Mirabel, toujours sous le dictat de Transport Canada

2014/09/10 | Par Normand Beaudet

L’auteur est membre du Comité citoyen (FBK) Aérogare de Mirabel Centre d'excellence sportive Grande surface.

Le bloggeur Benoit Voyer a récemment publié un texte intitulé « La sage décision de démolir l'Aérogare de Mirabel » dans Le Devoir.  Pour une personne qui suit le dossier cet étrange texte publié aussi par ce « bloggeur indépendant » de Sainte-Thérèse à quelques jour du CA de AdM laisse songeur.  Ce qui frappe en premier lieu c'est l'absence du moindre souci de relayer les faits avancés par de nombreux organismes de la région, et sur l'unanimité des intervenants politiques de la région qui s'opposent à la démolition.

Encore plus troublant dans ce document indépendant publié comme une opinion indépendante, c'est le relais intégral des arguments en faveur de la démolition; tout en éclipsant la totalité des arguments en défaveur.  L'auteur semble avoir des informations particulières sur  les intentions d'investissement de l'Agence, pourtant nos maires et groupes de recherche font face au mutisme complet de AdM. 

Le texte s'aventure même à suggérer aux autorités régionales comment s'occuper du site de l'Aérogare, une fois l'installation démolie.  On a véritablement l'impression de lire une contre-attaque déguisée de l'agence Aéroports de Montréal, en riposte à une couverture locale critique des hebdomadaires régionaux de la semaine dernière.

Comment peut-on sciemment omettre les faits élémentaires d'un tel dossier?  Aéroports de Montréal a détourné la vocation du site de l'Aéroport après les expropriations, mais les terres génèrent 30 millions de bénéfices par année par la location de 6 000 acres à des  entreprises aéronautiques.  Ces données expliquent le fait que Aéroports de Montréal a amplement les moyens de payer les 50 millions que coûtera probablement la démolition, et d'étaler encore les millions pour les réfections de pistes aux bénéfices des entreprises aéronautiques.  A-t-on ici définitivement cédé un actif public aux entreprises privées?

Le simple transfert aux dirigeants locaux de cette formule établie pour générer des revenus suffirait amplement pour soutenir la conversion de l'installation vers n'importe quel projet local.  Bref, les projets au bénéfice de la population (centre de foires, installation sportive ou autres) n’intéressent pas AdM.  Pourquoi ne pas souligner que Transports Canada n'a rien à faire dans la gestion d'un parc industriel régional?  Et qu'une telle décision ainsi que la gestion du site de l'Aéroport devrait être la responsabilité d'une autorité régionale?  C'est pourtant une évidence, compatible avec la vision du gouvernement actuel!

Les revenus générés par les 6 000 acres loués suffisent amplement pour assumer tous les frais  de réfection du bâtiment, de transformation pour un autre usage et d'aménagement pour en réduire les coûts d'opération.  Qu'on parle de retirer l'amiante ou de la sceller dans le bâtiment (comme on l'a fait au Palais des congrès de Montréal), de refaire les systèmes électriques, d'effectuer la mise à niveau de la plomberie, et mettre à niveau les systèmes de sécurité, d'améliorer l'efficacité énergétique du bâtiment?..... Les revenus actuels du parc industriel sur le site sont assez garantis et récurrents.  Où est le problème?  

Le gouvernement fédéral, qui reçoit les redevances annuelles et qui atteint présentement l'équilibre budgétaire, n'a qu'à prendre la décision administrative de transférer la propriété du site Mirabel.  Un transfert simple à nos élus régionaux, par exemple, la Conférence des élus des Laurentides.

Le bloggeur relait sans questionnement le geste odieux de AdM d'offrir l'installation aux autorités régionales pour 1$.  Dans un tel scénario, AdM garde la totalité des opérations rentables de l'immense site et les revenus qui y sont associés, et remet à la région son principale poste de dépense, soit une installation qu'elle a elle-même négligée d'entretenir.   Bref, on dit à la population « débrouillez-vous! »; on garde les bénéfices et on vous refile les dépenses.  Quelle arrogance!

