Brèves syndicales

2014/06/13 | Par Maude Messier

Projet de loi 3 sur les retraites : «excessif» et «complètement biaisé», selon la Coalition syndicale du secteur municipal

Québec — La Coalition syndicale pour la libre négociation, qui regroupe plus de 65 000 cols blancs, cols bleus, pompiers, policiers, professionnels et employés de sociétés de transport, soit la quasi-totalité des employés municipaux syndiqués du Québec, a réagi avec colère au dépôt duprojet de loi 3 sur les régimes de retraite du secteur municipal ce jeudi.

Le regroupement dénonce que le projet de loi bafoue complètement le principe de la libre négociation «de multiples façons» et s’en prend aux retraités.

Le porte-parole de la Coalition, Marc Ranger, a fait valoir que leurs pires craintes se sont avérées : partage 50-50 des déficits passés avec contribution des retraités qui devront renoncer à l’indexation de leur rente, rétroactivité des modifications, partage 50-50 des coûts courants et des déficits futurs, plafonnement des cotisations des employeurs à 18% de la masse salariale, interdiction de l’indexation automatique des prestations et restructuration forcée de régimes en bonne santé.

Le projet de loi pre´voit une pe´riode de ne´gociation d’un an, au cours de laquelle les parties peuvent recourir a` la conciliation. En cas d’e´chec des ne´gociations, le ministre nomme un arbitre au dossier, lequel aura six mois pour trancher. Le projet de loi e´nume`re aussi diffe´rents facteurs que l’arbitre doit prendre en conside´ration pour rendre sa de´cision.

« Nous avons devant nous un projet de loi excessif et complètement biaisé. C’est le pire scénario de loi-bulldozer, de mur à mur et de cadre rigide. Il ne reflète aucunement les discussions que nous avons eues avec le ministre Moreau », déplore Marc Ranger, qui y voit une incitation à la confrontation.

La Coalition a fait savoir qu’elle redoublera d’ardeur d’ici la fin de l’année 2014 pour mobiliser les employés municipaux et s’opposer au projet de loi.

«Nous sommes loin d’avoir dit notre dernier mot. Nos membres refusent d’être traités comme des boucs émissaires par des politiciens alarmistes qui bénéficient de régimes de retraite extraordinairement plus avantageux que les leurs», a conclu Marc Ranger.


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La Guilde des musiciens se désaffilie de l'American Federation of Musicians

Montréal – Les membres de la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec (GMMQ) se sont prononcés à 53,3% en faveur de la désaffiliation de l'American Federation of Musicians (AFM) lors du référendum qui s’est tenu du 2 au 8 juin dernier.

2028 sur 2906 membres en règle se sont exprimés au moment du vote. La « plus vaste consultation depuis la fondation de l'association professionnelle il y a plus de 100 ans » et une mobilisation sans précédant selon la Guilde et ce, malgré une « véritable campagne de peur » auprès des musiciens québécois depuis l’annonce de la tenue du référendum.

« Nous sommes très heureux des résultats du référendum qui nous confirment qu'une majorité des musiciens du Québec ne croient plus au modèle d'affiliation actuel à la fédération américaine et souhaitent une association professionnelle québécoise autonome, plus forte, et capable de les représenter et de négocier pleinement leurs conditions de travail adaptées à la réalité québécoise », souligne Luc Fortin, guitariste et président de la GMMQ.

  • Affiliée à l’American Federation of Musicians (AFM) en tant que local 406 depuis 1897, la Guilde tente en vain depuis 2008 de négocier des conditions d’affiliation à l’AFM qui tiendrait compte de ses réalités particulières.

  • À titre d’exemple, malgré les demandes répétées de la Guilde pour obtenir la traduction des ententes AFM, la plupart des documents sont disponibles en anglais seulement. Pourtant au Québec, la Loi 101 interdit la diffusion d’un document en anglais s’il n’est pas disponible également en français. Sans compter que le personnel de l’AFM du bureau de Toronto ne répond qu’en anglais, selon la Guilde.

  • Le Québec a aussi un encadrement juridique unique (Loi sur le statut de l’artiste) qui fait de la Guilde, et non l’AFM, l’agent négociateur exclusif pour les conditions de travail des musiciens québécois. La Guilde revendique aussi des besoins spécifiques pour le lobbying, alors que le

lobbyiste de l’AFM est basé à Washington et qu’il n’y a pas de lobbyiste pour le Canada.

« Maintenant qu'une majorité de nos membres se sont prononcés en faveur de la désaffiliation, l'AFM se doit d'être respectueuse de notre liberté fondamentale d'association », conclut Luc Fortin, ajoutant que le conseil d'administration de la Guilde doit entreprendre des discussions avec l'AFM pour la suite des choses.


