie, pas une dictature et il n’est pas question d’y limiter la liberté d’expression qui est au coeur de notre culture et de nos institutions.

Dans une société démocratique, on ne peut tenter directement ou indirectement d’empêcher toute expression libre qui s’inscrit dans le cadre de la loi. Dans une société dite libre et démocratique, il est interdit d’utiliser le système judiciaire pour réduire au silence ses adversaires politiques.

Nous allons donc, mon avocat et moi, répliquer par tous les moyens jugés appropriés en justice et nous allons poursuivre Dalila Awada pour atteinte à mes droits fondamentaux.

On ne porte pas atteinte à la dignité et à la réputation d’une personne impunément. Dalila Awada m’a amené à tort devant les tribunaux, elle devra répondre de ses actes et en assumer les graves conséquences qui découlent d’un abus de justice.

Vous aurez compris que cette cause dépasse largement ma personne tout comme celle de l’éditeur des Immigrants de la Capitale, Mihai Claudiu Cristea, celle de Djemila Benhabib, de Philippe Magnan et des amis de Vigile. Cette cause est celle de tous les Québécois parce qu’elle concerne le respect inaliénable de la liberté d’expression sans laquelle le terrorisme intellectuel s’installe.

Cette cause est aussi la vôtre parce qu’elle engage l’avenir et les fondements même de notre démocratie. Cet avenir qui se joue maintenant au Québec, c’est l’avenir de la liberté de presse, celle des citoyens participant au débat public sur des questions d’intérêt public comme celles de laïcité, de religion et d’intégrisme. Cet avenir, aujourd’hui devant vous, je m’engage à le défendre et à le préserver.

Mais pour gagner ce combat, nous avons besoin de vous, de votre appui moral mais aussi de votre soutien financier. N’oubliez pas qu’un des aspects importants de ce genre de poursuite est de vouloir nous épuiser financièrement. Et comme l’argent ne pousse pas dans les arbres, je compte sur votre générosité.

Le 4 juin prochain aura lieu notre première comparution en cour au Palais de justice de Montréal. Elle sera suivie d’une conférence de presse dont le but est de faire connaître à la population les enjeux de cette poursuite et la façon dont mon avocat et moi entendons y répliquer. Nous annoncerons en même temps la création d’un fonds de soutien à ma cause. Le lendemain 5 juin s’ouvrira à Québec le procès concernant le journal Les Immigrants de la Capitale. C’est le début du Festival des poursuites!

Ces batailles juridiques sont d’une importance politique décisive en ce qu’elles vont tracer la voie de l’avenir; soit de protéger la liberté d’expression ou soit d’empêcher toute critique de l’islam et de l’islamisme. Voilà l’enjeu véritable qui se cache derrière ces attaques vicieuses.

Nous devons mobiliser toutes nos énergies, nos compétences et nos ressources, se solidariser, s’organiser et travailler ensemble. Et c’est ensemble que nous gagnerons!

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