Le régime de Kiev en Ukraine n’est pas « officiellement » néonazi

2014/06/10 | Par Michel Chossudovsky

Il y a des « ultraconservateurs » au sein du gouvernement de Kiev, mais « il n’y a pas de néonazis ». Affirmer le contraire, selon les médias occidentaux, fait partie d’une « offensive de propagande continue, menée par le Kremlin, en ayant recours à des termes et des images de la Seconde Guerre mondiale ».

Les médias alternatifs ont cependant reconnu que le régime de Kiev est « une vague coalition de centre-droite » qui comprend deux partis néonazis, Svoboda et Secteur droit (Pravyï Sektor). « Mais ce n’est pas un gouvernement néonazi », nous assure-t-on, bien que ces deux partis affichent des emblèmes nazis.

Si un gouvernement devait afficher officiellement des emblèmes nazis, cela ne suggérerait-il pas qu’il est engagé dans l’idéologie nazie?

Si le régime de Kiev affiche « officiellement » des emblèmes nazis pour identifier les entités de son appareil de sécurité nationale et militaire, on peut normalement supposer qu’il s’agit d’un gouvernement néonazi.

On peut voir ci-contre l’emblème nazi de la Garde nationale, présentée comme étant la Réserve des Forces armées ukrainiennes. Elle opère sous la juridiction du ministère des Affaires intérieures. La Garde nationale fait partie de ce que l’on appelle les « Troupes intérieures de l’Ukraine ». Son emblème est un svastika stylisé.


Imaginez ce qui se passerait si la Garde nationale des États-Unis ou la Gendarmerie royale du Canada portait des symboles ressemblant à la croix gammée.

Il est important de noter que la Garde nationale de l’Ukraine est directement financée par l’administration Obama, dans le but de protéger la démocratie à l’américaine en Ukraine.

Le public étasunien ignore que le gouvernement des États-Unis appuie financièrement, arme et entraîne une entité néonazie.

Personne ne le sait aux États-Unis, car l’utilisation des mots « néonazi » et « fasciste » en ce qui concerne l’Ukraine est taboue. Ces termes ont été exclus du lexique du journalisme d’enquête. Dans les médias, ils ont été remplacés par « ultraconservateur », « extrême-droite » et « nationaliste ».

Une autre entité faisant partie de la Garde nationale ukrainienne est le Bataillon d’Azov. Ce dernier, qui porte l’emblème nazi des SS (voir ci-contre), est décrit par le régime de Kiev comme « un bataillon de volontaires pour la défense territoriale ».

Il s’agit d’un bataillon de la Garde nationale, sous la juridiction du ministère des Affaires intérieures. Basé officiellement à Berdyank dans la mer d’Azov, il a été formé par le régime pour combattre l’insurrection de l’opposition dans l’est et le sud de l’Ukraine. Il est également financé par l’administration étasunienne.




Ces milices portant l’emblème nazi des SS sont parrainées par le ministère ukrainien des Affaires intérieures, ce qui équivaut au Département de la Sécurité intérieure des États-Unis (Homeland Security).

Ils sont simplement qualifiés de « combattants de la liberté ». C’est pour une bonne cause : « La démocratie est l’objectif ultime ».

Selon le New York Times, « Les États-Unis et l’Union européenne ont épousé la révolution en Ukraine, présentée comme un autre épanouissement de la démocratie, et un coup porté à l’autoritarisme et à la kleptocratie dans l’ancien espace soviétique ». (NYTimes.com, 1er mars 2014).

Il va sans dire que l’« appui » à la formation en Ukraine d’un gouvernement avec des « penchants néonazis » ne signifie aucunement que des « tendances fascistes » se développent au sein de la Maison-Blanche, du département d’État, et du Congrès. Il faudrait avoir l’esprit tordu pour le croire.