« On veut faire des films! »

2014/09/19 | Par ARRQ

En novembre 1974, ils ont été 5, puis 10, 20, 50 réalisateurs à dire « On veut faire des films! ». 12 jours d’occupation du Bureau de surveillance du cinéma avec la solidarité des acteurs, scénaristes et techniciens, suivis de six mois de pression pour que la Loi 1 sur le cinéma soit adoptée et l’Institut québécois du cinéma, ancêtre de la SODEC, créé. Dans les années 1980, ils ont dit : « On veut payer notre loyer! ». Et de contrat-type en ententes collectives pour le long-métrage et la télévision, ils ont fait avancer leurs conditions de travail permettant à de nouvelles générations de vivre de leur art et d’offrir au public des créations originales de qualité.

Aujourd’hui, les menaces qui pèsent sur la création télévisuelle et cinématographique québécoise sont bien réelles et rien n’est acquis. Au moment où des États comme la Californie ou New York augmentent substantiellement les crédits d’impôt affectés aux tournages, le gouvernement du Québec annonce des coupes de 20 % dans le contexte déjà précarisé par la diminution des budgets de Télé-Québec, Téléfilm Canada, l’ONF, et surtout Radio-Canada.

« Quand la ministre de la Culture elle-même nous appelle à nous battre contre les coupes annoncées, il y a de quoi s’inquiéter sur l’importance que les gouvernements fédéral et du Québec accordent à la création sur nos écrans et sur son pouvoir à défendre la télévision et le cinéma québécois autour de la table du conseil des ministres, s’inquiète le président de l’ARRQ, le réalisateur Gabriel Pelletier. Notre objectif aujourd’hui : se souvenir pour mieux se mobiliser. »

« En 1974, les Louise Latraverse, Denise Filiatrault, Monique Miller, les regrettés Luce Guilbault, Jean Duceppe, étaient aux premières loges de l’occupation. Plus que jamais, nous devons mener le combat en faveur d’une culture québécoise d’autant plus forte qu’elle est soutenue par les pouvoirs publics, une nécessité pour les francophones que nous sommes en Amérique du Nord », a déclaré Sophie Prégent, présidente de l’UDA. « Pour les techniciens, l’occupation est malheureusement encore d’actualité, c’est comme si l’originalité et la qualité de nos œuvres ne suffisaient pas à convaincre de leur pertinence, contrairement à d’autres industries que les gouvernements n’hésitent pas à appuyer, comme l’automobile ou l’aérospatiale, » a souligné Bernard Arseneau, président de l’AQTIS.

La présidente de la SARTEC, Sylvie Lussier, a tenu à souligner que « le spectaculaire essor qu’a connu la culture au Québec depuis les années 1970 n’aurait pas été possible sans l’appui des institutions publiques. Les Québécois aiment et se reconnaissent dans ce que font les créateurs d’ici. Pour que cela continue dans un marché de la taille du nôtre et puisse rayonner à l’international, il est essentiel de maintenir les crédits en culture. C’est tout simplement une question de survie! »

« L’inquiétude des musiciens est totale. Le sous-financement dans notre secteur et la très grande difficulté à faire respecter nos ententes rendent notre secteur vulnérable alors que d’autres coupes s’annoncent. Rien pour se réjouir sauf peut-être la solidarité des artistes et artisans qui, elle, ne se dément pas », a indiqué pour sa part Luc Fortin, président de la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec.


L’occupation en rappel

Pour souligner que les enjeux qui étaient au cœur de l’occupation en 1974 sont toujours d’actualité et que la culture doit continuer à être soutenue par les pouvoirs publics pour vivre et rayonner, l’ARRQ tient une Manifête, un évènement symbolique mobilisateur pour tous les artistes et artisans.



À propos de l’ARRQ

L’ARRQ regroupe plus de 700 réalisateurs et réalisatrices œuvrant principalement en langue française au Québec et s’emploie à la défense des intérêts et des droits professionnels, économiques, culturels, sociaux et moraux de ses membres. Elle a pour mandat de représenter les réalisateurs en toute occasion et dans tout dossier.