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Riposte syndicale chez ArcelorMittal à Contrecoeur 

Contrecoeur – Les 300 travailleurs de l’usine ouest de Contrecoeur, membres de la section locale 6951 du Syndicat des Métallos, se sont prononcés à 95%, ce mercredi, en faveur d’un mandat de grève à exercer au moment jugé opportun.

« Si ArcelorMittal s’entête à exiger un régime de retraite à deux vitesses moins avantageux pour les plus jeunes, elle va frapper un mur », pouvait-on lire dans un communiqué émis jeudi par le Syndicat des Métallos.

La convention collective arrivera à échéance le 31 juillet prochain, moment à compter duquel les travailleurs auront le droit de grève, et la compagnie, celui de lockout.

La volonté de l’employeur d’imposer aux nouveaux employés un régime de retraite à cotisations déterminées, moins avantageux que celui à prestations déterminées déjà en place pour les employés actuels, est au cœur du litige.

« Pourtant, la caisse de retraite est très bien capitalisée et s’achemine même vers des surplus. Leur attaque à notre régime de retraite relève de la fixation idéologique! », d’indiquer le représentant syndical Guy Gaudette.

Pour plus de détails sur les enjeux de cette négociation: ici.


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Vers une grève au Delta Saguenay

Saguenay — Les employés de l'hôtel Delta Saguenay ont rejeté les offres de l'employeur et voté en faveur d’un mandat de grève à 98% en assemblée générale le 11 juin dernier.

Après cinq mois de négociation, les travailleurs ont entamé des moyens de pression dès jeudi midi, alors qu’une quarantaine de syndiqués ont pris part à une manifestation devant l’hôtel. La centaine d’employés de l’établissement sont syndiqués avec l'Union des employés et employées de Service, section locale 800 (UES 800) et affiliés à la FTQ.

C’est l'aspect monétaire qui est au cœur du litige. Le syndicat soutient que les salariés du Delta Saguenay accusent un retard sur les clauses d'ordre monétaire de 40 % à 45% comparativement aux salariés des hôtels Delta Trois-Rivières et Delta Sherbrooke. Le syndicat reconnaît toutefois que ce rattrapage ne peut s’effectuer sur une seule négociation.

« C'est dommage d'en arriver là, mais quand on se fait déposer une offre aussi ridicule que 2,5% par année, dans un contexte de rattrapage, on se doit de réagir avec fermeté. Compte tenu de l'écart entre les parties, la grève est imminente », de déclarer le représentant syndical au dossier, Sébastien Boies.

L’employeur invoque quant à lui un contexte économique difficile qui ne lui permet pas d’octroyer des hausses salariales « faramineuses ».

À l’UES-800, on souligne pourtant que le Delta Saguenay a récemment reçu deux prix de distinction par la chaîne Delta, soit celui du meilleur service à la clientèle et du meilleur hôtel franchisé de la chaîne.

« L'employeur devra reconnaître que les employés syndiqués ont grandement contribué à l'obtention de ces prix méritent un meilleur traitement. »


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Usine de silicium subventionnée par le gouvernement : les travailleurs de Silicium Québec s’inquiètent

Québec – Les travailleurs syndiqués de l’Usine Silicium Québec de Bécancour, membres de la section locale 184 d'Unifor, ont manifesté ce mercredi sur la colline Parlementaire.

Ils s’inquiètent du fait que le gouvernement du Québec s'apprêterait à aider la compagnie FerroAltantica pour l'implantation d'une usine de silicium au Québec.

« Nous n'avons rien contre les projets créateurs d'emplois, mais quand ce même projet risque aussi d'entraîner des pertes ailleurs, on ne suit plus », a commenté Michel Ouimet, directeur québécois d'Unifor.

Selon les informations qui circulent, le projet bénéficierait d'une entente avec le gouvernement garantissant des tarifs d'électricité à prix réduit, de congés de taxes pour une période de 10 ans et d'un prêt important via Investissement Québec.

Le syndicat indique que le marché canadien de silicium est déjà entièrement comblé par la production de l'usine de Bécancour qui est la seule au Canada. « Le fait que le gouvernement consente des avantages indus à un compétiteur de Silicium Québec, mettant ainsi les emplois en danger, n'a pas de bon sens », d’expliquer Joseph Gargiso, directeur adjoint d'Unifor, qui compare d’ailleurs ce projet à celui de la cimenterie de Port-Daniel.

Unifor représente les 130 travailleurs de l'usine de Silicium Québec qui, se rapellera-t-on, se remettent à peine d’un lock-out qui a duré sept mois.

Le syndicat s'est adressé au ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations, Jacques Daoust, afin de le rencontrer pour discuter du dossier.