AdM prétend n'avoir trouvé aucune offre viable pour le site.  Rectifions les faits!  AdM n'a pas réussi à trouver d'entrepreneur en mesure de démontrer la possibilité de faire de l'argent avec le bâtiment et de lui faire des chèques pour augmenter les revenus de location.  Comble de l'arrogance, au lieu de voir à quoi pourrait servir l'installation, l'agence qui rend des comptes au Fédéral s'empresse de lancer un appel d'offre pour la démolition.

Ce geste n'a laissé qu'un été aux représentants de la région pour évaluer des projets « rentables » au bénéfice de la population.  Les études sont présentement en cours, elles regardent des options de revenus autonomes et ce délais ne laissent pas le temps d'évaluer toutes les options.  Qui sont ces gens pour imposer de telles contraintes et continuer d'empocher les revenus?

Personnellement, je m'intéresse à l'angle sportif de l'utilisation de l'installation; et à la possibilité d'une première installation de patinage de vitesse longue piste dans l'Est du pays.  Plusieurs piliers du sport amateur manifeste présentement un intérêt.   Même la Ligue nationale de hockey (LNH) s'inquiétait récemment de la graduelle disparition des glaces extérieures, pépinière pour la relève du sport.  Les glaces extérieures réfrigérées qu'installe présentement la Fondation du Canadien de Montréal ne sont qu'un palliatif temporaire à cette réalité.  Avec la rapide disparition des glaces extérieures naturelles; l'avenir réside de façon croissante dans les glaces intérieures réfrigérée, et les technologies portables actuelles offrent de multiples possibilités. L'Aérogare de Mirabel pourrait s'avérer la solution idéale pour un méga-centre intérieur de patinage de vitesse, et de loisir sur glace variés et diversifiés!  Une option parfaitement compatible avec celle d'un Centre de foire international.  

Mais du côté de l'Aérogare, l'historique d'abus de la population de la région par le fédéral se poursuit.  Les terres agricoles ont été expropriées.  L'aéroport ne fut qu'une illusion. On a détourné la vocation du territoire en parc industriel.  Et maintenant on refuse à la population de bénéficier tant des revenus du site, que de son principal actif.  Combien de temps encore devront-nous subir un tel dictât?

Puis, sans aucune consultation et malgré l'écrasante unanimité des dirigeants régionaux, incluant le président de la CUM, le maire Coderre; un groupuscule de gestionnaires qui ne rendent des comptes qu'à Ottawa tente expéditivement de démolir l'installation.

Il est grand temps que l'installation nous soit retournée, ainsi que les bénéfices générés par le site.   Le site commercialement rentable de l'Aéroport et surtout son Aérogare doivent maintenant devenir un leg direct à la population qui l'a payé et au personnel qui fournit le travail aux entreprises aéronautique du site..

Une écrasante majorité des gens que je croise croient maintenant qu'il est grand temps que  « Aéroports de Montréal » fasse de l'air à Mirabel!

|Non!  A la démolition. les terres génèrent 30 millions de bénéfices par année par la location de 6 000 acres à des  entreprises aéronautiques
5287|5480|International Manchettes|Ukraine : un autre point de vue américain sur l’affrontement Russie-États-Unis|2014-09-10 08:03:04|Pierre Dubuc|

Au téléjournal de Radio-Canada, Céline Galipeau qualifiait de « provocation » le fait que des avions militaires russes aient survolé une frégate canadienne participant à des exercices militaires en Mer Noire. La vraie question est : qui provoque qui?

Un article de l’édition septembre/octobre 2014 de la revue Foreign Affairs répond à cette question en remettant à l’endroit ce qui est à l’envers.

Foreign Affairs n’est pas une publication à la solde de Moscou. C’est, au contraire, une des plus vénérables institutions traitant de la politique étrangère de la classe dirigeante américaine.

Dans un article intitulé « Why the Ukraine Crisis Is the West’s Fault », John J. Mearsheimer, professeur à l’Université de Chicago, soutient que l’origine de la crise est l’élargissement de l’OTAN, dans le cadre d’une stratégie visant à sortir l’Ukraine de l’orbite russe et de l’intégrer au camp occidental.

Il relate l’implication de l’Ouest dans les affaires intérieures de l’Ukraine depuis la Révolution Orange de 2004 jusqu’au renversement du président élu Viktor Yanukovych en février 2014. Il cite les propos de Victoria Nuland, l’assistante-secrétaire d’État américaine pour les affaires européennes et eurasiennes, qui a déclaré en décembre 2013 que les États-Unis avaient investi plus de 5 milliards de dollars pour que l’Ukraine ait « l’avenir qu’elle mérite ».

