Anglais intensif obligatoire au primaire

2014/08/29 | Par Frédéric Lacroix

Le 27 août, le Conseil supérieur de l’éducation publiait, à la demande expresse du Ministre, un avis très fouillé portant sur l’anglais intensif au primaire. Saluons d’abord ce travail qui aborde franchement la question des relations entre la langue et l’identité dans son premier chapitre, chose qui, à ma connaissance, n’avait jamais été osée dans ce contexte par un organisme relevant du gouvernement.

Notons ensuite que dès le lendemain, le Ministre expédiait ce document de 106 pages rédigés par des spécialistes en éducation dans la filière 13 et affirmait que l’anglais intensif serait obligatoire (contredisant la principale recommandation de l’avis) à moins que l’école ne fasse la démonstration directement au Ministre de l’impossibilité d’implanter le programme. On sait qu’Yves Bolduc est un bourreau de travail. Cela tombe bien : comme il y a 1741 écoles primaires au Québec, il devra donc éplucher les demandes d’exemption des écoles : qui offrent des programmes particuliers (sports-études, sport-arts), qui accueillent une majorité d’élèves allophones (deuxième recommandation de l’avis), qui offrent déjà des programmes d’anglais enrichi qui fonctionnent bien, qui estiment qu’il est plus important de se concentrer sur les compétences de base comme la lecture (qui détermine la réussite scolaire), etc. Cela fera probablement beaucoup de dossiers! Heureusement, l’attachée de presse du Ministre affirmait –songeant sans doute à la santé de son patron- qu’il n’était pas exclu de modifier la Loi sur l’instruction publique pour obliger les écoles récalcitrantes à « offrir » le programme et ainsi s’épargner la révision des demandes d’exemption.

Il y a indubitablement de l’acharnement thérapeutique de la part de ce Ministre en ce qui concerne l’anglais intensif. Malgré l’opposition des enseignants, des Commissions scolaires, de la Fédération des comités de parents, des syndicats de professeurs et d’une partie importante des parents, Yves Bolduc va de l’avant!

Peut-être n’a-t-il pas eu le temps, occupé comme il est, de lire l’avis (qui est presque du format d’un livre!) en détail. A la page 14, on affirme ceci : « celui qui n’a pas conscience du rapport de force inégal entre les langues peut prendre des décisions qui compromettent le maintien de la langue maternelle ».