L’argent américain a transité par la National Endowment for Democracy – une société écran de la CIA – avant de se retrouver dans les coffres de plus de 60 projets de la société civile ukrainienne.


La promesse faite à Gorbatchev

Le professeur Mearsheimer rappelle que les leaders soviétiques avaient accepté, lors de la Chute de Berlin, le maintien des forces américaines et de l’OTAN en Allemagne y voyant la garantie qu’une Allemagne réunifiée serait pacifique, mais s’étaient opposé à leur expansion à l’est.

Dans un autre article de la même édition de Foreign Affairs (A Broken Promise? What the West Really Told Moscow About NATO Expansion), la professeure Mary Elise Sarotte raconte, à partir de documents maintenant déclassifiés, les tractations entre les États-Unis, l’Allemagne et Gorbatchev.

De toute évidence, les États-Unis et l’Allemagne ont laissé entendre, dans un premier temps, à Gorbatchev que les troupes de l’OTAN ne seraient pas stationnées dans l’ancien territoire de l’Allemagne de l’Est et, surtout, que l’OTAN n’avait aucune visée expansionniste vers les pays de l’Est.

Le sénateur d’État américain James Baker avait même évoqué « un statut militaire spécial pour le territoire de l’Allemagne de l’Est ». Gorbatchev se contenta de garanties verbales, dans ce qui allait s’avérer un marché de dupes.

Finalement, Gorbatchev donna son accord à ce que l’Allemagne fasse partie de l’OTAN en échange de mesures destinées à lui permettre de sauver la face, soit une période de quatre ans pour le retrait des troupes soviétiques et quelques restrictions sur la présence des troupes de l’OTAN et des armes nucléaires sur le territoire de l’ancienne Allemagne de l’Est.

Gorbatchev reçut également 12 milliards de deutsche marks pour la construction d’habitations pour les soldats soviétiques et un autre trois milliards de prêts sans intérêt.

Les États-Unis avaient atteint leur but, tel que l’avait défini Robert Gates, alors conseiller à la sécurité nationale : « Achetons le départ des Soviets et que l’Allemagne paye la facture ».

Mary Elise Sarotte rappelle qu’un jeune officier du KGB, qui servait en Allemagne de l’Est, est alors retourné à Moscou plein d’amertume quant à la façon dont « l’Union soviétique avait perdu sa position en Europe ». Son nom était Vladimir Poutine.


L’expansion de l’OTAN

Retournons à l’article de Mearsheimer. Bien entendu, les États-Unis ne respectèrent pas leur engagement. En trois rondes successives, 12 pays d’Europe de l’Est furent intégrés dans l’alliance militaire.

Puis, en avril 2008, l’OTAN a considéré la possibilité d’admettre en son sein la Géorgie et l’Ukraine. L’administration de George W. Bush y était favorable, mais la France et l’Allemagne s’y opposèrent sachant qu’une telle initiative serait perçue comme une provocation par la Russie.

Les Russes ne manquèrent pas de voir dans les « Révolutions de couleurs » (rose en Géorgie, puis orange en Ukraine) la main des États-Unis. L’invasion de la Géorgie en 2008 aurait dû dissiper, selon Mearsheimer, les derniers doutes sur la détermination de Poutine d’empêcher la Géorgie et l’Ukraine de joindre l’OTAN.

Dans l’esprit du professeur de l’Université de Chicago, il est clair que les États-Unis étaient derrière le coup d’État de décembre 2013 en Ukraine. Le sénateur républicain John McCain et Victoria Nuland ont participé aux manifestations anti-gouvernementales (tout comme d’ailleurs le ministre canadien John Baird).

Dans une conversation téléphonique interceptée et rendue publique, Mme Nuland plaidait pour un changement de régime et exprimait le désir de voir Arseniy Yatsenyuk devenir premier ministre. Ce qui fut fait.

Mearsheimer rappelle l’importance stratégique de l’Ukraine comme État-tampon pour la Russie, comme l’ont démontré historiquement les campagnes de Napoléon et d’Hitler. C’est de la Géopolitique 101. De la realpolitik.

Imaginez, écrit-il, la réaction de Washington si la Chine concluait une alliance militaire avec le Canada et le Mexique.


L’opinion de George Kennan

Mearsheimer cite le réputé diplomate américain George Kennan, le père de la politique du « containment » face à l’URSS lors de la Guerre froide, qui déclarait dans une entrevue en 1998 après l’approbation par le Sénat américain de la première ronde d’expansion de l’OTAN à l’est :

« Je pense que les Russes vont éventuellement réagir de façon négative. Je pense que c’est une erreur tragique. Aucune raison ne justifie cette politique. Personne ne menace l’autre. »

Dans cette même entrevue, Kennan prédisait que l’expansion de l’OTAN provoquerait une crise et que les promoteurs de cette expansion déclareraient après coup : « On vous avait dit que les Russes étaient comme cela ».

Mearsheimer balaie aussi du revers de la main la théorie selon laquelle Poutine serait un nouvel Adolf Hitler et que toute entente avec lui serait une répétition de la politique de l’apaisement de Munich.

Selon Mearsheimer, rien ne laissait présager, avant le 22 février, que Poutine avait des visées sur la Crimée ou sur d’autres régions de l’Ukraine. Poutine a réagi devant la possibilité que l’Ukraine adhère à l’Europe, puis à l’OTAN, avec la possibilité d’une base navale de l’OTAN en Crimée. La Russie n’a pas les moyens, précise-t-il, de conquérir et d’annexer l’ensemble de l’Ukraine.

Les sanctions occidentales n’auront, selon lui, aucun effet sur la Russie. « L’Histoire nous démontre que les pays peuvent endurer d’énormes punitions dans le but de protéger leurs intérêts stratégiques », souligne-t-il.


Faire de l’Ukraine un État-tampon

Quelle est la solution, selon Mearsheimer ? Que les États-Unis et leurs alliés abandonnent l’idée d’occidentaliser l’Ukraine et qu’ils aient plutôt pour but d’en faire un État-tampon entre l’OTAN et la Russie, comme l’était l’Autriche lors de la Guerre froide.

Bien entendu, les Ukrainiens vont proclamer leur droit à l’autodétermination. Mearsheimer leur répond que la triste vérité est que les droits abstraits sont sans grande signification lorsque la politique des Grandes Puissances est en jeu.

Mearsheimer cite l’exemple de Cuba. Est-ce que Cuba avait le droit de former une alliance militaire avec l’Union soviétique au cours de la Guerre froide? Les États-Unis croyaient certainement que non. Aujourd’hui, les Russes pensent la même chose à propos de l’adhésion de l’Ukraine à l’Ouest.

En terminant, Mearsheimer rappelle que les États-Unis ont besoin de l’aide de la Russie pour retirer leur matériel militaire d’Afghanistan par le territoire russe, de parvenir à un accord nucléaire avec l’Iran et de stabiliser la situation en Syrie.

Mais, surtout, que les États-Unis auront un jour besoin de la Russie pour contenir la Chine, alors que leur politique actuelle ne fait que rapprocher Moscou de Pékin.

Que conclure de cette leçon de realpolitik du professeur Mearsheimer dans Foreign Affairs? Qu’il y a des voix divergentes au sein de la classe dirigeante américaine à propos de la politique étrangère qui conseillent au président Obama : « Don’t do stupid stuff ».

|Quand la revue Foreign Affairs conseille au président Obama « Don’t do stupid stuff »
5288|5481|Économie Accueil_Analyses|Libre-échange Canada-Europe : une première analyse de l’accord|2014-09-10 09:52:21|Aitec et Attac|

L'Aitec et Attac ont produit l'analyse ci-jointe du texte de l'accord, incomplète car préliminaire, mais dans la perspective d'informer/d'interpeller les parlementaires français avant la date du 12 septembre, à laquelle les États membres de l'Union européenne devraient valider pour la première fois (et informellement) le texte.

Il y manque notamment l'analyse des offres d'accès au marché dans le domaine agricole.

C'est un point de vue européen/Français, bien entendu, mais tout de même fort utile.

Cliquez ici pour lire l'analyse.

 

|Traité conclu par le roi de France alors que la loi le tenait dans une heureuse impuissance de céder le Canada et les Canadiens